La mort de Ben Laden :Et, après ?

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Après l’annonce solennelle, par le président des U.S.A en personne en pleine nuit, de la mort d’Ossama Ben Laden ce dimanche à Abbottabad (ville située à 80 km d’Islamabad) au Pakistan, des milliers d’Américains sont spontanément sortis en liesse pour saluer l’événement, c’est-à-dire leur victoire sur « le Terrorisme International ».

L’attaque a été, selon les sources américaines, effectuée par un commando d’élites des Forces Spéciales américaines avec la collaboration et le soutien des services de sécurités pakistanais.Si cette mort se confirmait (car jusque-là nous n’avons pas de preuves tangibles) assisterons-nous à la disparition d’Al-Qaïda et la fin du « Terrorisme » ? Cela ne va-t-il galvaniser les fidèles du défunt à un désir de vengeance en multipliant les représailles sur les intérêts américains et occidentaux dans les heures et les jours qui suivent à travers le monde entier ? Nous ne tarderons certainement pas à être édifiés. En effet, pour montrer aux puissances occidentales que leur organisation est mieux structurée et que la mort d’un homme, fût-il la personnalisation d’Al-Qaïda n’entamera en rien leur lutte contre les « croisés » qui veulent dicter au reste du monde entier, en l’occurrence le monde arabo-musulman sa conduite, les pays occidentaux vont presqu’à stigmatiser l’Islam en le réduisant à une religion de terreur, rétrograde qui ne respecte pas les droits de l’homme (notamment, les droits des femmes). Comment dans ces conditions la fracture ne s’agrandirait pas entre l’occident judéo – chrétien et conquérant et l’orient arabo– musulman traité de tous les maux, frustré et occupé ces derniers temps militairement (Afghanistan, Irak, Libye …etc.) par les troupes occidentales qui ne cessent de tuer les populations locales sous le prétexte de lutter contre le Terrorisme ?

Il faut rappeler que Ben Laden, né à Riyad (Arabie Saoudite) d’un père richissime, immigré yéménite opérant dans les BTP, a connu une enfance paisible avec une scolarisation sans problème car il était détenteur d’un ingéniorat en génie civil. Mais tout change chez lui, après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques en 1979, lorsqu’il répond à l’appel Jihadiste en levant des fonds au niveau de la péninsule arabo – persique pour de la logistique et le recrutement des combattants destinés à la guérilla anti – soviétique. C’est alors qu’il fit la connaissance des services secrets américains, notamment la C.I.A, qui combattaient le communisme. A l’époque, Ben Laden, logisticien basé désormais au Pakistan, a mené plusieurs missions avec les Américains dans le conflit afghan et il s’est passé assez de connivences entre eux. En 1989, après le retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan, il retourne au pays mais en 1992, il entre en conflit avec les autorités saoudiennes qui lui retirent d’ailleurs son passeport. En 1994, déchu de sa nationalité saoudienne, il devient apatride et va alors s’installer au Soudan où il bénéficie de la protection du pouvoir en place. Mais très vite, à cause de ses positions anti-américanistes et anti- occidentales, ce pays subissant une force pression internationale lui demande de partir. C’est ainsi qu’il retourna s’installer en Afghanistan (devenant le gendre du Mollah Omar, l’énigmatique chef des Talibans, qui dirigeait ce pays). C’est de là qu’il déclare la guerre contre les « croisés ». En 1998, il est l’instigateur de deux attentats simultanés en Nairobi (Kenya) et Dar Es Salam (Tanzanie) qui ont visé les ambassades américaines en faisant de nombreux morts et blessés. Mais c’est en 2001 (11 septembre) qu’il frappa l’Amérique dans son « cœur» en détruisant les deux Tours jumelles du World Trade Center (New York) causant de milliers de mort et de blessés en détournant des avions de lignes aériennes civiles qui vont s’écraser sur des cibles. Il devient l’ennemi N°1du gouvernement américain qui mit sa tête à prix. Traqué, il se met à l’abri dans les zones tribales à la Frontière Pakistane – afghane. Il est considéré comme l’instigateur des attentats de Londres, Madrid, Bali, etc. qui ont tous lieu après le 11 septembre. Quelques jours seulement après les attentats du World Trade Center, Georges Bush et ses alliés déclarent la guerre au Terrorisme en intervenant en Afghanistan avec plus de 200.000 soldats lourdement équipés. Au lieu d’anéantir et mettre hors d’état de nuire les combattants d’Al-Qaïda et les Talibans, cette troupe ne commet que des bavures en tuant des populations par certaines en accentuant la haine de la population aux Forces d’occupation qui s’enlisent dans ce pays. C’est ainsi que les dirigeants afghans, qui sont censés être les alliés des Forces d’occupation, demandent incessamment leur départ.

En tout cas cette mort d’Ossama ben Laden n’engendrera que des représailles à travers le monde sur les intérêts américains et occidentaux et suscitera plus d’incertitudes. Pourquoi ? Parce que Ben Laden, traqué se cachait et n’était plus désormais qu’un symbole pour Al-Qaïda et les autres mouvances islamistes qui combattent pour la préservation et le respect de leurs valeurs réligio- culturelles. Al-Qaïda étant une nébuleuse, elle pourra frapper partout avec la coordination des Emirs locaux. Tous ces attentats qui ont lieu, avant et après le 11 septembre, ne sont que la résultante d’une certaine pratique arrogante des politiques étrangères occidentales à l’endroit des pays arabo -musulmans. Pour que l’insécurité cesse, que le monde devienne moins dangereuse, il faut que ceux qui ont la puissance économique et militaire fassent une autre politique en cessant d’imposer le modèle occidental au reste de monde. Sur la planète terre, il y a plusieurs peuples par conséquent plusieurs cultures et civilisations et, au-delà, plusieurs religions monothéistes et animistes ; c’est dire que chacun doit respecter l’autre dans son comportement de tous les jours.

* Par Gaoussou Madani TRAORE

Tiékoro Diakité, ancien ministre

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