Sidya Touré et son parti, l’UFR, ont bafoué l’honneur du général Sékouba Konaté, aujourd’hui accusé d’avoir manipulé les résultats du scrutin du 27 juin dernier. Une marche des femmes de l’UFR, scandant des slogans hostiles au président intérimaire, en plus d’une déclaration de l’UFR, au vitriol, ont fini d’exacerber Sékouba Konaté, déjà énervé par une multitude de contestations. En effet, pas moins de vingt partis politiques rejettent les résultats et dénoncent des fraudes et irrégularités. N’en pouvant plus, le général a préféré partir, abandonnant ainsi la Guinée à son triste sort, en train de tanguer entre les flots de l’incertitude.
Après avoir déclaré qu’il n’est pas content des accusations de manipulations du scrutin proférées par Sidiya Touré, arrivé troisième à l’issue de l’élection présidentielle, le général Sékouba Konaté a demandé au groupe de contact et à la communauté internationale de désigner un nouveau président de la République, pour conduire la transition, précisant que son départ est définitif parce qu’il n’entend pas revenir sur sa décision.
En clair, le général Sekouba Konaté a démissionné de son poste de président de la transition en Guinée Conakry. Tout est parti de la marche de protestation des femmes, militantes du candidat Sidiya Touré de l’UFR. Cette marche a été interdite par les autorités, mais les responsables de l’UFR n’ont pas voulu respecter la décision du gouvernement. Ils ont laissé leurs militantes envahir les rues de Conakry, bloquant la circulation de 8 heures du matin à 13 heures. Pendant cette marche, les manifestants ont tenu des accusations graves contre l’actuel chef d’Etat intérimaire: " Konaté, le faux tigre, se révèle être une vraie hyène. Après avoir disposé de son ami Capitaine Moussa Dadis Camara, le général veut sacrifier la Guinée en donnant le pouvoir à Alpha Condé, président du RPG, parti dont il a été longtemps fervent militant clandestin".
C’était suffisant pour mettre le Général-président dans tous ses états. C’est ainsi qu’il a déclaré qu’il n’est pas content des accusations de manipulations du scrutin proférées par Sidiya Touré arrivé troisième à l’issue du scrutin présidentiel. Il alors demandé au groupe de contact et à la communauté internationale de désigner un nouveau président de la République, hic et nunc, pour conduire la transition, en ses lieu et place, précisant que son départ est définitif parce qu’il n’entend pas revenir sur sa décision.
Un coup dur pour la Guinée, ainsi abandonnée par celui que tout le monde considérait comme une garantie sure pour conduire l’actuel processus électoral à son terme, remettant ainsi la Guinée sur le chemin de la démocratie. Dans le monde entier, on prie pour que la Guinée sorte, ragaillardie, de la première élection démocratique, libre et transparente de son histoire.
Mais il faut relever que l’UFR est partie trop loin. Non seulement, Sidiya et ses militants ont bravé l’autorité du Général Sékouba Konaté, mais ils ont aussi bafoué son honneur et sa dignité de président de la République, de général d’armée et de Guinéen patriote dont l’histoire retiendra le nom.
En effet, l’UFR de Sidya Touré s’est fendue d’un brûlot, dans lequel, le Général Sékouba Konaté, hier adulé et respecté, a été gravement malmené. Surtout qu’il est accusé d’avoir rencontré le président de la CENI, Ben Sékou Sylla, à l’hôtel Raphael de Paris 16ème pour lui dicter son choix. Selon cette déclaration, il a convoqué le président de la CENI, dans un camp militaire, pour lui parler, à quelques heures de la proclamation des résultats provisoires par la CENI. Selon Sidya Touré et ses militants, c’était " pour confirmer les instructions données, auparavant, à l’hôtel Raphael ".
Accusations de résultats falsifiés
D’après toujours la même déclaration, c’est cette manipulation des résultats du scrutin qui justifie le décalage du rendez-vous de la proclamation des résultats provisoires qui, initialement prévue pour 20 heures, n’a eu lieu qu’à 23 heures 45. Pour Sidiya Touré et compagnie, c’est cette intervention du Général Sékouba Konaté qui a changé les résultats, car même étant dans la salle de proclamation, Ben Sékou Sylla, patron de la CENI, a reçu un coup de téléphone du général, " lui rappelant qu’il doit maintenir les résultats falsifiés selon sa volonté. Et sans se rendre compte qu’il est devant le public, Ben Sékou a répondu, avec un sourire embarrassé : Oui mon général, la consigne sera respectée".
Pour l’UFR, avant la convocation de Ben Sékou Sylla par le général Sékouba Konaté, les résultats du premier tour de la présidentielle étaient comme suit : " UFDG : 33% ; UFR : 27% ; RPG : 17% ; PEDN : 9% ; NGR : 5% … ". Et en conclusion, les militants de l’UFR ont lancé cet appel : " Chers compatriotes, réveillons-nous! Les Guinéens ont trop souffert et c’est notre dernière chance de mettre fin à 52 ans de souffrances et de soumission. Alors, ne laissons pas la Guinée dans les mains de ces incompétents budgétivores, ces assassins opportunistes et égoïstes qui ont toujours obéi à un seul homme pour détruire le peuple, comme nous l’avons vécu ".
A l’heure actuelle, la situation est grave pour la Guinée. Avec la démission de Sékouba Konaté, c’est le dernier rempart démocratique qui cède, laissant la porte à l’anarchie, voire le chaos. Les militaires ont maintenant raison d’affirmer, haut et fort, que les problèmes de la Guinée ne se règlent pas avec les hommes politiques. Leur retour aux affaires est alors prévisible et on risque de vivre des moments pires que sous Dadis Camara. En un mot comme en mille, disons, sans exagérer, que la Guinée est actuellement dans l’oeil du cyclone.
Kassim TRAORE
Envoyé spécial à Conakry
La colère du Tigre après les accusations
e général Sékouba Konaté, le tigre comme l’appelle ses compagnons d’armes, a accueilli les accusations et soupçons de manipulation du scrutin avec une grande colère mêlée de frustration. Selon nos sources, quand il a eu écho de la déclaration de l’UFR, il a réuni les membres de son Cabinet et ses proches pour demander leur avis. Ensuite, il a eu une conversation téléphonique avec le Premier ministre Jean Marie Doré. Après, des amis vivant à l’extérieur du pays ont été contactés pour recueillir leurs avis. C’est après tout cela que le général quitte son bureau pour sa villa dans la banlieue de Conakry. C’est là-bas qu’il rencontre l’Etat major général des forces armées et de sécurité, tout comme quelques anciens officiers de l’armée guinéenne. Toutes ces rencontres ne parviennent pas à convaincre le tigre, malgré que personne ne soutient son idée de quitter le pouvoir.
Vers 18 heures, Sékouba Konaté retourne à la présidence. Tous les ministres sont présents, avec à leur tête le Premier ministre Jean Marie Doré, qui essaie de rassurer le général : " Vous avez notre soutien, tous les membres du gouvernement sont là, sereins et calmes. Tout ce qui a été dit fait partie de la vie d’un homme d’Etat, mais il faut avoir le dos large, accepter tous les coups. Le gouvernement vous donne l’assurance d’être avec vous ".
Dans sa réponse au Premier ministre, Sékouba Konaté se dit étonné d’entendre des mensonges sur sa personne : " Si le doute, la suspicion et les accusations continuent quant à ma neutralité vis-à-vis de cette élection présidentielle et ses acteurs, je n’hésiterais pas à m’adresser au peuple guinéen, pour lui demander de choisir un homme neutre et de confiance, pour conduire le reste du processus. ". Devant les ministres et le chef d’Etat major général de l’armée, il affirme que " pour l’histoire, il n’hésitera pas, un seul instant, à rendre le tablier, dès le départ, s’il a le sentiment de prêcher dans le désert". Sékouba Konaté a demandé aux ministres de rester soudés derrière le Premier ministre. Une conférence de presse a suivi cette rencontre du président avec les membres du gouvernement. C’est le ministre Secrétaire général de la présidence, Tibou Kamara, qui l’a animée. Selon Tibou Kamara, le président de la transition l’a chargé de dire que si ça ne va pas, il sera obligé de s’adresser aux Guinéens en leur demandant de trouver une personne neutre pour le reste du processus.
Le ministre Secrétaire général de la présidence, concernant la vague de contestations des résultats du scrutin présidentiel, reconnaît que c’est un droit quand on estime que les résultats proclamés ne reflètent pas les suffrages populaires. Mais il affirme que la contestation doit se faire dans la légalité. Puisque, ajoute-t-il, les candidats ont huit jours pour porter leurs requêtes devant la Cour suprême. En tout état de cause, Tibou Kamara a dit toute la neutralité de la présidence de la République durant tout le processus électoral. Le président de la transition avait déclaré, bien avant la consultation nationale, qu’il n’a pas de candidat à présenter ni à faire élire, rappelle Tibou Kamara. En tout cas, Sékouba Konaté a fait savoir, à qui veut l’entendre, qu’il voulait démissionner et demander aux Guinéens de choisir une personne neutre. C’est un homme en colère qui a quitté le palais présidentiel pour sa maison.
KT