La parole était à la défense, au dernier jour du procès de Lamine Diack, l’ex-président de l’IAAF, la fédération internationale d’athlétisme et ses 5 co-prévenus, poursuivis pour leur implication présumée dans un système de corruption sur fond de dopage russe. La défense de Lamine Diack a demandé la relaxe de toutes les accusations, dans une plaidoirie à deux voix.
Les procureurs l’ont rappelé en prenant la parole, ils ont appuyé leurs accusations sur de nombreux éléments matériels : notes, échange de mails, sms ou virements. Comme ces 600 000 euros versés par Papa Massata Diack en quatre ans à son père, que la défense de Lamine Diack a reconnu, mais balayé.
Néanmoins, les magistrats du parquet financier ont admis ne pas détenir la preuve maitresse, ultime et qu’il fallait regarder tous éléments du dossier, comme un puzzle, pour emporter la conviction. Or, s’ils se sont montrés convaincus pour certaines accusations, ils ont aussi laissé entrebâillée la porte au doute, avec cette étonnante concession : dans un dossier aussi complexe, « on peut ne pas avoir tout compris », « on peut se tromper » a déclaré l’un d’eux.
Du côté de la défense, maître Ndiaye a d’abord tenté de démonter les 5 chefs d’accusation de corruption, blanchiment et abus de confiance… avec en préambule, une admission à minima : Lamine Diack a bien choisi de retarder les sanctions contre des athlètes russes soupçonnés de dopage, le temps de finaliser les contrats avec les sponsors russes.
Une erreur, une mauvaise décision, a admis son avocat, mais prise par un président obligé de choisir entre l’éthique et la santé financière de la fédération, et qui n’avait qu’un objectif : la survie de l’IAAF. Si la morale a été malmenée, pour autant, il n’y a pas eu pacte de corruption, selon Me Ndiaye, notamment faute de contrepartie
e« Ne cédez pas à la houle du judiciairement correct »
Le financement russe des campagnes sénégalaises de 2012 ? Lamine Diack est revenu sur ses propos et il n’y a pas de preuves, a souligné l’avocat. Pour chacune des accusations, il a ainsi soutenu que Lamine Diack n’était pas au courant, pas impliqué ou en tous cas que le parquet n’avait pu l’établir avec certitude.
Puis Maître Bourdon, le verbe haut, a fustigé les procureurs pour avoir requis 4 ans de prison. « Une peine lourde et disproportionnée » qui ne pourrait être autre chose qu’un « accélérateur de mort » pour un homme de 87 ans, a-t-il dénoncé.
Il a pressé le tribunal de ne pas faire de son client un bouc émissaire pour compenser des décennies d’impunité dans le sport, « ne cédez pas à la houle du judiciairement correct », a-t-il lancé. Estimant Lamine Diack déjà lourdement puni par son maintien en France depuis 2015, l’avocat a prié le tribunal, s’il venait à condamner, « de ne pas rendre une décision qui l’empêche de mourir dans la dignité, dans les bras des siens, sur sa terre natale ».
RFI