La décision du conseil d'Etat français le 26 juillet dernier, de rayer certains pays d'origine sûre dont le Mali, de sa liste initiale, suscite aujourd'hui de controverse

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La décision du conseil d’Etat français le 26 juillet dernier, de rayer  certains pays " d’origine sûre " dont le Mali, de sa liste initiale, suscite aujourd’hui de controverse. Si la mesure vise à favoriser les demandeurs d’asile parmi les opprimés et  les refugiés, elle constitue la porte ouverte aux LGBT, entendez les " Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels", très souvent objets de rejet systématique dans les sociétés africaines. 

Le Conseil d’Etat est la  plus haute juridiction administrative de France. C’est à la demande des associations de lutte pour les droits humains (Amnesty International France, le Gisti, la Cimade, Acat-France et Association des avocats ELENA France, entre autres)  qu’elle a pris la décision de retirer le Mali de la liste des " pays sûrs" à cause de la persistance de l’excision.

D’autres comme l’Arménie, la Turquie, le  Madagascar sont également concernés pour d’autres motifs mais toujours relatifs au "non respect des droits humains". En clair, est considéré comme sûr un pays qui "veille au respect des principes de la liberté, de la démocratie et de l’état de droit, ainsi que des droits de l’homme et des libertés fondamentales".

Le Mali figurait sur ce parchemin établi par  l’Office français pour les réfugiés et apatrides (OFPRA), depuis le mois de Novembre 2009. Mais les récents événements survenus au Mali ont visiblement influencé ses auteurs. Il s’agit, en l’occurrence  de la réticence des autorités maliennes  à interdire purement et simplement l’excision. Chose qui, sur un tout autre plan, comportera des risques de troubles sociaux. La Sensibilisation en cours donne déjà des résultats satisfaisants.

En clair, un pays non inscrit ou rayé de la liste est censé persécuter les minorités et susciter par conséquent des refugiés. Aux yeux du Conseil d’Etat Français, le Mali fait désormais partie de ces contrées. Il se trouve en effet que de nombreuses  demandeuses  d’asile d’origine malienne ont justifié, à tort ou à raison leur motivation le risque de mutilations génitales féminines.  Elles ont obtenu gain de cause.

Mais au delà de l’excision, la décision du Conseil Français ouvre également  une brèche à l’intention des LGBT, (sigle de " lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels"). En somme, au motif d’être persécuté ou se sentant l’être, à fortiori dans un pays à risques puisque non inscrit ou rayé de la liste, toute personne sera désormais accueillie en France.

Toute chose de nature à susciter aujourd’hui une vive inquiétude d’autres  associations de défense du droit des minorités. Selon ASULON-Europe, "cette décision du Conseil d’administration de l’OFPRA est imprudente".

D’autres  souhaitent justement que les LGBT soient pris en compte. Elles motivent leur vision du fait que l’homosexualité soit toujours pénalisée par des pays comme le Bénin, le Ghana, le Sénégal et la Tanzanie pourtant retenus sur la liste des pays dits sûrs. Ces associations entendent donc attaquer la décision du Conseil d’Etat. L’on s’entend à raison à de grands débats voire des procès retentissants chez les professionnels de l’Asile et de l’immigration en France.

Quel statut pour les LGBT en Afrique?

La loi malienne ne reconnait aucun statut aux homosexuels (lesbiennes et gays), encore  moins aux bisexuels et transsexuels. La bisexualité est  l’aptitude pour certaines personnes à avoir des relations sexuelles avec des partenaires des deux sexes (homme et/ou femme), simultanément ou alternativement.

Les  transexuels sont des personnes qui, à l’aide de moyens chirurgicaux ou de médicaments se sont  sexuellement transformées en homme ou femme. Dans certains pays, cette opération est suivie d’une procédure légale de changement d’identité.

Si au Mali, la loi n’interdit pas ces pratiques, les pesanteurs sociales n’offrent cependant aucune chance en vue de leur reconnaissance, voire de leur tolérance.

La situation s’avère plus contraignante ailleurs sur le continent où les populations d’au moins une quarantaine de pays ne font pas un secret de leur homophonie.  Tenez : au  mois de mai 2010, un tribunal du Malawi a condamné un couple homosexuel à 14 ans de prison. Les deux hommes ont été interpellés pour avoir organisé la première cérémonie de "mariage gay" en décembre 2009. Le juge a indiqué à l’audience que " les pires peines sont destinées aux pires cas ".

Au mois de Février dernier, c’est la police Kenyane qui interdisait à son tour  un mariage homosexuels et procédait à l’interpellation de cinq personnes ayant pris part à la cérémonie…

En mai 2008 en Gambie, le président gambien Yahya Jammeh a lancé un ultimatum de 24 H aux homosexuels pour quitter le pays. "Tout hôtel qui héberge ce type d’individus sera fermé, car leur comportement est illégal. Nous sommes un pays musulman, et je n’accepterai jamais de tels individus dans ce pays " a-t-il alors déclaré. Son appel a été entendu. Les exemples font légion.

En clair, autant l’occident et l’Amérique tolèrent ces pratiques au nom de la liberté et conforment leur législation à la tendance, autant les pays Africains les jugent immorales et adaptent par conséquent leurs textes en vue de les combattre. Le fossé entre les deux mondes n’est pas prêt de se rétrécir. C’est dire, en tout état de cause que les années à venir seront celles de la ruées des LGBT vers de nouveaux cieux, pour eux, plus accueillants, l’Europe et l’Amérique.

B.S. Diarra

 

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