Les marchés locaux des provinces de Hodh Ech Chargui et de Hodh El Gharbi connaissent une baisse significative du nombre de commerçants maliens, et leurs homologues mauritaniens craignent de franchir la frontière pour aller vendre leurs produits au Mali.
“Il ne fait aucun doute que la crise au Mali a un impact négatif sur le commerce, qui avait augmenté ces dernières années et favorisé le développement des marchés locaux hebdomadaires itinérants”, a expliqué le directeur de mauripress.info Mohamed Mahmoud Ould Cheyakh à Magharebia.
“Tous les types de marchandises qui approvisionnaient les marchés mauritaniens en provenance du sud du Mali à bord de gros camions ont été bloqués par les autorités maliennes”, a-t-il ajouté.
“Toutes les marchandises qui parviennent aujourd’hui à la frontière mauritanienne ne le font qu’en quantités très réduites à bord de charrettes tirées par des mules.”
Et de poursuivre : “Les produits dont dépendent la plupart des populations dans l’est de la Mauritanie ont disparu. Quant à la population du nord du Mali sous le contrôle des groupes armés, elle doit dépendre des approvisionnements et des produits alimentaires en provenance d’Algérie, car rien ne leur parvient depuis la Mauritanie, le Niger ou le gouvernement central malien.”
Le flux ininterrompu de réfugiés maliens n’a fait qu’aggraver une situation économique déjà difficile dans le sud de la Mauritanie. Les petites communautés ne peuvent aujourd’hui plus compter que sur un petit nombre de marchés, a expliqué le journaliste al-Rajel Ould Oumar.
“Au début de la guerre, nos activités dans les villages maliens proches de la frontière se sont ralenties, et au fil du temps et de la détérioration de la sécurité, il est devenu pour nous de plus en plus difficile de nous déplacer facilement par craindre d’être pris pour cible par des gangs armés”, a indiqué Mohamed Abdallah Ould Ghaly, un commerçant, à Magharebia.
Et d’ajouter : “Malgré la présence d’unités de l’armée mauritanienne, aucun commerçant ne veut prendre de risques et se déplacer d’un village à un autre, car ils seraient alors exposés à des vols à main armée de la part de groupes cherchant à se ravitailler.”
Ibrahim Ould Sidi, un éleveur de bétail mauritanien, connaît le même problème. “Depuis qu’Ansar al-Din est entré dans le village de Leyra, nous craignons d’entrer en territoire malien avec nos troupeaux”, a-t-il déclaré.
“La région connaît un climat de guerre”, a-t-il ajouté.
Il se rappelle les années de stabilité avant que les islamistes armés et les terroristes ne s’emparent du nord du Mali. “Nous ne nous préoccupions pas de la frontière, tout était ouvert entre nous. Les Mauritaniens vivaient sur ce qui leur arrivait en provenance du Mali, et il en allait de même pour les Maliens”, raconte-t-il à Magharebia.
“La guerre a tout changé. Quiconque traverse la frontière pour entrer au Mali peut être accusé de traiter avec les terroristes”, ajoute cet éleveur.
Ces craintes s’avèrent pour le moins fondées. La semaine dernière, les autorités maliennes ont arrêté trois commerçants mauritaniens à Jebali, les soupçonnant de travailler avec al-Qaida. Ils ont été relâchés le jour-même.
“Dans l’état actuel des choses, une prudence de plus en plus grande est recommandée pour le franchissement des régions frontalières”, a expliqué un dignitaire tribal de Bassiknou.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 09/01/13
Magharebia