Mariage stratégique à plein pot. Le Groupe Banque Centrale Populaire du Maroc, en prenant l’option d’arrimer dans son giron la BIA Niger ( 2 ème banque du pays ) en dépit de son portefeuille dégradé ( plus de 37 milliards de fcfa de créances douteuses et un PNB en dessous de 10 milliards fin 2014 ) visait des objectifs stratégiques. Après plusieurs rounds de discussions entre les autorités des deux directions générales, la convention de cession vient d’être signée à Paris. Selon des informations exclusives en possession des Afriques, la BCP Maroc s’offre les 65 % des parts du capital de la BIA Niger. Les Afriques qui suit ce dossier depuis l’opération qui a viré au fiasco des Français de BNP Paribas et de la méga banque panafricaine Coris International avait mis sous embargo l’information du deal de rachat par la BCP Maroc de la BIA Niger afin de ne pas gêner le processus enclenché sur l’axe Niamey – Casablanca. Selon nos informations, les Marocains ne voulaient pas que les choses traînent trop du côté de Niamey compte tenu du calendrier du haut establishment pré vacance ministérielle. Ce qui explique pour les besoins de la signature de cette convention de cession, que c’est le tout nouveau promu ministre nigérien des Finances de passage à Paris, Saidou Sidibé qui a signé au nom de l’état la convention. Des sources concordantes ont confirmé aux Afriques, que l’Etat a cédé 40% sur les 43,21% de ses parts qu’elle détient au tour de table aux Marocains. La BCP s’est adjugée aussi les 25% des parts de l’homme d’affaires et entrepreneur, Tahirou Mangal. Au finish, la lune de miel BIA- BCP est le fruit d’une combinaison de 65% des parts du capital cédés aux Marocains. Une bonne affaire pour la BCP qui en plus du réseau bancaire de sa filiale Banque Atlantique Niger ( 10% des parts de marché) se positionnera comme première banque du marché. Courant fin 2016, le Groupe BCP devra s’offrir la place de leader devant SONIBANK. Nos sources renseignent que le métronome des tractations en coulisses de cette grosse opération de rachat est Ouhoumoudou Mahamadou, désormais ex DG de BIA Niger et propulsé depuis quelques semaines au poste de directeur de cabinet du président Issoufou Mahamadou. Les Afriques a appris que les Marocains ont dû batailler ferme pour que l’état nigérien accepte d’endosser le contentieux ou portefeuille malsain autour des 37 milliards de créances douteuses dans les placards de BIA Niger.
Seulement, certains actionnaires comme la Cofipa de Baber Tounkara ( 5,73% ) et les privés nigériens ( 10% ) des parts du capital râlent pour n’avoir pas été associés dans le processus de la convention de cession. Ils évoquent une vice de forme car l’assemblée générale ordinaire du 6 août 2015 tenue à Niamey devait en principe discuter des contours de la convention de cession de la BIA aux Marocains. << Ils nous ont fait un enfant dans le dos >> pestent ils. Nous y reviendrons
PAR ISMAEL AIDARA, ENVOYÉ SPÉCIAL À NIAMEY
Les Afriques