Selon un nouveau bilan de la Croix Rouge, le bilan de l’attaque d’un commando islamiste dans un centre commercial s’élève à 59 morts et 175 blessés…
Le siège du centre commercial Westgate se poursuivait ce dimanche matin à Nairobi, où un commando islamiste, cerné par les forces de sécurité kényanes, était toujours retranché avec un nombre indéterminé d’otages. Des tirs nourris ont été entendus au petit matin venant de l’intérieur du centre, bouclé par les forces de sécurité qui ont reçu d’importants renforts et en interdisent désormais tout accès aux journalistes.
Cinquante neuf tués
Au moins 59 personnes ont été tuées dans l’attaque d’un centre commercial de Nairobi par un commando islamiste, selon un nouveau bilan donné dimanche par le ministre kényan de l’Intérieur, Joseph Ole Lenku. «Jusqu’ici, nous avons 59 personnes qui ont été tuées», a déclaré le ministre, faisant état également de 175 blessés, contre 200 dans un précédent bilan de la Croix-rouge kényane.
La confrontation dure maintenant depuis presque 24 heures, après l’assaut meurtrier samedi à la mi-journée de ce luxueux centre commercial par un commando islamiste d’une dizaine d’hommes masqués et armés. Des forces israéliennes sont entrées en action dans le centre commercial peu après midi ce dimanche.
Occidentaux touchés
Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier à Nairobi depuis une attaque-suicide d’Al-Qaïda en août 1998 contre l’ambassade américaine, qui avait fait plus de 200 morts. Le carnage du Westgate a été revendiqué dans la soirée par les shebab somaliens, liés à Al-Qaïda, qui l’ont présentée comme une opération de représailles à l’intervention des troupes kényanes en Somalie.
«Nous continuons nos efforts (…). Nous faisons tout ce que nous pouvons pour mettre fin» au drame, a déclaré dimanche matin à l’AFP un officier kényan. Un grand nombre de soldats kényans avec des casques et des gilets pare-balles, certains portant des lance-grenade, étaient visibles autour du Westgate. Deux militaires blessés ont été évacués et emmenés par une ambulance, a constaté un journaliste de l’AFP.
Selon le ministère de l’Intérieur, les étages supérieurs du centre ont été sécurisés, et les attaquants ont été repoussés dans une zone du rez-de-chaussée ou du sous-sol. Un nombre indéterminé d’otages sont toujours piégés.
Secours déployés
«Le nombre des otages est toujours inconnu, mais ils se trouvent en plusieurs endroits. Les niveaux supérieurs (du centre commercial) ont été sécurisés. Aucune communication n’a pu être établie (avec les islamistes)», a déclaré le Centre national des opérations de catastrophes dans un message posté dimanche matin sur Twitter.
«Le travail continue mais on ne peut pas précipiter les choses», a commenté un officier de l’armée, posté près du périmètre de sécurité entourant le centre. Les assaillants islamistes ont fait irruption samedi vers midi dans le «Westgate Mall» bondé, semant mort et chaos parmi les familles en plein shopping et les badauds attablés aux terrasses des cafés du bâtiment de quatre étages.
Ils ont ouvert le feu à l’arme automatique et à la grenade sur la foule d’un millier de clients et d’employés du centre, un des lieux de promenade préférés des classes aisées et des expatriés de Nairobi. Jusque dans la soirée, alors que les affrontements se poursuivaient, clients apeurés et employés traumatisés, piégés dans le centre, ont continué d’en émerger par petits groupes, au fur et à mesure de la lente progression des forces de l’ordre. Blessés et cadavres ensanglantés ont été évacués par les services de secours.
Dénonciations internationales
Epaulés par des membres en civil des services de sécurité des chancelleries occidentales, policiers et militaires kényans ont tenté prudemment de cerner les assaillants dans un labyrinthe de boutiques en tout genre où il est aisé de se cacher ou de se retrancher. Ce centre commercial, ouvert en 2007 et détenus en partie par des intérêts israéliens, compte des restaurants, des cafés, des banques, un grand supermarché et un cinéma multiplexe qui attirent des milliers de personnes chaque jour.
Dans une capitale connue comme le «hub» de l’Afrique de l’Est, où vivent de nombreux expatriés rayonnant dans toute la région, l’endroit était régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaïda – tels les insurgés shebab. Et la configuration des lieux – vaste terrasse donnant sur la rue, multiples entrées, parkings aérien et souterrain- se prêtait de fait particulièrement à une attaque.
Washington a dénoncé un acte «ignoble». La présidence française a dénoncé ce «lâche attentat», également condamné unanimement par les quinze pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies. «Le Kenya ne se laissera pas intimider par le terrorisme», a réagi dans la nuit le président kényan Uhuru Kenyatta, qui a précisé avoir «personnellement perdu des membres de sa famille» dans le drame.
Présence armée
Via leur compte Twitter, puis par communiqué, les shebab ont justifié l’attaque comme des représailles à l’intervention de l’armée kényane en cours depuis deux ans dans le sud de la Somalie contre le groupe islamiste, rappelant avoir «prévenu le Kenya à de nombreuses reprises». «Ce que les Kenyans voient à Westgate, c’est de la justice punitive pour les crimes commis par leurs soldats» en Somalie «contre les musulmans», ont-ils écrit.
«Le message que nous envoyons au gouvernement et à la population kényane est et sera toujours le même: retirez toutes vos forces de notre pays», ont ajouté les shebab, dont le compte Twitter a été finalement suspendu dans la nuit. L’armée kényane était entrée en Somalie en 2011 et se maintient depuis dans le sud du pays, dans le cadre d’une force africaine soutenant le gouvernement somalien qui a infligé de nombreuses défaites aux islamistes.
«Seuls les infidèles ont été tués», ont prétendu les shebab, affirmant que leurs «moujahidines» avaient épargné les musulmans présents sur place en les «escortant» hors du centre.