Kadhafi, né en Libye, mort en Libye, chose promise, chose faite

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Le Mali vient de perdre le jeudi dernier un ami, un frère, un partenaire, un bailleur de fonds. Aussi, étonnant que ça puisse l’être, les Maliens n’en parlent  pas, comme s’ils sont dans un mauvais rêve et qu’au réveil, ce cauchemar  disparaîtra, et que  Kadhafi sera toujours en vie.

 

En effet, la pilule est difficile à avaler pour ses cousins maliens, mais pourtant, Kadhafi est décédé le jeudi dernier dans sa ville natale à Syrte. Ses frères peuvent se consoler en se disant : « Il est mort en héros et qu’il a tenu parole jusqu’au bout, né en Libye, mort en Libye ».                                             

 

 

Kadhafi a trouvé la mort dans des circonstances encore troubles : tué dans une bataille ou assassiné?  A qui profite sa mort ? Qui avait peur de l’homme vivant ?     

 

 

Tout ce que nous savons, c’est que la mort du guide soulève beaucoup d’interrogations et qu’entre temps les occidentaux, eux, ont accompli leur devoir, celui d’éliminer  leur meilleur ennemi. Une mission de plusieurs années vient enfin de s’achever. Néanmoins, un  procès aurait été des plus attendus, souhaités. Exposé sa dépouille  en spectacle est choquant, très choquant et irrite pas mal de personnes en Afrique et surtout au Mali, car il était aux yeux de tout ce monde comme un militant et un martyr du panafricanisme. Quant aux CNT,  c’est une façon de dire aux libyens : « venez voir vous-même, il est mort, nous l’avons vaincu sur le champ de bataille, et vous vous devrez de le vaincre dans vos imaginations et dire que c’est bel et bien fini ». Car  après la mort de Kadhafi, c’est sûr que son fantôme  hantera un certain moment l’esprit des libyens.            Si cette mort a pour les maliens un arrière-goût d’humiliation,  pour les occidentaux  ce n’est qu’une banalité, et ils préfèrent tourner la page pour s’occuper du pétrole Libyen.         L’Afrique préférait une révolution libyenne semblable à celles de ses deux sœurs, tunisienne et égyptienne, et que l’idole soit renversée sans que les ex-colonisateurs y prennent la part déterminante que l’on sait. Mais non, ils n’ont pas pu se tenir, l’intervention  de l’Otan, incarnée par Sarkozy, Cameron et Obama, qui tiennent lieu de catalyseur, a donné un tout autre aspect à cette révolution ; celle du profit.   

 

Pauvre Afrique, la manière avec laquelle elle a été dans cette affaire marginalisée par les puissances « blanches » l’a blessé. Mis devant le fait accompli, consultés pour la forme alors que les décisions stratégiques étaient déjà prises, accueillies avec irrévérence quand ils pensaient tenir une solution de compromis, l’UA et les chefs d’État impliqués n’ont jamais eu leur mot à dire. Un Nicolas Sarkozy triomphant d’une guerre qui n’est pas la sienne, une guerre qui laisse à nos  dirigeants Africains, une position d’impuissance et d’amertume, mais que faire ? La loi du plus fort est toujours la meilleure. La Libye reste quand même un pays Africain.

Neïmatou Naillé Coulibaly

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