ROME (AFP) – (AFP) – L’ONU célèbre mardi la Journée mondiale de l’alimentation alors que le nombre d’affamés dans le monde, 870 millions, a cessé de baisser au cours de la décennie écoulée.
Ce chiffre dépasserait même le milliard et demi de mal nourris si on comptabilisait le déficit en éléments essentiels au développement physique et psychologique des enfants, estime le Rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’Alimentation Olivier De Schutter.
“Si on mesurait la malnutrition plutôt que la faim, non plus le déficit en calories mais celui en micro-nutriments essentiels au développement des enfants, comme l’iode, le fer, les vitamines, les chiffres seraient encore plus considérables: on passerait au moins à 1,5 milliard”, a-t-il indiqué à l’AFP.
Quand les prix des denrées de base augmentent, comme ils l’ont fait cet été brutalement quand la sécheresse aux Etats-Unis laissait présager une moindre récolte de céréales, les plus pauvres réduisent leur consommation: “Non seulement ils font moins de repas mais ceux-ci sont aussi moins diversifiés”. explique-t-il.
Pour M. De Schutter, “cette menace n’est pas assez vue comme une priorité, or c’en est une”.
L’Afrique sub-saharienne, confrontée à des aléas climatiques sévères, reste la plus affectée par la faim et a vu la part des affamés augmenter quand celle-ci baissait ailleurs, en Asie, en Amérique Latine et en Océanie.
Or la part des investissements agricoles dans le monde a plongé en vingt ans, passant “de 20% de l’aide totale dans les années 80 à 4% aujourd’hui”, remarque Luc Guyau, président indépendant du Conseil de la FAO, pour qui le travail essentiel de l’organisation doit être de mettre en place des politiques agricoles favorisant les producteurs.
Une table-ronde réunira mardi au siège de la FAO à Rome près d’une quarantaine de pays, dont une vingtaine de ministres: le ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll qui la présidera souhaite évoquer la transparence des marchés agricoles et la création de stocks alimentaires d’urgence dans les pays vulnérables, afin de contrer les pénuries et d’éviter les crises.