Journalisme d’investigation et lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest : Instituer une conférence régionale en alliance avec les institutions nationales

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La Cellule Norbert Zongo Pour le Journalisme d’Investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) a organisé, du 26 au 28 avril 2023 à l’hôtel Bravia à Niamey, une Conférence régionale sur l’impact du Journalisme d’investigation sur la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest. Cette conférence a réuni des journalistes d’investigation membres de la CENOZO, des représentants d’institutions publiques ouest-africaines, des représentants de la société civile ouest-africaine, des représentants du Secrétariat de la CENOZO, des représentants des partenaires techniques et financiers, notamment le Conseiller régional anticorruption pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), Adrian Banu.

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée sous la présidence du Secrétaire général du Ministère de la Justice du Niger, Ibrahim Jean Étienne, en présence du président du Conseil d’administration de la CENOZO, Moussa Aksar, de Maï Moussa Elhadji Basshir, Président de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), de Mme Fatima Jumaine, Coordinatrice nationale au Niger de de l’ONUDC, de Ibrahim Jean Étienne, SG du Ministère de la Justice du Niger. Les institutions nationales de lutte contre la corruption étaient représentées. Les Maliens Seydina Oumar Diarra et Seybou Kéita ont représenté l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI) et Famory Kéita, Vérificateur général adjoint du Mali représentait son institution; Issoufi Bouréima, président de la Cour des comptes du Niger; le Contrôleur général d’Etat du Burkina Faso, Nion Philippe, représentaient aussi leurs institutions.

La Conférence régionale sur l’impact du Journalisme d’investigation sur la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest organisée par la CENOZO part du constat que les deux dernières décennies ont été marquées par des changements dans le paysage politique et institutionnel en Afrique de l’Ouest, avec la mise en place dans plusieurs pays d’institutions chargées d’assainir la gouvernance. Malgré des améliorations notables dans le processus de démocratisation, avec la mise en place de ces institutions nationales chargées de la prévention et la répression des pratiques de corruption et des infractions assimilées et l’ancrage progressif de la liberté d’expression et de la presse, la région est toujours confrontée à des défis importants en matière de transparence et de responsabilité dans la gestion publique. Ainsi, du fait de la mal-gouvernance et d’insuffisance de résultats dans la lutte contre la corruption, s’est installé un déficit de confiance voire par une défiance entre les États et leurs citoyens. A cet effet, s’impose la nécessité d’un journalisme libre et indépendant, avec des normes de qualité élevées, pour contribuer à ce processus de réconciliation entre l’État et ses citoyens.

La Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), un réseau de plus de 90 journalistes d’investigation issus des 15 pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Mauritanie, vise à renforcer les capacités de ses membres et à former d’autres intéressés à la pratique de ce genre journalistique.

En 7 ans d’existence et de mise en œuvre d’activités de promotion du journalisme d’investigation, la CENOZO a formé plus de 500 journalistes de l’Afrique de l’Ouest et édité près de 250 enquêtes aux niveaux national et transfrontalier.

Cependant, les programmes de la CENOZO n’ont pas encore produit les résultats escomptés, à savoir des changements positifs visibles dans les habitudes des dirigeants, de la justice et les actions des parlementaires contre la corruption dans la région.

Sur le plan institutionnel, le Réseau des Institutions Nationales de Lutte contre la Corruption en Afrique de l’Ouest (RINLCAO) a été créé en 2010 avec pour mission de favoriser le partage d’expériences et de mutualiser les moyens et les interventions sur le terrain. Néanmoins, les autorités nationales éprouvent encore des difficultés à collaborer avec la presse d’investigation, qui leur offre pourtant de la matière et qu’elles peuvent alimenter avec des données fiables et éprouvées. C’est pourquoi la CENOZO estime qu’il est essentiel de construire des partenariats avec les autorités anticorruptions nationales et les organisations de la société civile engagées dans la prévention et la lutte contre la corruption et la mal-gouvernance dans la région, en vue de mieux impacter la gouvernance dans nos pays. C’est dans cette perspective que la CENOZO a organisé à Niamey (Niger), du 26 au 28 avril 2023, une conférence sous-régionale de partage et de mutualisation d’expériences.

Cette conférence s’est tenue en partenariat avec la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), l’institution nigérienne anticorruption, ainsi qu’avec l’appui de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Cette conférence, conformément à son objectif général, a permis aux membres de la CENOZO, aux représentants d’institutions nationales anticorruption et aux acteurs de la société civile ouest-africaine, de se réunir afin de jeter les bases de partenariats pour une prise en compte des publications des journalistes d’investigation d’Afrique de l’Ouest dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance.

La conférence a comporté un diagnostic de la situation de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance en Afrique en lien avec les actions de la presse d’investigation, des institutions nationales et des organisations de la société civile.

La Conférence régionale a été clôturée par l’adoption de la Déclaration de Niamey qui appelle les États à adopter ou renforcer les lois portant protection des journalistes d’investigation, des institutions de lutte contre la corruption, de la société civile et des lanceurs d’alertes.

B. Daou

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La Déclaration de Niamey

La Conférence régionale a été clôturée par l’adoption de la Déclaration de Niamey appelant les États à adopter ou renforcer les lois portant protection des journalistes d’investigation, des institutions de lutte contre la corruption, de la société civile et des lanceurs d’alertes.

Déclaration de Niamey sur la collaboration entre les journalistes d’investigation, les institutions publiques et la société civile en matière de lutte contre la corruption.

Considérant la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC) adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies à travers la Résolution 58/4 du 31 octobre 2003 ;

Considérant la Convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption adoptée par les Chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine le 12 juillet 2003 ;

Considérant le Protocole sur la lutte contre la corruption de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), adopté par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO le 21 décembre 2001 ;

Considérant que les pays membres de la CEDEAO ont ratifié et/ou adopté des textes portant sur la prévention et la lutte contre la corruption et infractions assimilées ;

Considérant que la corruption est un mal pernicieux qui continue de faire des drames humains, en ce sens qu’elle porte atteinte aux droits humains et annihile les efforts de développement ;

Préoccupés par le sort de millions d’enfants africains qui meurent de faim, de soif, et sans véritable accès aux soins de santé et à l’éducation du fait de ce fléau, pendant qu’une infime minorité de dignitaires se permet des libertés avec les ressources publiques ;

Considérant le lien étroit entre la corruption et le terrorisme, qui décime des milliers d’Africains et menace les fondements de plusieurs États d’Afrique de l’Ouest ;

Convaincus du bien-fondé de la bonne gouvernance, notamment la transparence et la reddition des comptes ;

Considérant les proportions inquiétantes que prennent la corruption et les infractions assimilées dans nos pays ;

Considérant les efforts consentis par les institutions nationales de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées, les médias et les organisations de la société civile pour dénoncer cette insidieuse pratique à la peau dure ;

Considérant l’urgence du renforcement de la synergie d’actions entre les médias, les organisations de la société civile et les institutions nationales de prévention, de lutte et de répression de la corruption et des infractions assimilées ;

Nous, journalistes d’investigation, institutions nationales de prévention, de lutte et de répression de la corruption et des infractions assimilées et des organisations de la société civile, participants à la Conférence sur l’impact du journalisme d’investigation sur la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest, tenue du 26 au 27 avril 2023 à Niamey :

– Appelons à l’institutionnalisation de la présente conférence comme cadre de réflexion collective, de partage d’expériences, de propositions pour une meilleure contribution dans l’assainissement de la gestion publique en Afrique de l’Ouest et à un plus grand impact du journalisme d’investigation dans la lutte contre corruption ;

– Prenons l’engagement de renforcer la collaboration entre journalistes d’investigation, institutions de lutte contre la corruption et société civile, afin de relever le défi commun de la bonne gouvernance et du renforcement de l’Etat de droit ;

– Décidons de renforcer la synergie d’actions des acteurs de la lutte contre la corruption au sein des pays et entre les différents États ;

Appelons les différents gouvernements à renforcer l’indépendance, l’autonomie et les capacités financières nécessaires à l’exécution de leurs missions de contrôle des finances publiques ;

– Interpellons les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique de l’Ouest sur la nécessité de respecter et de faire respecter les différentes Conventions et les Protocoles auxquels nos Etats ont librement adhéré ;

– Invitons les législateurs de l’Afrique de l’Ouest à adopter ou à renforcer les lois portant protection des journalistes, des investigateurs et des institutions nationales de lutte contre la corruption, des acteurs de la société civile et des lanceurs d’alerte ;

– Exhortons les institutions judiciaires des pays d’Afrique de l’Ouest et de la Mauritanie à se saisir des cas de dénonciations de mauvaise gestion des ressources publiques rendus publics par les médias ;

– Invitons les gouvernements à créer les conditions nécessaires au libre exercice du métier de journaliste et de l’indépendance des médias, notamment d’investigation ;

– Appelons les citoyens de l’Afrique de l’Ouest à s’impliquer fortement et à dénoncer systématiquement les cas de corruption ainsi que les délits d’apparence.

 

Fait à Niamey, le 27 avril 2023

La Conférence

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DAVID DEMBELE DU MALI ELU NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA CENOZO

Nouveau bureau du Conseil d’Administration de la CENOZO

1- Président*

David Dembélé (Mali)

2- Vice-président*

Anas Anas (Ghana)

3- Secrétaire général*

Sandrine Sawadogo (Burkina Faso)

4- Secrétaire chargé de la recherche et de la formation*

Isine Ibanga (Nigeria)

5-  Secrétaire chargé de la communication et des relations extérieures*

Pierre-Claver Kuvo (Togo

6- Secrétaire chargé de la mobilisation des ressources et du suivi des partenariats*

Jacques Ngor Sarr (Sénégal)

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