Impacts des sanctions de la CEDEAO : Abidjan fortement touché

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A moins de deux mois, après les lourdes sanctions décrétées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) envers le Mali, les opérateurs ivoiriens, de la TPE aux transporteurs routiers en passant par les commerçants, subissent les effets collatéraux de cet embargo censé faire plier la junte au pouvoir à Bamako.

Abidjan qui entretient d’importantes relations commerciales avec le Mali et où vivent plus d’un million de Maliens, ne sort pas totalement indemne des effets des sanctions de la CEDEAO, avec des secteurs affectés comme le commerce, le transit et des transports routiers inter-Etats.

Avec la fermeture des frontières, un grand nombre de camions sont condamnés à rester au garage. Les consignes données aux autorités douanières et aux forces de sécurité sont claires : excepté les camions vides et les véhicules chargés de vivres, ou de produits de première nécessité, rien ne doit franchir le poste de la frontière avec le Mali.

Contournements dans le monde du bétail

Approché par nos soins,  Cissé Ibrahim, 1er vice-président de la Fédération nationale de la filière bétail viande de Côte d’Ivoire, a évoqué les impacts bien qu’il les minimise. Pour lui ” Il n y a pas une grande incidence de la fermeture de la frontière malienne. Ce que le Mali fournit à la Côte d’Ivoire, est actuellement entre 10 à 20%. L’incidence est plus sur les moutons, pas les bovins, car la Côte d’Ivoire en produit maintenant”.

Sauf que sur le terrain, les approvisionnements sont plus irréguliers depuis l’entrée en vigueur des sanctions contre le Mali, ce qui entraîne une pression à la hausse sur les prix. Afin de faire face à la pénurie les approvisionnements maliens, le marché ivoirien se ravitaille au Burkina Faso en plus du Niger. Le gouvernement ivoirien arrive à anticiper légèrement vu surtout que cette situation est similaire à celle du coronavirus en 2020.

Arrêt des transferts d’argent

Certains Maliens de Côte d’Ivoire n’arrivent notamment plus à envoyer de l’argent aux parents restés au pays. Idem pour ceux qui ont des intérêts au pays de Sidiki Diabaté. La fermeture des maisons de transfert de fonds est effective : Wave et Western union. Western union fut le 1premier à fermer ses comptes. Une ligne qui n’a pas été suivie par son grand rival MONEY GRAM. C’est donc à ce niveau que les envois sont légion, WARI étant mort de sa belle mort en 2021 après liquidation.

Aussi, le nouveau venu sur l’arène économique, WAVE, cumule les restrictions sous régionales avec Bamako. L’opérateur américain qui a fait sensation en Côte d’Ivoire et au Sénégal avec son 1% de frais d’envoi, a retourné sa veste.

Ouvert à des opérations entre Bamako_Abidjan et Dakar, Wave a verrouillé son portefeuille. Désormais ses envois se font uniquement à l’intérieur du Mali, donc Abidjan a déposé les clés à l’endroit de Bamako.

Frontières fermées mais…

En période ordinaire, plus de 250 camions chargés de produits alimentaires et de biens de consommation sortent chaque semaine d’Abidjan en direction du Mali. Si ces exportations sont empêchées, cela représentera aussi un manque à gagner pour l’économie ivoirienne. Sauf que la frontière circule autrement malgré la fermeture officielle.

Les camions du bétail pour la boucherie et du carburant sont bien visibles. Les compagnies de transports ne traversent pas le dernier barrage mais font passer les passagers par des engins à deux roues. Une fois sur le sol voisin,  ils s’embarquent chez les correspondants des transporteurs routiers.

Pour clore, il convient de noter que les frontières sont fermées à partir de 20h pour n’ouvrir qu’à 5h du matin. Sauf que près de 4 barrages parallèles où il faut verser entre 2000 et 4000 cfa selon la nationalité   prennent le relais,  avant de se retrouver sur la voie officielle pour partir à Bamako ou Abidjan.

Idrissa KEITA

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