FIGAROVOX/ENTRETIEN – Pour Alain Rodier la progression de l’État islamique en Libye est inquiétante et la marge de manoeuvre d’une éventuelle coalition limitée.
Spécialiste du terrorisme et de la criminalité organisée, ancien officier au sein des services de renseignement français, Alain Rodier est directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).
Daech progresse en Libye. Le pays peut-il tomber dans l’escarcelle de l’Etat islamique?
Alain Rodier: Pas pour l’instant. A savoir que la Libye n’est pas l’Irak ni même la Syrie. Daesh est concurrencé par d’autres mouvements islamistes très bien implantés qui ont refusé de prêter allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi. C’est en partie le cas à Derna où l’Etat Islamique (EI) a été obligé d’abandonner le centre ville à une coalition de groupes radicaux. Les milices Fajr Libya qui contrôlent Tripoli sont résolument opposées à Daesh (ce qui ne veut pas dire qu’elles apprécient les Occidentaux). Al-Qaida est présent historiquement dans le pays ayant fourni nombre de cadres à la nébuleuse via son mouvement le Groupe Islamique Combattant Libyen (GICL). Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est présent dans le Fezzan (au sud du pays) depuis la révolution de 2011. La katibat Al-Mourabitoune (qui aurait réintégré AQMI mais son chef, Mokhtar Belmokhtar, n’a pas confirmé ce fait) serait aussi présente le long de la côte au sud de Benghazi. De nombreuses milices dîtes modérées s’opposent à Daesh ne souhaitant pas leur abandonner le pactole dont elles vivent (en particulier le pétrole). Enfin, les populations ne sont pas particulièrement favorables aux activistes étrangers de l’EI. A savoir que si les Libyens ne constituent pas un «peuple» mais (…) Lire la suite sur Figaro.fr