Par Jean-Nicolas Saucier le 8 mars, 2013
Ce petit condensé vocal, non-exhaustif et récupéré sur la planète médias dans la foulé du décès du président vénézuélien, illustre d’admirable façon la nature du personnage. Charismatique, authentique et imprévisible, il avait le don d’enflammer l’auditoire et faire rager ses détracteurs. Devant ses foules partisanes comme à la tribune de l’ONU, l’homme n’a jamais eu la langue dans sa poche.
Au moment où le pays pleure son dirigeant historique, l’échantillon qui suit offre un portrait du Comandante, de son parcours singulier et de l’empreinte qu’il laissera au Venezuela comme sur la scène internationale.
1- « Camarades, malheureusement, pour l’instant, nous n’avons pas atteint nos objectifs. »
Le 4 février 1992, Chavez assume personnellement la responsabilité de l’échec d’une tentative decoup d’État contre le président de l’époque Carlos Andrés Pérez. Il passera deux ans en prison.
2- « Marisabel, ce soir, je te fais ta fête ! »
Le 14 février 2000, jour de la Saint-Valentin, il lance cette boutade en conférence presse à son épouse d’alors, Marisabel Rodriguez.
3- « Tu es un âne, mister Danger ! »
Le 19 mars 2006, au cours de son programme radio-télévisé Aló, Presidente, à propos du président américain George W. Bush, qu’il qualifie régulièrement de « lâche, assassin, génocidaire ou d’alcoolique ».
4- « Hier, il y avait le diable, ici… Ca sent encore le soufre ! »
Le 20 septembre 2006, devant l’Assemblée générale des Nations unies, une fois de plus à l’endroit de George W. Bush, au lendemain du discours du président américain.
5- « Allez vous faire foutre, Yankees de merde ! »
Le 11 septembre 2008, lors d’un discours devant ses partisans, à l’occasion de l’expulsion de l’ambassadeur des États-Unis. Malgré les propos fortement anti-américains de Chavez, les États-Unis étaient et sont toujours le premier partenaire économique du Venezuela.
6- « I want to be your friend. »
Le 18 avril 2009, alors qu’il s’adresse au président Barack Obama, lors du Sommet des Amériques à Trinidad et Tobago. Chavez était sincère envers Obama, de qui il a toujours souhaité un changement de « ton » par rapport à son prédécesseur Bush.
7- « Nous vivrons et nous vaincrons ! »
Cette devise a remplacé « Patrie socialiste ou la mort » après le diagnostic de son cancer en 2011. Chavez a toujours cherché à personnifier le peuple, dans ses actions comme dans les épreuves de sa vie personnelle.
8- « Tu as une queue de cochon, tu as des oreilles de cochon, tu ronfles comme un cochon : tu es un cochon. »
Le 16 février 2012, en parlant du candidat unique de l’opposition unie pour la présidentielle du 7 octobre, le gouverneur Henrique Capriles Radonski. Chavez récoltera 55% du suffrage, contre 45% pour opposant.
9- « Donne-moi ta couronne, Jésus Christ, donne-la moi, que je saigne, donne-moi ta croix, 100 croix, que je les porte. Mais laisse-moi la vie, parce qu’il me reste des choses à faire pour ce peuple et ce pays. Ne me reprends pas encore. »
Allocution prononcée le 5 avril 2012, lors d’une messe pour sa santé. Chavez se fait mythique, se posant comme martyr pour le salut de la nation.
10- « Jusqu’à la vie, toujours ! » (sur le modèle de « Hasta la victoria, siempre », de Ernesto « Che » Guevara).
Ces mots prononcés le 9 décembre 2012 au soir, à sa montée dans l’avion devant le conduire à Cuba pour une quatrième opération contre son cancer, seront ses derniers dits publiquement. Il n’a plus jamais repris la parole en public depuis.
Finalement, que pensez-vous de l’homme ? Ces déclarations correspondent-elles à l’image que vous aviez du président vénézuélien ?
Si le « phénomène » Hugo Chavez vous intéresse, d’autres billets à ne pas manquer : un touchant de ma collègue Julie Philippon, un davantage historique de mon comparse Patrice Saucier, et un autre plus coloré… de l’auteur de ces lignes ! Bonne lecture !
Source: nouvelles.sympatico.ca