CONAKRY (AFP) – mardi 23 décembre 2008 – 17h55 – Une tentative de coup d’Etat militaire était en cours mardi en , quelques heures seulement après l’annonce de la mort du chef de l’Etat, le général Lansana , qui était au pouvoir depuis 1984, suscitant une vive inquiétude de la communauté internationale.
Des soldats en véhicules blindés dans les rues de Conakry le 23 décembre 2008 – © AFP
Le gouvernement "n’est pas dissous", a renchéri le Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré. "Je suis sûr qu’ils reviendront à la raison. Ils n’ont pas utilisé la force. Il n’y a de menace contre personne", a-t-il assuré.
Mais, si aucune violence n’a été signalée dans le pays depuis le décès présidentiel et la tentative de coup d’Etat, une certaine confusion au sein des putschistes étaient perceptible dans l’après-midi.
Des tractations ont eu lieu au camp Alfa Yaya Diallo, le plus grand du pays, et une majorité de putschistes ont choisi comme chef le lieutenant-colonel Sekouba Konaté, commandant du bataillon autonome des troupes aéroportées (Bata), principale unité d’élite de l’armée, selon des militaires loyalistes.
Mais des putschistes ont refusé ce choix car il n’était pas le plus gradé, selon ces sources. Restant sur ce désaccord, les putschistes ont ensuite quitté le camp pour aller au centre-ville.
Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui est intervenu à la radio nationale pour annoncer le coup de force, est donc un porte-parole s’exprimant au nom des putschistes.
Le président Conté, 74 ans, était arrivé au pouvoir en 1984 à la faveur d’un coup d’Etat militaire, peu après la mort du "père de l’indépendance" Ahmed Sekou Touré.
Il s’était toujours appuyé sur l’armée pour se maintenir au pouvoir mais des divisions entre les officiers et la troupe étaient récemment apparues, notamment lors d’une mutinerie fin mai-début juin ayant fait au moins trois morts et des dizaines de blessés.
Dans la nuit de lundi à mardi, le président de l’Assemblée nationale avait annoncé à la télévision d’Etat le décès de Lansana Conté et demandé au président de la Cour suprême de faire appliquer la Loi fondamentale.
La gestion des affaires du pays devait alors revenir temporairement au président de l’Assemblée nationale, chargé d’organiser une élection présidentielle dans les 60 jours, un délai jugé très court par les observateurs au vu de l’état de désorganisation du pays.
Face à la dégradation de la situation, l’Union européenne (UE), l’Union africaine (UA), les Etats-Unis et la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH) ont condamné ce coup de force et appelé au respect de la Constitution pour des élections libres.
AFP
Guinée: le chef d’état-major appelle de nouveau les militaires au calme
CONAKRY (AFP) – mardi 23 décembre 2008 – 19h59 – Le chef d’Etat-major de l’armée guinéenne, le général Diarra Camara, a lancé mardi à Conakry un nouvel appel au calme à ses "compagnons d’armes", après une tentative de coup d’Etat militaire au lendemain du décès du "président-général" Lansana Conté.
"Sans attendre les obsèques du président Conté, des soubresauts commencent déjà à se faire sentir dans certaines unités de la capitale", a constaté le général, dans une déclaration devant la presse.
"Chers compagnons d’armes, je vous invite au calme et vous demande d’instaurer et d’observer la quiétude dans les camps", a-t-il lancé, au camp Samory Touré, siège de l’état-major des armées et du ministère de la Défense, situé dans le centre-ville.
"Je pensais plutôt que nous, l’ensemble des forces armées guinéennes, nous devrions nous prosterner devant la dépouille mortelle du président Conté et nous préparer à lui réserver des obsèques dignes de ce nom", a ajouté le chef d’état-major, exprimant sa "surprise" face à la tentative de coup d’Etat.
"Je n’empêche pas quelqu’un d’avoir des velléités, des prétentions, mais mon souhait était au moins d’attendre les obsèques", a-t-il dit.
Dans la nuit de lundi à mardi, le général Camara était apparu à la télévision aux côtés du chef du gouvernement et du président de l’Assemblée nationale qui annonçaient le décès du général-président, au pouvoir depuis 24 ans.
Il avait alors relayé l’appel lancé par le chef du gouvernement Ahmed Tidiane Souaré aux forces de défense et de sécurité pour qu’elles assurent "la sécurité aux frontières et le calme à l’intérieur du territoire national en hommage à la mémoire de l’illustre disparu".
AFP