Guinée : retour au calme après des heurts à Conakry

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Des heurts entre partisans de Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, les deux candidats en lice pour le second tour de la présidentielle, en Guinée, ont fait 1 mort et au moins 54 blessés, samedi et dimanche à Conakry. La campagne a été suspendue provisoirement, le 12 septembre, et une réunion s’est tenue aujourd’hui entre Sékouba Konaté, le général-président par intérim avec les deux candidats. Le second tour, très attendu après 52 ans de dictature (d’abord sous Sékou Touré puis Lansana Conté), devrait être maintenu à ce dimanche 19 septembre.

Les heurts, d’ordre politique et pas inter-ethnique, ont été provoqués par une décision de justice, annoncée vendredi, condamnant à une amende de 275 euros et à un an de prison ferme Ben Sékou Sylla, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Avec l’un de ses collaborateurs, il a été jugé coupable de "fraude électorale" au premier tour. La confusion règne autour de ce verdict : Ben Sékou Sylla, un homme âgé et malade, hospitalisé en France depuis deux mois, n’est pas officiellement démis de ses fonctions. D’autre part, cette décision de justice fait suite à une plainte déposée par Alpha Condé (18,25 % des voix au premier tour), qui accuse la Ceni d’être partisane en faveur de Cellou Dalein Diallo, mais a tout de même ratifié et accepté les résultats du premier tour. Enfin, le verdict a été rendu par un tribunal de première instance de Dixinn, une banlieue de Conakry, mais il a été réprouvé par un procureur et pourrait s’avérer nul et non avenu : les deux membres de la Ceni ont été condamnés en leur absence, sans avoir droit à des avocats ni à la moindre défense.

Alors que le site internet du Rassemblement du peuple de Guinée (RPB)contribue à jeter de l’huile sur le feu en publiant des photos de jeunes hommes ensanglantés et en accusant les commerçant peuls d’être des "mafieux", Cellou Dalein Diallo rétorque que le "RPG ne veut pas aller aux élections et le fait savoir", mais évite toute surenchère ethnique et appelle au calme. Rabiatou Serah Diallo, la présidente du Conseil national de transition (CNT), a quant à elle mis ses concitoyens en garde, dans une interview publiée aujourd’hui par le site Guinéenews : "Qu’on sache qu’il n’ya pas de famille qui ne soit pas métissée ! Nous sommes mélangés : des Malinkés ont épousé des femmes peules, et des Peuls ont épousé des femmes malinké, soussou ou de la Guinée forestière. Que l’on ne nous amène pas les problèmes du Rwanda en Guinée !" Elle rappelle par ailleurs l’enjeu central de ces élections : voir l’armée quitter le pouvoir.

© Reuters

 

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