CONAKRY (AFP) – vendredi 10 septembre 2010 – 11h55 – Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) en Guinée, Ben Sékou Sylla, a été condamné à un an de prison ferme pour "fraude électorale" au premier tour de l’élection présidentielle du 27 juin, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Ce jugement d’un tribunal de la banlieue de Conakry, prononcé en l’absence du prévenu, est intervenu dix jours avant le second tour de la présidentielle, prévu le 19 septembre.
"Le président du tribunal de première instance de Dixinn, Seydouba Camara, a condamné jeudi les prévenus Ben Sékou Sylla et El-hadj Boubacar Diallo (responsable de la planification de la Céni) à un an de prison ferme et à 2 millions de francs guinéens damende chacun (275 euros) pour fraude électorale", a affirmé vendredi le procureur près de ce tribunal, Boubacar Bah.
"Ils sont accusés par le RPG (Rassemblement du peuple de Guinée) du candidat Alpha Condé davoir subtilisé des procès verbaux lors du premier tour de lélection présidentielle", a déclaré le procureur.
Le second tour doit départager l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo (43,69% au premier tour) et l’opposant historique Alpha Condé (18,25%).
Commentant le jugement, le procureur de Dixinn a cependant observé que "dans cette affaire, la procédure na pas été respectée parce que la défense a récusé le juge dès lentame des débats mais le juge a fait fi de cette récusation et prononcé un jugement en labsence des prévenus et de leurs avocats".
Le magistrat a également fait valoir que les deux responsables de la Céni ont été condamnés "en dépit de l’immunité" dont ils sont censés bénéficier pendant l’exercice de leur fonction, selon le code électoral.
Un avocat de la défense, Me Boubacar Barry, a accusé "le RPG et son candidat dinstrumentaliser la justice". "Leur stratégie est de tout faire pour que le second tour ne se tienne pas à la date convenue, en organisant une implosion de la Céni", a-t-il affirmé.
Le 27 juin, les Guinéens avaient participé dans la liesse à la première élection libre depuis l’indépendance du pays en 1958. Mais la plupart des partis avaient ensuite dénoncé des irrégularités ou des fraudes massives.
Puis la chambre constitutionnelle de la Cour suprême avait annulé les suffrages de deux grandes communes de Conakry et de trois villes importantes, Kankan, Mandiana (Haute-Guinée) et Lola (Guinée forestière), pour absence de procès verbaux.
Jeudi, les sages de Haute-Guinée, une des quatre régions du pays, avaient menacé d’appeler au boycott du second tour si des "sanctions" n’étaient pas prises contre les auteurs de ce qu’ils appellent le "scandale électoral du premier tour". Ils contestaient l’annulation des suffrages dans deux villes de Haute-Guinée, fief de leur candidat Alpha Condé.
Début septembre, les deux candidats à la présidentielle se sont engagés à mener une "campagne politique apaisée" et à se conformer "scrupuleusement" au verdict des urnes, dans un accord signé à Ouagadougou, en présence du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne.
AFP