CONAKRY (AFP) – samedi 12 mai 2007 – 14h56 – Le président guinéen Lansana Conté a limogé samedi de hauts responsables de l”armée, dont le ministre de la Défense et le chef d”état-major, pour calmer la colère de militaires réclamant des arriérés de soldes, dont les tirs ont fait au moins neuf morts dans le pays en 10 jours.
Le général Arafan Camara, qui avait été nommé ministre de la Défense dans le gouvernement formé le 28 mars dernier, a été "muté" et remplacé par le général Mamadou Baïlo Diallo, selon un décret présidentiel lu samedi matin à la radio.
Le général Kerfalla Camara, qui était chef d”état-major général des armées, a été relevé de ses fonctions et remplacé par le général Diarra Camara, d”après ce décret.
Le président Conté a également limogé le numéro deux de l”armée, le général Ibrahima Diallo, et nommé à sa place le colonel Mamadou Sampil. Le colonel Bambo Fofana, qui était directeur de l”intendance militaire, a été remplacé par le commandant Mamadou Korka Diallo.
Le décret présidentiel ne précise pas les nouvelles affections des quatre officiers supérieurs limogés, ni les raisons de leur limogeage. Aucune indication n”était immédiatement disponible sur le parcours de leurs remplaçants, à l”exception du nouveau ministre de la Défense, réputé homme de terrain et qui était à la retraite depuis 2005.
L”annonce des limogeages a été accueillie par une explosion de joie au camp militaire Alfa Yaya Diallo de Conakry, épicentre de la grogne des soldats.
"Dès qu”on a entendu ça à la radio, ça a été une explosion de joie ici", a déclaré à l”AFP sous couvert d”anonymat un militaire joint dans ce camp, le plus grand du pays, situé près de l”aéroport de Conakry.
Vendredi, le président Conté s”était rendu au camp Alfa Yaya Diallo à la rencontre des militaires mécontents mais la plupart d”entre eux étant absents, il n”y était resté que 5 minutes et leur avait donné rendez-vous ce samedi à 09h00 (locales et GMT).
Jusqu”à 12h00, M. Conté n”était pas encore arrivé sur place, selon une source militaire.
Ces limogeages sont "une façon d”accéder aux revendications des militaires. On sait que c”est lié à la +pagaille+ qu”il y a en ce moment" en Guinée, a commenté un analyste.
Les militaires protestataires, qui affirment n”avoir pas perçu leurs soldes depuis 1996, accusaient de corruption les quatre responsables limogés.
Ils exigeaient également des discussions directes avec le chef de l”Etat, et non plus seulement avec le Premier ministre Lansana Kouyaté qui avait entamé des négociations avec eux le 4 mai qui avaient permis de ramener un calme relatif.
Depuis le 2 mai, dans des camps militaires de Conakry et de différentes villes du pays des militaires protestaient en tirant en l”air pendant de longues heures, surtout la nuit.
Les protestations, d”abord circonscrites aux camps, s”étaient ensuite étendues à l”extérieur de ces lieux, dans la capitale et dans plusieurs villes dont Kindia (130 km à l”est de Conakry), Guéckédou (600 km au sud-est de Conakry), Kissidougou, Nzérékoré, Macenta (sud-est), Mamou et Farannah (centre).
La grogne avait pris de l”ampleur, jeudi et vendredi, avec six morts (trois à Kindia, deux à Guéckédou, un à Conakry), selon un bilan publié par le gouvernement, qui a multiplié les appels au calme jusqu”à vendredi soir.
Au total, neuf personnes – des civils, pour la plupart – ont trouvé la mort, 75 ont été blessées dans les violences et la confusion ayant marqué le mouvement de protestation.
Source: AFP
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