Après trois semaines de dépouillement, la Commission électorale nationale indépendante a enfin annoncé les résultats des législatives du 28 septembre. Le parti d’Alpha Condé, le RPG au pouvoir, arrive en tête et recueille 53 sièges sur les 114 en lice à l’Assemblée nationale. Mais l’opposition a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas ces résultats.
Il aura fallu trois semaines à la Guinée pour dépouiller le scrutin du 28 septembre. Trois semaines qui auront creusé davantage la méfiance congénitale entre le pouvoir et l’opposition et achevé d’enterrer la crédibilité de la commission électorale. Quasiment tous les partis s’accusent mutuellement de fraude, y compris le RPG (Rassemblement du peuple de Guinée) d’Alpha Condé, et envisagent de déposer des recours devant la Cour suprême.
Très courte majorité
Mais au terme de ce long processus, une chose apparaît clairement, le parti au pouvoir ne dispose que d’une courte majorité et encore, il la doit à ses alliés de la mouvance présidentielle. Il faut en effet 58 sièges pour former une majorité. Le RPG va donc devoir compter sur ses alliés s’il veut s’assurer la majorité absolue à l’Assemblée. Pour l’instant, les 53 sièges qu’il a remportés ne sont pas suffisants, mais il peut déjà compter sur cinq partis qui lui sont alliés, ce qui lui permettra de passer de 53 à 58 sièges, ce qui représente un peu plus de la moitié par rapport aux 114 sièges disponibles à l’Assemblée.
Mais cette majorité restera une très courte majorité et elle ne sera pas vraiment écrasante pour l’opposition. A lui tout seul, l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) de Cellou Dalein Diallo occupe 37 sièges à l’Assemblée, et s’il s’associe avec l’UFR (Union des forces républicaines) de Sidya Touré, il aura donc 47 sièges. En comptant les autres partis de l’opposition, il pourra faire face à une majorité du RPG qui n’est pas suffisamment forte pour imposer sa loi dans le pays.
Contestation
Au RPG, on se satisfait sans triomphalisme de ce résultat, expliquant qu’il traduit les difficultés d’un scrutin de mi-mandat où les réformes engagées n’ont pas encore porté leurs fruits. En revanche dans l’opposition cette courte défaite laisse un goût amer. Certains leaders comme Lansana Kouyaté se disent persuadés que s’il n’y avait pas eu fraude, le RPG aurait été battu. Pour d’autres, comme Sidya Touré, le RPG a tout fait pour écraser les formations moyennes et se retrouver seul face à l’UFDG de Cellou Dalein Diallo.
Les leaders de l’opposition se réunissent ce samedi pour faire le point. Mais peu après la publication de ces résultats par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Sidya Touré, dirigeant de l’UFR et porte-parole de l’opposition, a déclaré qu’elle ne les reconnaîtrait pas. « Nous ne reconnaîtrons pas les résultats qui ne sont pas conformes au vote de la population », a-t-il affirmé à l’AFP, ajoutant que les chiffres de la
commission électorale étaient « irréalistes ».
Par rfi.fr