Guinée: funérailles du président Conté, la junte reçoit le soutien de Dakar

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CONAKRY (AFP) – vendredi 26 décembre 2008 – 23h32 – Les funérailles nationales du président guinéen Lansana Conté, décédé à 74 ans après 24 ans d’un "règne" très contesté, ont rassemblé plus de 30.000 personnes vendredi à Conakry, tandis que la junte au pouvoir a reçu son premier soutien étranger de la part du Sénégal.

Le chef de la junte qui a pris le pouvoir mardi par un coup d’Etat militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara, n’a pas participé aux hommages.

Mais le vice-président du Comité national pour le développement et la démocratie (CNDD, junte), le général Mamadou Ba Toto Camara, a déclaré devant la foule emplissant le stade national: "Le CNDD rend hommage au général Lansana Conté. (…) Nous prions Dieu qu’il nous donne le courage de continuer son oeuvre de tolérance, de paix, pour le bonheur de la Guinée".

Une foule de 30.000 personnes avait afflué dans le stade et aux abords pour voir passer, derrière une fanfare, le cercueil couvert du drapeau national rouge, jaune et vert, posé sur une jeep.

Un peu plus tôt dans la journée, une cérémonie "officielle" avait rassemblé plusieurs milliers de personnes au Palais du peuple, siège de l’Assemblée nationale.

Les présidents Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Joao Bernardo Vieira (Guinée-Bissau), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia) et Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) étaient présents, ainsi que le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Jean Ping, et son homologue de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Ibn Chambas.

Outre les dignitaires du régime et de très nombreux militaires, plusieurs opposants au "général-président" et leaders syndicaux, qui l’avaient vivement contesté ces dernières années, s’étaient joints à la cérémonie.

Après une prière dans la plus grande mosquée de Conakry, également comble, la dépouille du président défunt a été transportée par hélicoptère jusqu’au village de Lansanaya, à 120 kilomètres au nord-ouest de Conakry, où elle a été inhumée en fin d’après-midi.

Deuxième président de Guinée, Lansana Conté était arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, en 1984, après la mort d’Ahmed Sékou Touré. Il avait dirigé en maître absolu le pays, s’appuyant sur l’armée pour réprimer toute contestation de sa gestion, jugée calamiteuse par les ONG.

Mais beaucoup de Guinéens présents aux cérémonies faisaient valoir qu’il avait au moins été "un homme de paix", pour avoir "sauvegardé" le pays des guerres, ou lui savaient gré d’avoir finalement introduit le multipartisme en 1992, même si le pays n’a jamais connu depuis d’élections transparentes.

Les militaires qui ont pris le pouvoir par un coup d’Etat dès le lendemain de son décès ont reçu, vendredi, le soutien du président sénégalaise Abdoulaye Wade, alors que la communauté internationale avait condamné le coup d’Etat.

"Je pense que ce groupe mérite d’être soutenu", a déclaré le président Wade, depuis Paris. "J’appelle tous les pays, notamment la France,… à ne pas jeter la pierre à ce groupe mais à les prendre au mot", a-t-il ajouté, faisait référence aux élections promises par les putschistes.

A l’inverse, le président sud-africain Kgalema Motlanthe a condamné le putsch et appelé la junte à céder "immédiatement" le pouvoir aux civils en vue d’élections démocratiques.

De son côté, la junte a annoncé qu’elle organiserait samedi des "réunions d’information" sur son travail. Elle rencontrera d’abord des "représentants de la société civile, des partis politiques, des confessions religieuses et des centrales syndicales", puis des "représentants de la Cedeao, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de l’ONU et les ambassadeurs des pays du G8".

Dans la soirée de vendredi, des tirs ont été entendus dans Conakry et sa banlieue, peu après l’entrée en vigueur à 20H00 du premier couvre-feu imposé par la junte. Une source militaire a immédiatement assuré à l’AFP qu’il s’agissait de tirs "dissuasifs" pour que les gens "rentrent chez eux".

Mais la junte a ensuite fait diffuser à la radio un communiqué assurant que "tout soldat surpris par la patrouille en train de tirer s’exposera à des sanctions sévères".

En banlieue de la capitale, un jeune homme a été blessé à la jambe par une balle perdue, selon une source militaire.

AFP

 

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