LIBREVILLE (AFP) – mercredi 02 février 2011 – 15h20 – Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, souvent critiqué pour ses violations des droits de l’homme, a accédé, grâce à un long lobbying diplomatique et à ses pétro-dollars, à une reconnaissance internationale et à la présidence de l’Union africaine.
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rnArrivé au pouvoir en 1979 par un coup d’Etat à l’issue duquel il a fait fusiller son oncle, Teodoro Obiang a longtemps été un personnage peu recommandable que de nombreux chefs d’Etat prenaient soin d’éviter.
Le président de ce petit pays très pauvre de 600.000 habitants était vu comme un dictateur n’hésitant pas à exiler, emprisonner et même torturer. La Guinée était en outre considérée comme un des pays les plus corrompus de la planète, Obiang faisant partie des trois chefs d’Etat africains visés par une plainte en France pour "biens mal acquis".
L’exploitation à grande échelle dans les années 2000 du pétrole a permis au président de changer la donne. Il a adopté une diplomatie de plus en plus ambitieuse au fur et a mesure de l’augmentation de sa production.
Sur le plan linguistique, il s’est impliqué dans toutes les directions. Ancienne colonie espagnole, la Guinée fait partie de l’organisation internationale de la francophonie (OIF) et a demandé à adhérer à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP). "Il ne manque plus que le Commonwealth", ironise un observateur à Malabo.
L’exploitation du pétrole par des compagnies espagnole, française, américaines et chinoises a contraint certains pays à arrondir les angles avec le président équato-guinéen.
Avec ses recettes croissantes, M. Obiang a lui commencé à jouer aux bienfaiteurs. Dons lors de catastrophes (séismes en Chine ou Haïti), financement des institutions sous-régionales… "Au niveau de la région quand il faut contribuer, il contribue", souligne Teresa Avoro Nguema, doyenne de la faculté des Lettres et sciences sociales de l’universite nationale de Guinée équatoriale.
Pour elle, le président a été "désigné surtout pour son esprit humanitaire. Chaque jour il parle de paix".
M. Obiang a développé une diplomatie officielle reposant sur les pétro-dollars et dont le couronnement se voulait le don de 5 millions de dollars pour un prix Unesco à son nom récompensant "la recherche en sciences de la vie".
La mobilisation d’ONG et notamment du prix Nobel sud-africain Desmond Tutu a contraint l’Unesco à faire machine arrière.
"Obiang est responsable d’un bilan épouvantable en matière de violation des droits humains et d’une gestion catastrophique de la Guinée au cours des trente dernières années", soulignait alors l’ONG Human Rights Watch.
En parallèle, il a aussi mis en place une diplomatie officieuse très généreuse. Il a par exemple prêté un avion au président centrafricain François Bozizé pour sa campagne électorale, a constaté l’AFP ou comme le souligne une source diplomatique gabonaise: "Beaucoup de chefs d’Etat africains vont à Malabo quand ils ont des fins de mois difficiles. Ce sont les +valises+".
"Obiang désire que son pays, longtemps ignoré ou méprisé, ait un poids diplomatique en relation avec son nouveau poids financier. Ce en quoi, il répond aux aspirations des Equato-guinéens. Il y a un côté psychologique avec une revanche à prendre sur l’histoire. Ils veulent exister", souligne ce diplomate.
"Mais, Obiang veut aussi +blanchir+ en quelque sorte son nom associé jusque là à des violations des droits de l’homme et autres. Il est prêt à payer le prix pour une nouvelle virginité", ajoute ce diplomate.
Malabo balaie toutes les critiques contre le président Obiang estimant que l’Occident fait preuve "d’arrogance" et "d’ignorance" devant un président qui "ne s’est jamais plié aux intérêts occidentaux".
AFP
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