La Guinéenne Jeanne Martin Cissé, première femme à avoir présidé le Conseil de sécurité des Nations unies en 1972, est décédée mardi 21 février à l’âge de 91 ans. Jeune Afrique revient sur le parcours de cette femme d’exception, pionnière dans bien des domaines.
Jeune Afrique l’avait rencontrée récemment au mois de janvier. Elle ne parlait plus qu’avec les yeux, mais entendait encore, suffisamment, pour sourire des attentions. Née le 6 avril 1926 à Kankan, dans une famille musulmane modeste d’origine soussou et Malinké, elle était devenue institutrice en 1940, après avoir étudié à la célèbre école normale de Rufisque dirigée par Germaine Le Goff. Une école d’élite féminine qui s’était employée à faire de ces élèves venues de toutes l’Afrique coloniale française de futures enseignantes, attachées à leur africanité.
Une future élite féminine
C’est là qu’elle fera la connaissance des futures grandes intellectuelles africaines, comme l’écrivaine Mariama Bâ (Une si longue lettre), ainsi que la future ministre ivoirienne Jeanne Gervais décédée en 2012, ou encore la célèbre journaliste sénégalaise Annette Mbaye d’Erneville : « On a grandi dans la même cours d’école. C’était une pionnière africaine, une grande figure, la première femme africaine à avoir eu des postes importants au niveau international ».
En effet, en 1948, elle se marie à Ansoumane Touré, un des fondateurs du Parti Démocrate Guinéen (PDG) animé par Sékou Touré. Très vite, elle milite pour l’indépendance et œuvre pour l’émancipation des femmes en Afrique.
Présidente du Conseil de Sécurité de l’ONU
Avec l’arrivée de Sékou Touré au pouvoir en 1958, elle gravit un à un les échelons de la carrière politique. Élue député en 1968, elle est désignée en 1972 au poste de représentante permanente de la Guinée aux Nations unies, et devient par là même présidente du Conseil de Sécurité de l’ONU, son pays étant alors membre non permanent de ce comité.
En 1976, elle revient en Guinée pour devenir Ministre des Affaires sociales. En 1984, après la mort de Sékou Touré, elle est arrêtée, sans jugement, et emprisonnée jusqu’en mai 1985, puis libérée. Elle s’exilera alors de longues années aux États-Unis avant de revenir vivre dans son pays au début des années 2000.
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Que Dieu ait son âme.
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