CONAKRY – Des manifestants ont érigé samedi des barricades sur des routes de Conakry et de sa banlieue pour protester contre la confirmation, par la Cour suprême, de la victoire du parti au pouvoir aux législatives du 28 septembre, a constaté un journaliste de l’AFP.
Aux cris de non au hold-up électoral , non à la dictature d’Alpha Condé (président de la Guinée), mort à la Cour suprême, les jeunes manifestants ont érigé des barricades dans plusieurs quartiers réputés être des fiefs de l’opposition –Wanidara, Enco 5, Cosa, Bambéto et Hamdallaye.
Munis de bâtons et de cailloux, ils ont brûlé des pneus, renversé des poubelles sur la chaussée et empêchaient la circulation sur la principale route menant au centre-ville. Tous les commerces situés le long de cette voie ont fermé.
Policiers et gendarmes étaient déployés en grand nombre dans les quartiers concernés. Aucun incident n’avait été constaté en fin d’après-midi.
La Cour suprême a confirmé vendredi les résultats provisoires des élections législatives, publiés le 18 octobre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Selon ces chiffres, le parti du président Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), était arrivé en tête avec 53 députés et, avec de petits partis alliés, le pouvoir obtenait la majorité absolue (fixée à 58 sièges) à l’Assemblée nationale, comprenant au total 114 élus.
D’après les mêmes chiffres, les partis d’opposition avaient obtenu 53 députés.
L’opposition avait contesté ces résultats et affirmé qu’ils ne correspondaient pas à la volonté du peuple guinéen, dénonçant des fraudes massives.
Réunis samedi, les partis d’opposition ont décidé de consulter leur base au début de la semaine prochaine pour savoir quelles sont les actions à mener par l’opposition pour marquer son désaccord au sujet du verdict de la Cour, a indiqué son porte-parole Aboubacar Sylla.
Pour le chef de file de l’opposition et leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le droit n’a pas été dit. Si dans ce pays on n’a pas de recours pour statuer, prononcer le droit, rétablir les gens dans leur droit, c’est extrêmement grave, a-t-il déclaré à l’AFP.
Nous allons nous passer (de la Cour) et penser aux institutions et instances supranationales qui prévalent, selon la Constitution et le droit international, a déclaré l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, qui dirige le Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN).
Ce qui s’est passé est pitoyable, est déplorable, et c’est honteux parce que c’est du non-droit et de façon insidieuse, la dictature est en train de s’installer dans le pays, a-t-il affirmé.
Les législatives en Guinée, les premières depuis 2002, auraient dû se tenir dans les six mois suivant l’investiture en décembre 2010 du président Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée.
Elles ont été repoussées à maintes reprises, tant la méfiance est grande entre le chef de l’Etat et ses opposants dans ce pays à l’histoire marquée par les violences politiques et militaires, les coups d’Etat et la répression sanglante des manifestations.
(©AFP / 16 novembre 2013 18h39)