Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité, ce 18 mai, une résolution qui sanctionne les auteurs du coup d’État du 12 avril. Dans ce texte, le Conseil exige le retour immédiat à l’ordre constitutionnel, et demande à la Cédéao de travailler avec la CPLP, la Communauté des pays de langue portugaise.
Dans cette résolution, rédigée par le Portugal et adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité exige du commandement militaire des « mesures immédiates pour rétablir et respecter l’ordre constitutionnel, y compris un processus électoral démocratique ». Le texte ne mentionne pas le rétablissement dans leurs fonctions des autorités renversées le 12 avril dernier, comme cela avait d’abord été évoqué. Le Conseil demande à la junte de veiller « à ce que tous les soldats regagnent leurs casernes » et de renoncer à leurs fonctions d’autorité.
Harmoniser les positions
Pour cela, le Conseil engage la Cédéao a poursuivre ses efforts de médiation, mais en étroite coopération avec l’ONU, l’Union africaine et la Communauté des pays de langue portugaise. La Cédéao, qui a commencé à mettre en œuvre son propre plan de sortie de crise – notamment en déployant une force militaire pour sécuriser la transition – va donc devoir travailler avec l’Angola. Il revient maintenant au secrétaire général de l’ONU d’harmoniser les positions respectives des uns et des autres.
Le Conseil a par ailleurs adopté des sanctions ciblées contre cinq responsables du coup d’État qui ont dorénavant interdiction de voyager. En première position dans la liste des noms, le général Antonio Indjaï, le chef d’état-major de l’armée, accusé d’avoir participé à la planification opérationnelle du coup d’État.
L’ambassadeur du Portugal à l’ONU commente la résolution 2048
Rédigée par le Portugal et le Togo, la résolution 2048 impose à la Cédéao de travailler avec les pays de la CPLP, et donc avec l’Angola. L’ONU, surtout, s’empare ainsi du dossier bissau-guinéen, reléguant la Cédéao à un simple rôle de partenaire. José Filipe Moraes Cabral, l’ambassadeur du Portugal aux Nations unies a fait connaître son opinion, au micro de RFI. « Cette résolution souligne l’impérieuse nécessité d’une coordination efficace entre les différentes organisations internationales impliquées en Guinée-Bissau, une coordination assumée par les Nations unies. Car si elles agissent seules, ces organisations, la Cédéao, l’Union africaine, la Communauté des pays de langue portugaise, l’UE, ne parviendront pas à aider le pays à surmonter la crise qu’il traverse. Car la Guinée Bissau, ajoute-t-il, doit aussi faire face à de graves pénuries, de nourriture, de médicaments. L’argent manque aussi. Nous sommes préoccupés par ailleurs par l’étendue des pillages et par les violations des droits de l’Homme. Donc, je pense et j’espère que cette résolution aidera la Guinée-Bissau à surmonter cette crise, car la situation est critique à tout point de vue. Et notre position est la même depuis le début. La solution à la crise passe par le rétablissement immédiat des institutions démocratiquement élues et par le retour à l’ordre constitutionnel ».
RFI / samedi 19 mai 2012