Le puissant homme d’affaires français, Vincent Bolloré, mis en examen pour des faits de corruption, de faux et usage de faux, dans une affaire de corruption et de pots-de-vin en Guinée Conakry, vient d’être mis hors de cause par la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris qui a décidé que les faits sont juridiquement prescrits. Détails
Pour rappel, c’est vers la fin de l’année 2018, que les juges Aude Buresi et Serge Tournaire avaient mis en examen le sulfureux homme d’affaires breton, Vincent Bolloré et sa société du même nom, pour avoir mis au service d’Alpha Condé, Président de la République de Guinée et Faure Gnassingbé, Président du Togo, sa société de conseils et de communication Havas qui s’appelait alors Euro RSCG pour les aider dans leur communication lors des campagnes présidentielles dans les deux pays. En contrepartie, les candidats, réélus à la tête de leur pays devaient faciliter l’obtention de marchés aux filiales du groupe Bolloré, soupçonnaient ainsi les juges qui avaient fait remarquer que l’homme d’affaires avait en effet obtenu la gestion du port de Conakry, quelques mois après l’élection d’Alpha Condé fin 2010, et avaient remporté la concession du port de Lomé.
La perquisition menée au siège d’Havas il y’a quelques mois renforce les soupçons des juges qui ont trouvé des factures, souvent bien minorées, dans des échanges de mails entre les dirigeants de la boite de com et les responsables de la campagne des deux chefs d’État.
Comme par hasard, en Guinée, la société Getma International se voit électrocutée par Bolloré dans la gestion du port de Conakry, dans les premiers mois de l’élection d’Alpha Condé.
Dossier clos qui agace
Le patron, Grégory Querel, courroucé, crie à la corruption et dénonce déjà Euro RSCG d’avoir livré des prestations de communication au candidat Alpha Condé, en vue d’obtenir, en échange la concession du port à une autre société appartenant au groupe Bolloré. Il porte plainte. Sur sa dénonciation, Vincent Bolloré est convoqué et mis en examen. Mais l’affaire est classée. Les avocats de la société et du milliardaire invoquent la prescription. La Cour les suivra en sortant une jurisprudence qui dit qu’en cas d’infraction dissimulée ou occulte, le point de départ du délai de prescription est reporté au jour où l’infraction est apparue et a pu être constatée. Et soulignent que « le procureur de la République avait considéré que la résiliation de la concession puis son attribution à une société du groupe Bolloré, ainsi que l’intervention des forces publiques, relevaient de décisions de l’État guinéen et, en conséquence, qu’aucun des faits visés par la plainte, y compris ceux qualifiés de corruption, ne pouvait être reproché à ce groupe’’. Coup de tonnerre ! Le dossier est clos donc.
Mais, par cette même jurisprudence, l’affaire du Togo reste pendante, puisque, le Parquet national financier souligne que c’est la perquisition effectuée en 2014 et 2015 qui avait permis de « réunir les éléments et informations pour exercer une action publique en rapport avec la réalité des faits. » Affaire rocambolesque à suivre.
Par Oussouf DIAGOLA, Grand Reporter de Confidentiel Afrique à Paris