Guerre en Ukraine: quels risques pour l’Europe en cas de “capitulation” de Kiev face à Poutine?

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Un coup de fil historique, et l’Europe en plein doute. Lors d’un échange téléphonique inédit depuis l’invasion russe de l’Ukraine, les présidents américain et russe ont convenu ce mercredi 12 février de lancer des négociations “immédiates” pour mettre fin au conflit qui dure depuis trois ans. Une annonce qui a pris de court les Européens et les Ukrainiens.

Donald Trump a annoncé de premiers échanges ce mercredi en marge du sommet sur la sécurité de Munich, entre de hauts responsables russes et américains.

Avant même le début des négociations, le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a fait comprendre que les États-Unis n’accepteraient pas l’entrée dans l’Ukraine dans l’Otan, et que le pays ne retrouverait pas ses frontières d’avant 2014. La Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014, revendique cinq régions occupées à des degrés divers depuis le début de son offensive en Ukraine en février 2022.

Un risque de “capitulation”

Ces premières concessions ont provoqué l’inquiétude chez les dirigeants européens. Le chancelier allemand Olaf Scholz a mis en garde contre une “paix imposée”, tandis que Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, a dit craindre que Donald Trump “cède tout” à Vladimir Poutine.

“Une paix qui soit une capitulation” serait “une mauvaise nouvelle pour tout le monde”, a également averti le président français Emmanuel Macron dans une interview au Financial Times.

Avant sa rencontre vendredi avec Volodymyr Zelensky, le vice-président américain JD Vance s’est voulu rassurant. Dans une interview au Wall Street Journal, il a assuré que les États-Unis auront “à cœur l’indépendance souveraine de l’Ukraine” dans les négociations à venir. “Tout sera sur la table”, y compris “les moyens de pression militaire”, a-t-il ajouté.

Les services de renseignement en alerte

Reste que l’hypothèse d’une paix défavorable à Kiev reste sur la table, et pourrait menacer directement les Européens, à en croire plusieurs responsables.

“Un cessez-le-feu bâclé, c’est potentiellement le retour d’une guerre plus importante et qui peut nous menacer à moyen et long terme”, a insisté Sébastien Lecornu ce jeudi sur BFMTV.

Dans un message posté sur X, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann s’est montré plus alarmiste encore. “Ne pensez surtout pas qu’un cessez-le-feu fondé sur le dépeçage de l’Ukraine marquera la fin de la guerre. Cela ne fera que lancer sa seconde phase. Et cette seconde phase consistera à s’étendre sur le sol même de l’Union européenne”, a déclaré l’ancienne tête de liste de la gauche aux Européennes.

Ces derniers mois, plusieurs États ont effectivement mis en garde contre une offensive russe contre des membres de l’UE. Bien qu’une attaque russe ne semble pas probable “pour l’instant”, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a déclaré en janvier que “nos experts s’attendent dans cinq à huit ans à une période au cours de laquelle cela pourrait être possible”.

La Russie pourrait être prête à mener une “guerre à grande échelle” en Europe d’ici cinq ans, a aussi estimé le service de renseignement de défense danois (DDIS) dans un récent rapport cité par Politico. “La Russie sera probablement plus disposée à utiliser la force militaire dans une guerre régionale contre un ou plusieurs pays européens de l’OTAN si elle perçoit l’OTAN comme militairement affaiblie ou politiquement divisée”, avertissent les services danois.

L’Europe de l’est menacée?

Dans le cas d’une hypothétique offensive russe en Europe, “la question est de savoir si l’article 5 de l’Otan (qui prévoit une entraide militaire si l’un des membres de l’alliance est attaqué, NDLR) sera mis en œuvre”, pose Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po Paris et spécialiste des questions européennes. “Rien n’est moins sûr puisque Donald Trump a promis de ne pas intervenir en Europe”, bien que la quasi totalité des États européens soient membres de l’alliance atlantique.

Une guerre en Europe, mais où? “Les pays baltes savent qu’ils sont en première ligne. Mais aussi la Pologne, la Roumanie…”, liste Patrick Martin-Genier. “Il y a régulièrement des avions ou des drones qui survolent l’espace aérien de ces pays. Ils se savent menacés et ils se barricadent”, poursuit l’expert auprès de BFMTV.com.

Depuis le début de la guerre, plusieurs pays nordiques et de l’est prennent des mesures de précaution à l’égard de leur voisin russe. La Finlande a ainsi commencé à ériger une barrière à sa frontière avec la Russie, tandis que la Norvège, la Pologne et les pays baltes restreignent l’entrée de ressortissants russes sur leur territoire.

La Suède, elle, prépare les mentalités. Le royaume a récemment réédité un manuel de conseils à destination de ses citoyens pour qu’ils se préparent à une situation de “crise” ou de “guerre”.

Face à ces menaces, l’Europe risque de se trouver bien seule. Pete Hegseth a déclaré mercredi que “les États-Unis priorisent la dissuasion d’un conflit avec la Chine dans le Pacifique”. Il a ainsi exhorté les pays européens à investir dans leur défense, soutenant l’objectif de 5 % du PIB voulu par Donald Trump. “Le continent européen mérite d’être à l’abri de toute agression, mais ce sont les pays voisins qui devraient investir le plus dans cette défense individuelle et collective”, a affirmé le patron du Pentagone.

Son appel a déjà été entendu par les pays qui se sentent le plus menacé par la Russie. La Pologne va porter ses dépenses militaires à 5% de son PIB en 2025. Son voisin la Lituanie vise 6% d’ici 2030, contre environ 2% pour la France et l’Allemagne par comparaison.

Source: BFMTV.com

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4 COMMENTAIRES

  1. End of Russia Special Military Operation should come with all territory held by Russian military should belong to Russia upon peace agreement being completed.
    People of Books!
    Henry Author Price Jr aka Kankan

  2. Ainsi donc , mon “cher” Kinguiranke, l’avenir de l’Afrique est pour toi de devenir une puissance coloniale ? Beau projet, mais franchement je pense qu’il y a quelques problèmes purement africains à régler d’ici là.

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