Génocide: le procès d’une Rwandaise naturalisée s’ouvre aux Pays-Bas

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Yvonne Basebya (d), Néerlandaise d’origine rwandaise, arrive au tribunal de La Haye, le 22 octobre 2012

LA HAYE (AFP) – (AFP) –  Le procès pour génocide d’Yvonne Basebya, une Néerlandaise d’origine rwandaise poursuivie pour son rôle dans le massacre de près d’un million de personnes en 1994 au Rwanda, s’est ouvert lundi à La Haye.

Mme Basebya, 65 ans, est accusée d’implication dans le “meurtre et viol de Tutsi dans le but d’exterminer la population Tutsi”, a déclaré le représentant du parquet Ward Fernandusse peu après l’ouverture de l’audience.

Vêtue d’une chemise rose, d’une veste de costume couleur crème et d’un pantalon noir, Yvonne Basebya a écouté attentivement les représentants du parquet énumérer les six chefs d’accusation dont elle doit répondre dans le cadre du massacre perpétré en 1994 par les Hutu extrémistes.

Déclenché après l’assassinat le 6 avril 1994 du président rwandais, le Hutu Juvénal Habyarimana, le génocide rwandais a fait 800.000 morts en trois mois selon l’ONU, essentiellement au sein de la population tutsi, mais également parmi les Hutu modérés.

Mme Basebya, née Ntacyobatabara, est accusée d’avoir joué un rôle crucial dans le génocide, notamment dans le meurtre de 110 Tutsi réfugiés dans une église pallottine au sud de Kigali au début du génocide rwandais.

A l’aide de “cadeaux, promesses, abus d’autorité, violences ou menaces”, Mme Basebya a incité d’autres personnes, dont les membres de la milice Interhahamwe, à tuer des Tutsi, selon le parquet.

Elle aurait en outre dressé des listes de personnes à tuer et chanté des chansons telles que “Tubatsembatsembe”, qui signifie “Exterminons-les”, selon la même source.

Interpellée le 21 juin 2010, Mme Basebya a réfuté les accusations portées contre elle “depuis le début”, a déclaré à l’AFP son avocat Victor Koppe peu avant le début de l’audience, pointant du doigt un “petit groupe de témoins qui conspirent contre ma cliente”.

En salle d’audience, Me Koppe a soutenu que le parquet avait sciemment passé sous silence l’acquittement en 2003 à Kigali d’un homme accusé de massacres génocidaires après que des témoins eurent été jugés peu crédibles.

“Ce sont les mêmes témoins qui ont déposés dans le cadre du procès de ma cliente”, a lancé Victor Koppe devant les juges.

“Nous n’avons appris qu’au dernier moment que ce jugement existait”, a-t-il dit, avant de demander aux juges d’abandonner les poursuites : “L’accusation a cyniquement ignoré ce jugement et le droit de ma cliente à un procès juste a été irrémédiablement violé”.

Mariée à un ancien député rwandais ayant travaillé comme enquêteur pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda, Mme Basebya est venue vivre aux Pays-Bas en 1998 dans le cadre d’un regroupement familial et dispose de la nationalité néerlandaise depuis 2004.

Elle avait été jugée par contumace en 2007 par un tribunal communautaire villageois, dit Gacaca, et condamnée à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans le génocide.

Mme Basebya est jugée par un tribunal néerlandais en vertu d’une loi de “compétence universelle” dont sont pourvus les Pays-Bas. Un jugement est attendu environ trois mois après la fin du procès, prévu pour durer jusqu’à fin 2012.

Joseph Mpambara, un Rwandais vivant aux Pays-Bas condamné à 20 ans de prison en première instance, avait été condamné en appel le 7 juillet 2011 à la prison à vie pour des crimes de guerre commis lors de l’attaque d’une église durant le génocide au Rwanda en 1994. Des centaines de Tutsi qui s’étaient réfugiés dans l’édifice avaient alors été tués.

 

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