Gênes: le bilan de l’effondrement du pont Morandi s’alourdit à au moins 38 morts

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Les secours ont passé toute la nuit de mardi à mercredi à chercher des survivants.

ITALIE – Les sauveteurs ont lutté toute la nuit du mardi 14 au mercredi 15 août pour tenter de trouver des survivants sous les débris du viaduc autoroutier qui s’est effondré à Gênes, dans le nord de l’Italie, tuant des dizaines de personnes. L’effondrement soudain de cet ouvrage massif, appelé pont Morandi du nom de son concepteur, a précipité véhicules et passagers dans le vide d’une hauteur de 45 mètres.

Le bilan, encore provisoire et incertain, est très lourd. Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, qui se trouvait en Sicile, a évoqué mardi soir “une trentaine de morts confirmés et beaucoup de blessés graves”, promettant que les responsables allaient “payer, payer tout et payer cher”. Mercredi matin, il a communiqué un bilan plus lourd, d’au moins 35 morts, qui a un peu plus tard été porté à 38 victimes.

“Malheureusement, le nombre de victimes du massacre de Gênes est passé à 35. MERCI aux médecins, à tous les sauveteurs et volontaires présents sur place”.

Arrivé sur place en début de soirée, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, avait parlé d’un bilan très provisoire de 25 morts et 16 blessés dont neuf graves. La région de Ligurie, dont Gênes est la capitale, a annoncé qu’un blessé était décédé en salle d’opération.

Un millier de membres des services de secours mobilsés

“C’est une catastrophe qui a frappé Gênes et toute l’Italie. Un drame effrayant et absurde s’est abattu sur des personnes et des familles”, a déclaré le président italien Sergio Mattarella dans un communiqué. À la tombée de la nuit, dans un amas impressionnant de tôles et de béton, des centaines de secouristes fouillaient les décombres du viaduc avec l’aide de chiens, à la recherche de survivants.

Selon la protection civile italienne, en comptant tous les personnes impliqués (les pompiers, les policiers, la Croix-Rouge…), les secours ont mobilisé un millier de personnes. “L’espoir ne cesse jamais, nous avons déjà sauvé une dizaine de personnes sous les décombres, on va travailler 24 heures sur 24”, a déclaré à l’AFP un responsable des pompiers, Emanuele Gissi (bien Gissi). “Les opérations se poursuivent ce soir et vont durer toute la nuit”, a déclaré ce responsable.

“Sur certaines zones, après une première phase où les cavités ont été explorées par les personnels, nous faisons intervenir maintenant des pelleteuses pour déplacer les morceaux de béton les plus volumineux pour retrouver des victimes”, a-t-il expliqué. “Par expérience, nous ne pouvons exclure la possibilité qu’il reste des survivants”, a-t-il déclaré. “Les 240 pompiers engagés vont se relayer toute la nuit en travaillant à la lumière des projecteurs”.

“Une immense tragédie”

Le centre de commandement des pompiers a indiqué sur son compte Twitter qu’il n’avait pas reçu de “demandes de secours” de la part de la population, qui auraient pu provenir de personnes dont les habitations auraient été touchées par l’effondrement du pont. Toutefois, “des opérations de reconnaissance sont en cours sur le terrain”, a indiqué le centre.

“Les premières victimes de surface ont été évacuées, maintenant il faut rechercher sous les décombres des bâtiments, mais il y a des milliers de tonnes de béton”, a dit à l’AFP un pompier français venu en renfort, Patrick Villardry. Le ministre des Transports et des Infrastructures, Danilo Toninelli, a évoqué “une immense tragédie”.

Mercredi, Luigi di Maio, vice-Premier ministre et chef de file du Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste), se rendra sur les lieux dans la matinée avec Danilo Toninelli. Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite) et lui aussi vice-Premier ministre, est attendu dans l’après-midi de mercredi sur le site de l’effondrement, le plus meurtrier en Europe depuis 2001.

“Il est inacceptable de mourir comme ça en Italie”

Le drame s’est déroulé en fin de matinée, sous une pluie battante. Dans un énorme grondement, qui a fait craindre aux riverains un tremblement de terre, le pont Morandi s’est effondré sur plus de 200 mètres, entraînant une trentaine de voitures et plusieurs poids-lourds.

De l’une de ces voitures, Davide Capello, 36 ans, lui-même pompier, est sorti sans une égratignure. “D’abord j’ai entendu un bruit, puis tout s’est écroulé”, a-t-il raconté, encore sous le choc. “J’ai vu la route disparaître, ça a été une énorme frayeur. Je ne sais pas comment ma voiture n’a pas été écrasée”.

Afifi Idriss, chauffeur routier marocain de 39 ans, a lui aussi eu de la chance: “J’ai vu le camion vert devant s’arrêter et faire marche arrière, je me suis arrêté, j’ai fermé le camion et je suis parti en courant”, a-t-il raconté à l’AFP. Le camion vert était toujours là mardi soir, juste avant le vide béant. “Je suis passé dessus des milliers de fois, il y avait toujours des travaux”, a raconté à l’AFP Sandro, un chauffeur de taxi de 53 ans.

Mais très vite, le choc a fait place à la colère.”Je ferai tout pour avoir les noms et les prénoms des responsables passés et présents. Il est inacceptable de mourir comme ça en Italie”, a lancé M. Salvini. “Ils devront payer, payer tout et payer cher”.

Des travaux de consolidation étaient en cours

Le président Mattarella a appelé à “un examen sérieux et sévère des causes” du drame. “Aucune autorité ne pourra se soustraire à un exercice de pleine responsabilité: les familles de tant de victimes l’exigent, de même que la communauté frappée par un événement qui laissera des traces”. “Les Italiens ont droit à des infrastructures modernes et efficaces”, a ajouté le président.

Le pont Morandi, long de 1,18 km, est un ouvrage en béton de la fin des années 1960 qui a connu selon les experts des problèmes structurels dès sa construction et faisait l’objet d’un coûteux entretien lié en particulier aux fissures et à la dégradation du béton.

Selon la société italienne des autoroutes, “des travaux de consolidation étaient en cours sur la base du viaduc”, qui faisait l’objet “d’activités constantes d’observation et de vigilance”. “Ces tragédies ne peuvent pas arriver dans un pays civilisé comme l’Italie. La maintenance est prioritaire sur toute autre chose et les responsables devront payer”, a lui aussi insisté Danilo Toninelli.

L’autoroute A10, dite “autoroute des fleurs”, relie Gênes à Vintimille, à la frontière française. En raison du relief très accidenté de la région, entre mer et montagne, son parcours est jalonné de longs viaducs et de tunnels.

Par huffingtonpost.fr

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