Contrairement aux premiers jours à l’Hôtel du Golf après son arrestation, l’embarrassant prisonnier d’Alassane Ouattara traverserait en ce moment une période difficile dans le village de Kalaha, département de Korhogo. Au moment, l’on assiste à un début de revirement de situation de la part de ses partisans.
Arrêté le 11 Avril dernier à Abidjan, Laurent Gbagbo a été transféré par hélicoptère à Korhogo 48 heures plus tard.
Il serait sous haute surveillance dans le village de Fakaha situé dans la préfecture de Napie, département de Korhogo.
Sa prison dorée serait une vaste villa où des travaux supplémentaire sont désormais entrepris dans le souci de renforcer la sécurité.
Il s’agit en l’occurrence de la construction de miradors, de souterrains et de postes. Il faut dire que le prisonnier est, pour le moins encombrant pour le nouveau régime.
Après tout, Abidjan lui a bien reconnu le statut d’ancien chef d’Etat et il est arrivé 2ème à la suite des dernières élections présidentielles. Il peut se targuer d’avoir encore de nombreux partisans à Abidjan et qui n’ont pas totalement perdu toutes leurs capacités de nuisance.
Dans sa prison dorée, le prisonnier serait désormais peu disposé à s’alimenter. Ce qui n’est pas bon signe. Il consacrerait tout son temps à la lecture et devant le téléviseur.
Il serait aujourd’hui pris de remords au point de demander au nouveau maître d’Abidjan de lui permettre de faire un aveu public sur les antennes nationales. Alassane Ouattara n’aurait, pour l’instant pas donné suite à la requête.
Le prisonnier, nous apprend-on, est très préoccupé par le sort de ses proches, sa mère et son épouse, Simone en l’occurrence.
Il aurait droit à 5 minutes de communication téléphoniques une fois par semaine avec elle. Il serait très affecté par cette séparation.
En vue de s’enquérir de ses nouvelles, ses partisans ont sollicité un permis de visite auprès des nouvelles autorités d’Abidjan. Ils auraient en outre saisi la Croix Rouge à cet effet.
Il faut dire que la famille Gbagbo n’a pas des défenseurs seulement en Côte d’Ivoire. La preuve.
Un sénateur républicain de l’Oklahoma (Etats Unis) incite l’administration Obama à faire pression sur ADO en faveur du prisonnier
Mr James Inhofe est un sénateur républicain de l’Oklahoma (Etats Unis), très proche de la famille Gbagbo. Dans un discours qu’il a récemment prononcé devant le Congrès et le Sénat Américains, il a invité la Maison Blanche à revoir sa position sur la question ivoirienne et demandé que le président Obama joue de son influence pour trouver un exil doré aux Gbagbo ; lequel, à ses dires serait victime d’une machination.
Machination ? Le mot est lâché ! De nombreux contours de l’arrestation, la détention et d’un éventuel jugement des Gbagbo résistent difficilement au droit international.
Il se trouve, par exemple, que Simone Gbagbo est député. Si son époux peut être considéré comme ex-chef d’Etat, tel n’est pas son cas. Puisque l’Assemblée Nationale ivoirienne n’a pas encore été dissoute, son mandat court toujours. Son immunité parlementaire aussi.
Par ailleurs, pendant que la Cour Pénale Internationale s’engage à entamer des poursuites comme les présumés auteurs de crimes, la Côte n’a pas encore ratifié le Statut de Rome. Le pays avait cependant reconnu la compétence de la Cour en 2003 par une déclaration ad hoc et portant sur les crimes commis 2002.
En clair, le jugement des Gbagbo risque d’être plus compliqué qu’on ne le pense. Et leurs défenseurs ne s’en porteront que mieux. D’ores et déjà, une pétition circule en vue de leur libération sans condition (lire encadré). Elle a obtenu de nombreuses signatures.
En définitive, les Gbagbo risqueront de rester longtemps une épine dans le pied d’Alassane Ouattara. Les retenir dans leur prison dorée ne sera pas sans mal. Les libérer, non plus !
B.S. Diarra