Gambie: les victimes du régime Jammeh veulent le voir un jour traduit en justice

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Yahya Jammeh salue pour la dernière fois ses partisans avant de rentrer dans l'avion du président Alpha Condé, à l'aéroport de Banjul le 21 janvier 2017. © STRINGER / AFP

En Gambie, les victimes du régime de Yahya Jammeh s’organisent dans l’espoir de le voir un jour traduit en justice. Alors que l’ancien dictateur est actuellement en exil en Guinée Equatoriale, une campagne soutenue notamment par Human Rights Watch a vu le jour samedi 21 octobre à Banjul. L’idée est née après la rencontre entre les victimes de Yahya Jammeh, et celles de l’ancien président tchadien Hissène Habré, condamné à perpétuité en appel à Dakar en avril dernier. Les Gambiens veulent à leur tour se mobiliser pour peut-être, un jour, voir Yahya Jammeh répondre de ses actes devant un tribunal.

« En 2005, ma mère a reçu un appel lui annonçant que mon père avait disparu », témoigne une femme. Les récits s’enchaînent : un imam torturé, une victime du faux traitement contre le sida de l’ancien dictateur, des filles d’opposants disparus, etc. Aujourd’hui, tous n’ont qu’un seul but : que Yahya Jammeh soit un jour traduit en justice.

« Beaucoup d’entre nous, nous nous battions chacun de notre côté, raconte Amadou Janneh, un ancien prisonnier politique. Mais cette campagne, ça nous permet de mettre au point une stratégie en commun. Et c’est ça qui va nous donner plus de pouvoir. »

Pour la stratégie juridique, la campagne pour que Yahya Jammeh soit traduit en justice peut compter sur l’avocat américain Reed Brody. Après avoir travaillé près de 20 ans sur le dossier Habré, il se penche aujourd’hui sur le cas Jammeh : « L’idée c’est que le coût pour la Guinée Equatoriale de faire obstacle à cette lutte pour la justice soit trop élevé. Lorsque les victimes ont frappé à toutes les portes, à la Cédéao, à l’Union africaine, au Sénégal, qu’on crée un consensus. Et que la Guinée Equatoriale se plie à ce consensus. »

Un travail qui demande beaucoup de patience, mais ça ne fait pas peur à Nana-Jo Ndow, dont le père a disparu en 2013 : « Déjà dès qu’on on me dit “c’est impossible”, moi j’arrête de parler. Cette attitude défaitiste, pas pour moi. Je suis prête à attendre 20 ans, 30 ans, pour que justice soit faite. »

La campagne attend aussi beaucoup de l’enquête menée en Suisse contre l’ancien ministre de l’Intérieur gambien Ousmane Sonko, actuellement en détention.

Par RFI Publié le 22-10-2017

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