DÉCRYPTAGE. Pour cet observateur avisé de la vie politique et économique de son pays, il est impératif que le vainqueur proclamé mardi soit le vrai.
Les Gabonais retiennent leur souffle en attendant l’annonce officielle des résultats de la présidentielle du 27 août. Tous les regards sont tournés vers la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap), sise dans la cité de la Démocratie. Elle a la lourde tâche de comptabiliser les voix puis de rendre public le nom du vainqueur. C’est que le pays garde vivace le souvenir des violences du scrutin de 2009, des contestations de 2005, et même celles de 1993, année de la première élection multipartite du pays. Le président sortant, Ali Bongo, et son challenger, Jean Ping, se sont, par leur entourage ou directement, autoproclamés « élus ». Pas de quoi rassurer sur les lendemains d’annonce officielle des résultats. Pour Le Point Afrique, Mays Mouissi, économiste, banquier et blogueur influentvivant au Canada, livre son analyse de ce scrutin électoral.
Le Point Afrique : L’élection a-t-elle été transparente ?
Mays Mouissi : L’opposition et la majorité sortante sont d’accord pour dire qu’il y a eu des fraudes pendant le scrutin. Cependant, elles se rejettent mutuellement la responsabilité des fraudes qu’elles dénoncent. L’opposition accuse le pouvoir d’avoir mis en place un réseau de bureaux de vote pirates à travers le pays pour s’attribuer des victoires qu’il n’aurait pas eues dans les urnes et d’avoir pratiqué l’achat de conscience avec à l’appui des vidéos où on voit des responsables politiques distribuer massivement de l’argent à la population. La majorité sortante soutient quant à elle qu’il y aurait eu des fraudes dans les bureaux de vote où les partisans de l’opposition seraient arrivés en premier, sans très bien expliquer en quoi auraient consisté les fraudes dénoncées.
Sans attendre les résultats, les deux candidats se déclarent vainqueurs, avec quelle suite ?
Les échanges que j’ai pu avoir avec les membres des états-majors des deux principaux candidats m’ont permis de constater une divergence assez nette sur l’idée qu’ils se font de l’issue du vote. Du côté de Jean Ping, on est assez précis. On affirme avoir fait le décompte à hauteur de 58 % des inscrits et remporté le scrutin avec près de 59 %. Du côté d’Ali Bongo, le chiffre d’une victoire à 65 % fut un temps avancé, mais son invraisemblance a certainement conduit son état-major à plus de prudence. Désormais, les partisans d’Ali Bongo Ondimba se limitent à dire qu’il aurait remporté 5 provinces sur les 9 que compte le Gabon, en évitant d’avancer des chiffres.
Faut-il craindre des troubles à l’annonce des résultats officiels ?
Ce qui est certain, c’est que l’annonce officielle des résultats va cristalliser les tensions. Ali Bongo et Jean Ping se sont tous deux déclarés vainqueurs. Reconnaissant leur défaite, les candidats Pierre Claver Maganga Moussavou et Augustin Moussavou King ont d’ores et déjà salué la victoire de Jean Ping. Ce 28 août, le Parti socialiste français publiait un communiqué dans lequel on pouvait lire « les premières estimations indiquent que le président sortant Ali Bongo serait battu au profit de Jean Ping ». Tout cela a préparé et convaincu l’opinion que l’alternance est inéluctable. Je crains que si Ali Bongo était déclaré vainqueur du scrutin des troubles éclatent à travers le pays.
Ni Ali Bongo ni Jean Ping ne semblent pourtant prêts à céder…
Dans l’attente des résultats officiels, je ne veux pas préjuger de l’attitude de l’un ou de l’autre après l’annonce des résultats. Je veux simplement croire que les résultats qui seront annoncés par le ministère gabonais de l’Intérieur traduiront la réalité du vote exprimé par les Gabonais. Il est important que le prochain président de la République soit élu « comme on l’entend », pour reprendre une expression désormais célèbre du Premier ministre français Manuel Valls.
Dans tous les cas, j’espère que l’un et l’autre possèdent un sens suffisamment élevé de la nation pour que chacun dans sa position concoure à ce que le choix effectué par les Gabonais dans les urnes, et seulement celui-là, soit proclamé par les autorités compétentes. En agissant ainsi, ils rendraient service à la nation et lui éviterait les violences que tout le monde lui prédit.
Un scénario à l’ivoirienne est-il à craindre ? Ou comme en 2009 aussi lorsque André Mba Obame avait prêté serment…
Je ne crois pas et ne souhaite pas qu’un scénario à l’ivoirienne puisse être reproduit au Gabon avec toutes les violences et exactions qu’il implique. L’élection du président de la République est le seul moment où la nation est invitée à choisir son principal dirigeant. Si ce choix souverain est respecté, il n’y a aucune raison que l’un ou l’autre des candidats prête serment de façon unilatérale. L’acte d’André Mba Obame que vous évoquez venait en contestation de la désignation d’Ali Bongo comme président de la République après la présidentielle de 2009. Mba Obame estimait en être le véritable vainqueur. Il était déjà question de transparence électorale. Gageons que 2016 ne sera pas un remake de 2009.
Que faut-il retenir du scrutin du 27 août 2016 ?
Le scrutin s’est déroulé dans un climat de tension et de suspicion qu’on avait déjà observé pendant la phase de propagande électorale. L’opposition a mis en place des dizaines de brigades antifraude qui ont sillonné les centres de vote et traquer les irrégularités. La majorité s’est plainte de la violence dont auraient été victimes certains de ses membres. Dans les centres de votes consulaires, certains ambassadeurs se sont refusés à proclamer officiellement et publiquement des résultats pourtant connus de tous parce que défavorables au candidat Ali Bongo. Au plan politique, on retiendra que ce scrutin a principalement opposé deux hommes qui ont un passé commun, mais qui n’ont pas la même ambition pour le Gabon. Ali Bongo se sera battu pour assurer sa pérennité tandis que Jean Ping aura mis toutes ses forces dans cette bataille pour mettre un terme à ce régime.
jean ping = ali bongo. le 1 est gourman et demande trop qua t il fait a ua commet sg et veut diriger le gabon. il faut une opposition constituee de jeunes pour un vrai combat. si par malheur le gabon se voit diriger par jean ping se serait du gachi.
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