Le principal opposant gabonais, André Mba Obame, est mort dimanche 12 avril des suites d’une longue maladie à l’âge de 57 ans. Ancien baron du régime d’Omar Bongo Ondimba, André Mba Obame était passé dans l’opposition après la mort du président gabonais en 2009.
Candidat à la présidentielle organisé la même année, il avait ensuite contesté la victoire d’Ali Bongo, le fils de l’ancien chef de l’Etat, en dénonçant un « coup d’Etat électoral ». Puis il s’était autoproclamé président de la République en 2011. Son parti, l’Union nationale (UN), avait alors été dissous.
« Attaques mystiques répétées »
Membre fondateur de l’UN, André Mba Obame avait été contraint de s’éloigner de la vie politique gabonaise en 2013 pour des ennuis de santé dont l’origine demeure floue. « J’ai été à plusieurs reprises dans un état de coma avec une paralysie presque totale et des difficultés d’élocution. Ça ressemble à un AVC (accident vasculaire cérébral) mais il n’y pas de traces d’AVC au niveau du cerveau », avait-il déclaré dans une interview à l’AFP.
Assurant avoir « été l’objet d’attaques mystiques répétées », il avait quitté le Gabon en 2013 pour Tunis, puis Niamey au Niger où il suivait des soins. « Il a trouvé la mort à Yaoundé, dernière étape vers l’Afrique du Sud, où il devait se rendre mardi pour poursuivre sa thérapie », a confirmé au Monde un dirigeant de l’Union nationale.
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Sa dernière apparition publique remontait à la fin d’avril 2014. L’ancien séminariste et catholique pratiquant avait alors effectué le voyage à Rome pour assister à la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II à la basilique Saint-Pierre.
Opposition hétérogène
Le passage dans l’opposition d’André Mba Obame avait amorcé un mouvement de défection d’anciens piliers du régime d’Omar Bongo qui se retrouvent aujourd’hui regroupés dans un large front uni contre le fils Bongo et actuel chef de l’Etat, de plus en plus isolé.
La prochaine élection présidentielle est prévue pour 2016 alors que le Gabon, pays producteur d’or noir, est frappé de plein fouet par la baisse des cours du pétrole et qu’une part grandissante de la population veut en finir avec « la démocratie dynastique » gabonaise qui ne leur a fait connaître qu’une famille au pouvoir à Libreville depuis près de cinquante ans.
Un dirigeant de l’Union nationale se demandait ainsi, si la mort d’André Mba Obame, qu’une rumeur populaire insistante attribue à un empoisonnement, n’allait pas provoquer des troubles dans les rues gabonaises. Reste également à savoir si le front uni de l’opposition, rassemblement hétérogène d’opposants de toujours et de ralliés de la dernière heure, résistera au départ de leur principal rassembleur.
Christophe Chatelot du journal le Monde.fr