Gabon, énième farce électorale africaine

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Le président Ali Bongo Ondimba assiste à la prière dans la mosquée Hassan II à Libreville, le 12 septembre 2016. CRÉDITS : AFP
Le président Ali Bongo Ondimba assiste à la prière dans la mosquée Hassan II à Libreville, le 12 septembre 2016. CRÉDITS : AFP

A l’annonce, mercredi 31 août, des résultats de l’élection présidentielle au Gabon, la ficelle était vraiment grosse : Ali Bongo Ondimba l’emportait avec quelque 6 000 voix d’avance, essentiellement acquise dans son fief du Haut-Ogooué, où le taux de participation a atteint un improbable 99,83 % et les votes en sa faveur, un tout aussi improbable de 95,46 %.

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L’Afrique a l’habitude des mascarades électorales. Il y en a eu en 2015 et 2016 au Togo, en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Congo-Brazzaville, au Tchad… mais rarement la fraude fut aussi grossière. Il est vrai qu’au Togo, en février 2015, ce sont les travaux de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui ont été interrompus par une proclamation soudaine des résultats, mais l’honneur était sauf puisque les chiffres semblaient crédibles pour une communauté internationale crédule. Au Gabon, le pouvoir semble avoir été pris de court et n’a pas maquillé la fraude comme d’autres savent si bien le faire. Du coup, l’adversaire malheureux, Jean Ping, demande un recomptage dans le Haut-Ogooué. Ironie du sort, ce dernier refusa d’envisager un recomptage en Côte d’Ivoire en 2010 quand il était président de la Commission de l’Union africaine (UA).

Nouvelle jurisprudence

La France et l’Union européenne (UE) demandent une publication des résultats par bureaux de vote. Alors que les missions d’observation électorale de l’UE ne cessent de regretter l’absence de publication des résultats par bureaux de vote (notamment en Côte d’ivoire en 2010, Togo en 2010, Guinée 2015), la France n’avait jamais rien exigé en la matière, se contentant des résultats agrégés.

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Les résultats d’Ali Bongo dans le Haut-Ogooué sont évidemment peu crédibles, mais pas davantage que ceux d’Alassane Ouattara dans la région de Kabadougou en 2015 (99,23 % des voix) ou de Worodougou (99,26 %). En Côte d’Ivoire, huit régions au final avaient affiché des scores à plus de 97 % des voix en faveur du président sortant avec des taux de participation, il est vrai, « crédibles » situés entre 80 % et 90 % quand la moyenne nationale se situait à 52 %…

De la même façon, les résultats dans le Haut-Ogooué ne sont pas moins crédibles que ceux d’Alpha Condé dans la région de Kankan en 2015, son fief électoral, où le chef de l’Etat sortant avait obtenu 95 % des voix dans cette région qui a connu la plus forte progression des inscrits sur les listes électorales (+ 26,6 %) lui offrant ainsi 804 000 voix et une victoire dès le premier tour face à son principal opposant Celou Dalein Diallo.

Argent contre liberté des peuples

Bref, faisons table rase du passé et considérons la nouvelle jurisprudence en matière électorale c’est-à-dire une exigence générale de transparence et la publication des résultats par bureau de vote. Il est utile de préciser que cette jurisprudence ne s’applique pas à la Chine, l’Arabie saoudite, le Qatar et consorts, car l’argent est une norme supérieure à la liberté des peuples. On peut d’ailleurs se demander si la disgrâce d’Ali Bongo ne serait pas due en partie à des largesses moindres à l’endroit des politiques français habitués à être généreusement choyés par son auguste père, Omar.

La classe politique française reste bien silencieuse à propos de ces satrapes africains. En revanche, ses membres sont nombreux à être aperçus dans les halls des palaces parisiens où descendent lesdits satrapes… Mais revenons à la nouvelle jurisprudence ! En déclarant ce qu’a déclaré la France, elle a explicitement reconnu le caractère non transparent du scrutin. Comme il est probable que la Cour constitutionnelle gabonaise validera la victoire d’Ali Bongo, sur quoi se fonderont la France et l’Union européenne pour, au final, se faire une opinion sur la gestion du contentieux électoral ?

La mission d’observation européenne ne publiera son rapport qu’au terme du processus électoral et son mandat ne l’autorise pas à intervenir. La France et l’UE vont-elles déjugerla Cour constitutionnelle si la victoire d’Ali Bongo est validée alors qu’elles n’ont aucun mandat pour le faire ? Il y a bien sûr l’option des sanctions individuelles contre le président réélu et son clan (gel des avoirs et interdiction de voyager), mais sur quels éléments objectifs les motiver ? Le caractère peu crédible des résultats électoraux ? Dans ce cas, il faudra placer sous sanctions individuelles de nombreux chefs d’Etat africains ! On comprendra que les exigences de cohérence et de légalité laissent une faible marge de manœuvre.

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Le philosophe camerounais Achille Mbembe disait dans un entretien à Courrier International en 2008 : « Si les Africains veulent la démocratie, c’est à eux d’en payer le prix. Personne ne le paiera à leur place. Ils ne l’obtiendront pas non plus à crédit. » C’est ce que nous enseigne l’exemple burkinabé d’octobre 2014. Le salut ne viendra pas de l’extérieur, mais de la volonté du peuple de prendre en main son destin.

Laurent Bigot est un ancien diplomate français devenu consultant indépendant.

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7 COMMENTAIRES

  1. Dites leur de continuer à compter sur l’Eternel et de patienter. De ne pas gérer par la force ce qui ce décide au ciel. Leur prier de l’autre dimanche est arrivée au ciel. Et il se passera quelque chose. Prophète Guindeba

  2. Chaque candidat politique fait des scores soviétique dans son fief,cela n est pas valable seulement pour l afrique,c est partout.
    Pourquoi en faire un argument de contentieux électoral si on connaît bien l histoire politique
    en général.
    Qui a pu battre Jacques choral dans le Corrèze de son entrée en politique à sa retraite?
    Personne
    Alors à Ali sa victoire et à Jean ping la retraite en attendant son rappel à Dieu.

  3. Nous disons et rappelons la vérité fait mal aux malhonnêtes et les met hors d’eux mais rend heureux et apaise les honnêtes

    1)Nous disons et rappelons Robert Bourgi l’héritier de Jacques Foccart pour la « France-Afrique » a dit il y a juste quelques mois avant les élections présidentielles gabonaise
    *Avoir reçu chez lui à plusieurs reprises les opposants gabonais
    *Avoir conseillé a Ali Bongo de continuer dans la même voie que son père défunt en ce qui concerne ses relations avec la « France-Afrique » et ainsi que ses relations avec les opposants mais que Ali Bongo lui a répondu par un fin de non recevoir
    *Son regret d’avoir soutenu Ali Bongo lors de la précédente élection présidentielle car Ali Bongo ne fait qu’à sa tête et refuse d’appliquer les dicta de la « France-Afrique » à la lettre
    *Que Ali Bongo constitue le Vrai problème du Gabon et il n’a pas du tout hésité à le traiter de CANCER POUR LE GABON

    2)Nous disons et rappelons les opposants gabonais lors de la campagne présidentielle ont traité le président sortant Ali Bongo de Nigérian et de fils adoptif de Oumar Bongo et qu’il n’est pas un vrai gabonais

    *Nous disons et rappelons par ailleurs Jean Ping le candidat de l’opposition aux élections présidentielles a bien dit dans le Woleu Ntem le fief tribal de Ali Bongo qu’UNE FOIS ÉLU PRÉSIDENT IL VA MENER 1EXPÉDITION CONTRE LES CAFARDS

    3)Nous disons et rappelons donc vue la virulence des qualificatifs utilisés CANCER DU GABON ET EXPÉDITION CONTRE LES CAFARDS ET L’ÉTRANGER NIGÉRIAN le président sortant Ali Bongo doit donc partir coûte que coûte même contre le choix du peuple gabonais en effet

    Nous disons et rappelons tous le monde sait avec 1brin d’honnêteté même les tarés idiots de naissance et ceux qui refusent de connaitre la vérité d’1chose d’1situation pour des raisons primitives primaires égoïstes partisane que

    *Le cancer 1fois diagnostiqué doit être extirpé aux fins que la personne affectée se sent bien donc Ali Bongo le Cancer de la « France-Afrique Gabon » doit être extirpée aux fins que la « France-Afrique Gabon» se sente bien

    *L’étranger à savoir le nigérian le fils adoptif le non vrai gabonais ne peut en aucun diriger le Gabon des vrais et authentiques gabonais Et pourtant le candidat de l’opposition jean Ping n’a ni la couleur de peau de l’authentique gabonais ni les traits de visage de l’authentique vrai gabonais

    *Les cafards 1fois localisés dans la maison on mène alors 1expedition pour les tuer puis les balayer Ainsi Ali Bongo et toute sa clique et sa tribut considérés comme des cafards seront éliminés et balayés comme ce fut le cas au Rwanda car les Tutsi furent traités de Cafards

    4)Nous disons et rappelons donc tout fut mis en place avant les élections pour EXTIRPER LE CANCER RANCE-AFRIQUE GABON POUR SE DÉBARASSER DE L’ÉTRANGER NIGERIAN POUR BALAYER LES CAFARDS

    *Des hackers furent sollicités et les autorités compétentes n’ont pas été informées de la présence de hacker ce qui n’est pas correcte Au Mali la présence de hackers étrangers furent signalés aux autorités compétentes durant les élections présidentielles

    * sympathisants de l’opposition subirent le conditionnement de Pavlov « En dehors de la Victoire de Jean Ping tout est mensonge et ils doivent descendre dans la rue » Ainsi Jean Ping n’à point hésité à dire qu’il fera descendre ses sympathisants s’il n’était pas élu président

  4. 5)Nous disons et rappelons ainsi après les Résultats non favorables à Jean Ping LE PROCESSUS EN VUE D’EXTIRPER LE CANCER FRANC-AFRIQUE GABON DE SE DÉBARASSER DE L’ÉTRANGER NIGÉRIAN DE BALAYER LES CAFARDS FUT ENCLACHÉ

    *L’occupation immédiate des rues par les sympathisants de l’opposition accompagnée de violences physiques de pillages en vue d’installer 1 chaos indescriptible

    *Le candidat Jean s’auto déclare président

    *La « France-Afrique » entre en scène en disant et faisant dire que les résultats ne sont pas crédibles en bafouant piétinant déchirant la loi électorale d’un pays souverain dans son aveuglement volontaire à soutenir son candidat Jean Ping ELLE DEMANDE LE RECOMPTE DES VOIX EN INSISTANT SUR LE SCORE DE ALI BONGO DANS SA RÉGION POURTANT ELLE SAIT QUE JEAN PING A FAIT LE MÊME SCORE DANS RÉGION DE SA MÈRE ET ELLE SAIT PARTOUT EN AFRIQUE LES CANDIDATS FONT LE PLEIN DE VOIX DANS LEURS ZONES TRIBALES SURTOUT SI ON LES TRAITE DE CAFARDS Á BALAYER

    Nous disons et rappelons le candidat Jean Ping faisait tellement confiance à LA PUISSANCE DE FEU DE LA FRANCE-AFRIQUE QUE SON STAFF ET LUI NE SONT PAS APPLIQUÉS POUR LA CONFECTION DES PROCÈS VERBAUX Ainsi sur les 297 PV ils n’ont déposé que 174 devant la cours constitutionnelle Et sur ces 174 beaucoup sont illisibles

    6)nous disons et rappelons QUI REMPORTERA CE COMBAT ENTRE LA FRANCE-AFRIQUE GABON JEAN PING ET LE CANCER DE LA FRANCE-AFRIQUE GABON ALI BONGO L’ÉTRANGER NIGERIAN ET SES CAFARDS À BALAYER

  5. La communauté internationale a perdu l occasion de rendre transparent les élections en afrique,car pour une fois elle a été associé à l ensemble du processus électoral ivoirien.
    Si on avait accède à la demande du clan gbagbo de re compter,cette jurisprudence serait une arme pour faire valoir le vote de la population.
    L enjeu à malheureusement eu raison de la logique. De transparence totale du processus quitte à accepter la réélection de gbagbo si cela devrait intervenir.
    Aujourd’hui. J’en ping est rattrape par ce refus,la communauté internationale est en voie de perdre sa crédibilité: refuser ailleurs et l exiger ailleurs dans les même circonstances.

    • Merci pour ta lucidite…. Pour une fois un Arabisant reconnait que Dramane Ouattara etait le probleme en Cote D’Ivoire et la soi-disante communaute internationale en complicite avec lui.
      Les Arabisants sont la honte de l’Afrique.

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