BLACKSBURG, Virginie (Reuters) – Un tireur isolé a ouvert le feu lundi matin sur deux sites distincts du vaste campus de l”Institut technologique et université d”Etat de Virginie, provoquant la plus sanglante tuerie jamais commise dans une université aux Etats-Unis.
Le dernier bilan officiel de la fusillade, qui devrait relancer le débat sur le contrôle des armes à feu, est de 33 morts, dont le tueur. Le massacre, qui intervient presque huit ans jour pour jour après la tuerie de Columbine, a également fait 15 blessés, a précisé le président de l”université, Charles Steger, lors d”un point de presse.
"C”est une tragédie aux proportions monumentales", avait-il réagi dès l”annonce de la tuerie.
Le campus de Virginia Tech, qui compte 26.000 étudiants, est située à Blacksburg, dans le sud-ouest de la Virginie, à environ 240 miles (400 km environ) de Washington.
Selon la présidence de l”université, le premier appel aux services d”urgence locaux du 911 a été passé vers 07h15 (11h15 GMT) lundi matin, signalant un incident dans le West Ambler Johnston Hall, une résidence universitaire où vivent 900 étudiants.
Deux heures plus tard, une nouvelle fusillade éclatait au Norris Hall, site de l”école des sciences et d”ingénieurs qui a fait la réputation du Virginia Tech, distant de 800 mètres.
Justin Merrifield, un étudiant rencontré par Reuters, a dit qu”il n”avait pas tout de suite compris l”ampleur du drame. Il a ajouté que les étudiants avaient été alertés par haut-parleur. "Une voix disait et répétait: ”Tireur sur le campus, restez à l”intérieur, éloignez-vous des fenêtres”", a-t-il précisé.
D”autres étudiants critiquaient la gestion de la crise par l”administration du campus, insistant sur les deux heures écoulées entre les deux fusillades.
Le chef de la police du campus du Virginia Tech, Wendell Finchum, a déclaré que le tireur avait mis fin à ses jours. Il a expliqué que l”université n”avait pas été fermée immédiatement après les tirs survenus au West Ambler Johnston Hall parce que les autorités pensaient alors qu”il s”agissait d”un incident isolé.
BUSH "HORRIFIÉ", LA QUESTION DES ARMES RELANCÉE
A Washington, le président, George Bush, a fait savoir qu”il était "horrifié". "Sa réaction immédiate est une profonde inquiétude pour les familles des victimes, pour les victimes elles-mêmes, pour les étudiants, les professeurs et tous les habitants de Virginie qui sont confrontés à ce terrible incident", a ajouté sa porte-parole, Dana Perino.
Au-delà de son bilan extrêmement lourd, cette tuerie n”est pas sans précédent aux Etats-Unis: depuis mars 1998, c”est au moins la huitième fois qu”un tel incident se produit dans une école ou une université américaine.
Il y a huit ans presque jour pour jour, deux adolescents, Eric Harris et Dylan Klebold, avaient semé la mort dans un lycée du Colorado: le massacre de Columbine avait suscité une vaste réflexion universitaire sur les causes de leur passage à l”acte.
La tuerie avait également nourri un débat aussi vaste sur la facilité avec laquelle ils avaient pu se procurer des armes de guerre.
"Nous vivons dans une société où les armes à feu sont plutôt bien acceptées", a dénoncé lundi Jim Sollo, membre de l”association locale Virginians Against Handgun Violence. "Il y a quelque 200 millions d”armes en circulation dans cette société et à l”évidence, certaines sont entre de mauvaises mains."
"Qu”avons-nous fait au cours des huit années écoulées depuis Columbine face à ce problème ? Nous avons aggravé la situation par notre incapacité à répondre à la prolifération des armes dans notre pays", a déploré de son côté Paul Helmke, président du Centre Brady pour la prévention de la violence armée, relevant qu”aucune loi n”avait été votée sur le contrôle des armes à feu depuis Columbine.
Dans un communiqué, la présidence du Virginia Tech précise qu”une cellule de soutien sera mise à disposition du personnel de l”université. Tous les cours ont été annulés pour la journée. Des psychologues sont déjà sur les lieux pour assister les étudiants. Une cérémonie est programmée mardi à la mi-journée pour que toute la communauté fréquentant l”université puisse se réunir "pour commencer à gérer cette tragédie".
D”après des étudiants interrogés sur CNN, plusieurs alertes à la bombe avaient perturbé la vie du campus la semaine dernière.
Reuters
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