L’ancien président, qui sort mercredi un livre bilan de ses cinq ans à l’Elysée, en veut à Macron de s’être mal comporté avec lui.
« Il n’a renoncé à rien » : ses vieux amis l’avouent, François Hollande n’en a pas fini avec la France. Et n’exclut pas de se représenter un jour à la magistrature suprême. « S’il arrête, il est mort. Il n’y a que ça qui le tient ! », avance l’un d’eux, pour qui il est dans la nature de l’ancien « Monsieur 3 % » de croire en son étoile envers et contre tout. Oubliés les vœux de silence qu’il promettait de respecter ! « Je dois m’astreindre à cette réserve. Je dois laisser mon successeur travailler », nous confiait-il en juin en marge d’un déplacement sur ses terres corréziennes de Tulle. Moins d’un an après l’élection d’Emmanuel Macron, le voilà pourtant lancé dans une opération réhabilitation de son quinquennat, avec la sortie de son livre « Les leçons du pouvoir ».
Entre lui et Macron, c’est la guerre froide. « Hollande est le vrai chef du PS, donc c’est un opposant », aurait lancé en privé le président. Quant à « l’Ex », il ne supporte pas de voir les macronistes tirer la couverture à eux sur le rebond de l’économie. Et que dire des petites perfidies de l’entourage présidentiel ? « François Hollande ? Ce n’est plus un sujet », lâche un familier du pouvoir, avec un mépris souverain.
Alors que Macron a reçu les Sarkozy à dîner à l’Élysée et rendu visite à Giscard et Chirac, rien de tel avec lui. « Une attitude méprisante est toujours une erreur. La seule chose qui leur irait, c’est qu’il se taise jusqu’à la fin de sa vie ! », s’étrangle un hollandais, qui maugrée : « François s’en fout. » Voire. L’épisode des commémorations des attentats est mal passé. Hollande a été zappé de la liste des invités. « Si j’étais eux, je n’insulterais pas l’avenir. C’est comme ça qu’on parlait de Chirac en 1994, un an avant son élection, et de De Gaulle, un an avant son retour », ose un fidèle.
«François pense que l’illusion macronienne va se lever»
Ironie de l’histoire, c’est au moment où Macron connaît ses premières difficultés que l’ancien président sort du bois. « Péché d’orgueil », « arrogance » : sur le dossier de la SNCF, les hollandais sont cinglants. « Il y a un choix d’affrontement qui a été fait qui n’est pas raisonnable, avec des termes inutilement blessants », étrille l’un, qui ne se prive pas de moquer le week-end pascal du président au Touquet, « en tenue de tennis blanche très chicos ».
« François pense que l’illusion macronienne va se lever et que le réveil sera très, très violent. C’est un animal politique, il sent l’humus », achève un autre. Depuis des mois, les deux hommes se marquent à la culotte. En pleine polémique sur le projet de loi asile et immigration, Hollande a caressé l’idée de se rendre dans un centre pour migrants à Paris. Plus récemment, il a lancé un appel à l’aide pour les Kurdes de Syrie, qui a poussé Macron à le renvoyer dans les cordes depuis Bénarès en Inde. « François a fait mouche », se targue l’un de ses proches.
Lucide, l’ancien président sait bien que les Français ne l’imaginent plus dans le fauteuil. Ce n’est plus un « trou de souris », c’est un trou de fourmi. Mais plus Macron s’enfonce, plus le regard sur lui s’adoucit. S’il reste bas dans les sondages, il progresse : 39 % selon l’Ifop en décembre (+ 6 points en un mois) là où Nicolas Sarkozy caracole à 47 % (+ 4). « Mais Sarkozy est out à cause des affaires », tacle un fidèle. Ces derniers mois, il s’est concentré sur son livre. Et s’il a suivi les débats au PS et reçu le vainqueur Olivier Faure mercredi, il s’est tenu éloigné des manœuvres d‘appareil.
@AvaDjamshidi et @NathalieSchuck
Par leparisien.fr