La cour d’appel de Paris a validé vendredi le non-lieu dans l’affaire de l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994. Ce drame est à l’origine du génocide au Rwanda.
Les investigations sur l’attentat déclencheur du génocide de 1994 au Rwanda ne seront finalement pas relancées. Après six mois de délibération, la cour d’appel de Paris a confirmé vendredi 3 juillet, le non-lieu rendu fin 2018 dans cette affaire qui empoisonne les relations franco-rwandaises, ont annoncé les avocats des parties civiles.
Dans l’espoir d’obtenir un procès en France, les familles des victimes françaises de l’attentat perpétré contre le président rwandais Juvénal Habyarimana avaient fait appel de la décision des juges d’instruction, le 21 décembre 2018, d’abandonner les poursuites contre neuf membres ou anciens membres de l’entourage de l’actuel président rwandais Paul Kagame.
Le 6 avril 1994, l’avion transportant Juvénal Habyarimana, un Hutu, et le président burundais Cyprien Ntaryamira avait été abattu en phase d’atterrissage vers Kigali par au moins un missile. Une partie de l’équipage était française. Cet attentat est considéré comme le déclencheur du génocide qui fit plus de 800 000 morts selon l’ONU, principalement dans la minorité Tutsi.
Qui est l’auteur du tir fatal contre l’avion présidentiel ? Les enquêteurs français ont longtemps privilégié la responsabilité des rebelles tutsis, menés par Paul Kagame devenu président du pays en 2000, avant de s’orienter – sans davantage aboutir – vers une implication d’extrémistes hutus, soucieux de se débarrasser d’un président trop modéré à leurs yeux.
Tensions entre la France et le Rwanda
La validité du non-lieu, rendu par les juges antiterroristes français Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux, avait été examinée le 15 janvier à huis clos et pendant près de 8 heures par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.
À l’audience, le parquet général avait demandé de valider cette décision et les magistrats de la cour avaient décidé de prendre six mois de réflexion avant de rendre leur délibéré. Celui-ci confirme finalement le non-lieu.
Les avocats des parties civiles, qui veulent relancer les investigations, ont annoncé qu’ils formaient un pourvoi en cassation.
La possibilité d’une invalidation du non-lieu avaient fait émerger ces derniers jours des tensions latentes entre les deux pays, sur fond d’accusations sur le rôle joué par la France lors du génocide.
“Je crois que le passé est derrière nous”, avait déclaré Paul Kagame cette semaine à l’hebdomadaire Jeune Afrique, lui qui avait rompu les relations diplomatiques avec Paris entre 2006 et 2009 après l’émission des mandats d’arrêt contre ses proches dans cette affaire.
Mais “vouloir rouvrir un dossier classé, c’est vouloir créer des problèmes (…). Si ces choses ne sont pas définitivement éclaircies, nos relations risquent fort d’en pâtir d’une manière ou d’une autre”, avait-t-il mis en garde dans cet entretien publié mercredi, illustrant la fragilité du réchauffement entre Kigali et Paris sous la présidence Macron.