Autre forum, autre comportement : Contrairement à Ségolène Royale en 2007 qui a déclenché l’hystérie des foules à Ouakam peu avant la présidentielle française de 2007, Martine Aubry à la place du Souvenir de Dakar n’a pas soulevé des montagnes à Dakar où l’Internationale socialiste se réunit en marge du sommet social.
Mais la première secrétaire du Parti socialiste, introduite par Ousmane Tnaor Dieng le chef du Parti socialiste sénégalais, aura été chaudement applaudie par une foule nombreuse dans laquelle on pouvait distinguer Dioncounda Traoré, le président de l’Assemblée nationale du Mali ainsi que les premiers responsables de l’opposition à Abdoulaye Wade, en particulier le professeur Abdoulaye Bathily et l’économiste Mamadou Lamine Diallo.
Internationalisme : tel fut le mot-clé d’Aubry dans son discours inaugural de quarante minutes au colloque qui s’ouvre pour quarante hui heures dans la capitale sénégalaise. Même si elle ne propose aucune recette nouvelle aux crises africaines, Aubry a tenu souligner avec une force renouvelée l’impératif de solidarité avec « le continent où l’homme est né » et surtout où l’homme meurt le plus. Les engagements de Monterrey n’ont pas été explicitement évoqués. Mais pour la Socialiste, il est évident que la France ne doit pas traîner les pieds pour allouer les 0,7% de son PIB au développement des pays africains notamment.
La traite de l’esclavage, la colonisation, furent des tares et doivent être reconnues en tant que telles. Il n’y a donc pas d’alternative à la repentance pour Marine Aubry et celle observée par le Bénin vis-à-vis de la traite négrière devrait ouvrir la voie. En fait, l’hôte Sénégalaise, est comme venue dire aux Africains que la rupture avec la Fraçafrique, ce sera elle et personne d’autre. Son discours, c’est fait exprès, s’ancre dans la gauche généreuse, tenue à une distance respectable des recettes néolibérales, la crise financière internationale de 2008 étant, pour elle, une crise de système. En sous-entendu, Strauss Khan, sorti du moule bretton woodien pourrait plus facilement faire partie du problème que de la solution.
Or l’Afrique, si elle a encore beaucoup d’efforts à faire dans le domaine de la gouvernance, elle reste, pour Aubry, le continent de l’espoir, l’un des rares à avoir aligné des taux de croissance élevés depuis quelques décennies. Sa population croissante et jeune n’est pas non plus un handicap pour le continent mais une chance, se réjouira la Socialiste. Citant Obama dans son discours d’Accra, elle s’est dite convaincue que rien ne peut plus se faire désormais sans l’Afrique.
La société civile de ce continent est l’œuvre, annonce t-elle, en rappelant la grande mobilisation citoyenne à ce sommet du Forum Mondial. Et si le nom de Côte d’Ivoire a été omis, Aubry s’est réjouie des percées remarquables du peuple tunisien. Les peuples sont debout et sauront se faire entendre en tout cas. Telle fut la sentence en d’autres mots, de Marine Aubry venue chasser sur les terres de Ségolène Royale, avec les constats de Mazzrui mais tout en évitant de passer pour Mère Thérésa.
Adam Thiam, à Dakar
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