En fin, le scrutin tant attendu après un premier report s’est passé calmement dans l’ensemble. Les 84 millions d’électeurs de la République fédérale du Nigeria ont passé aux urnes le 24 février dernier pour choisir parmi les 72 candidats en lice, le prochain président des 36 États du Nigeria. 24 heures après le scrutin, les deux favoris de la course à savoir, Mahammadu Buhari, président en fin de mandat et le candidat du parti démocratique populaire PDP, Atiku Aboubakar, se discutent déjà la victoire avant même la proclamation officielle des résultats.
Après la fermeture des 120 mille bureaux de vote, les opérations de dépouillement ont immédiatement commencé dans l’ensemble des bureaux de vote, mais, la centralisation était au niveau de la capitale ou sera annoncée quelques jours plus tard par le président de la commission électorale, MahmoodYakubu. Mais déjà, les deux candidats favoris proclament tous la victoire à leurs faveurs, dès le premier tour. Alors que, pour prétendre à de telle victoire selon la RFI, il faut que le vainqueur obtienne la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 États de la fédération, auxquels s’ajoutent les résultats recueillis dans la capitale, dont un défi colossal à relever. En se basant sur des statistiques personnelles, chacun des deux candidats se voit déjà vainqueur de cette élection. D’un côté, le chargé à la communication du président candidat pour sa propre succession MahammaduBouhari, Bachir Ahmad, membre du congrès des progressistes (APC), a écrit sur son compte Twitter , dès le lendemain : « Bonjour chers Nigérians et merci encore d’avoir voté pour le président MahammaduBuhari hier », avant d’ajouter : « Les résultats arrivent un à un et ils sont époustouflants. Le président a remporté la majorité et (…) (Buhari est en train de gagner) ». De l’autre côté également, le parti populaire démocratique (PDP) demande « à la commission électorale indépendante (INEC) d’annoncer les résultats tels qu’ils ont été livrés par les bureaux de vote, et de déclarer le candidat du peuple, AtikuAbubakar, le vainqueur de l’élection présidentielle ». Il ajoutera lui aussi que « notre position est basée sur des résultats clairs et vérifiables ». Une élection déroulée dans une atmosphère plutôt calme vu les enjeux sécuritaires imposés par de groupes terroristes, notamment le BokoHaram avec des attaques récurrentes. Malgré le renforcement des dispositifs sécuritaires, seize (16) personnes ont été tuées directement dans les violences liées aux opérations de vote, particulièrement dans le sud-est (État de Rivers) où les gangs criminels ont tenté de décourager les électeurs de se rendre aux urnes. Sans compter le saccage, la brulure de certains bureaux de vote.
À ces désastres sécuritaires, il faut noter également certaines imperfections dans l’organisation comme le retard d’ouverture des bureaux de vote, le problème avec les électeurs de carte électronique. Des situations qui ont permis à la directrice du centre pour la démocratie et le développement (CDD), Idayat Hassan à Abudja, d’être sévère en disant que ces élections générales « n’avaient pas rempli les conditions nécessaires d’un vote libre, crédible et transparent »
ISSA DJIGUIBA