Mercredi 22 janvier vers 13 heures, Momar Mbengue, citoyen sénégalais vivant au Mali, a animé une conférence de presse à l’hôtel Nord-Sud, au cours de laquelle il a dénoncé la non-fiabilité du fichier électoral sénégalais.
Devant la presse malienne, Momar Mbengue a célébré son amour pour sa patrie, le Sénégal. D’après lui, il était inscrit sur les listes électorales pour les élections générales de 2007, sous le numéro 10747099. Vivant au Mali depuis avril 2008, il s’est donc inscrit à l’Ambassade du Sénégal à Bamako, pour la présidentielle et les législatives de 2012. Il lui a été délivré une carte d’électeur avec le numéro 60028937. En voulant vérifier si son inscription a été prise en compte via internet, avec le numéro de sa carte d’identité nationale, il découvre, avec beaucoup de surprise, son inscription sur deux bases de données et avec des lieux de vote différents. Son nom, son prénom, sa date de naissance figurent sur le fichier, mais avec différents numéros de carte d’électeur. Ce qui suppose, selon lui, que quelqu’un d’autre peut voter à sa place à Dakar, alors que lui est à Bamako.
Après cette découverte alarmante, le lundi dernier, Momar Mbengue décide alors de dénoncer la non-fiabilité du fichier électoral élaboré pour les élections, la présidentielle et législatives de cette année. Il commence par introduire une requête auprès de deux huissiers de justice de la place, Maître Filifing Dembélé et Maître Aliou Traoré. Ces derniers, l’un après l’autre, font une vérification sur le site internet www.elections2012.sn et découvrent que les allégations du requérant sont avérées. En effectuant une recherche sur le site web avec le numéro d’identification 548197103533, on tombe sur Momar Mbengue né le13 octobre 1971 à Kaolack avec le numéro de carte d’électeur 60028937 devant voter à Bamako. La même recherche donne une autre fiche : Momar Mbengue né le 13 octobre à Kaolack avec un numéro de carte d’électeur 10747099 devant voter à Dakar à l’école 6 au bureau de vote 03. Prenant la presse à témoin, avec des documents justificatifs, Momar Mbengue considère qu’une telle situation est la preuve du manque de crédibilité et de fiabilité de l’élection présidentielle et en appel à la vigilance de tous face à une telle situation.
Inquiet du péril qui menace la démocratie sénégalaise, il a, aussi, lancé un vibrant appel à l’opinion internationale ; notamment la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Laquelle communauté a envoyé une médiation pour tenter d’apaiser les tentions qui tournent actuellement autour des élections au Sénégal. En effet, en plus de la mise en question de la fiabilité du fichier électoral, nul n’est censé ignorer que la candidature du Président sortant, Maître Abdoulaye Wade, est fortement contestée par les uns et les autres. À ce sujet, le conférencier a déclaré: «Personnellement, je ne suis pas contre le Président Wade. Mais ce qui m’importe, c’est la bonne tenue des élections et s’il faut qu’il parte [ndlr, Maître Abdoulaye Wade] pour cela ; que chacun y mette du sien pour qu’il se retire». Il est nécessaire de rappeler que Momar Mbengue est juriste-fiscaliste et confirme qu’il n’appartient à aucun parti politique ni à aucun mouvement radicalisé. Ce qui l’engage, c’est uniquement la bonne marche de la démocratie de son pays, a-t-il tenu à préciser.
Rokia Diabaté et
Bintou Camara