Dimanche 23 juillet, alors que le soleil se couchait lentement sous l’horizon marocain, un air de nostalgie flottait, porté par les murmures du vent. Les cœurs et les esprits du royaume revivent, en un élan d’hommage, les souvenirs d’une ère qui a façonné l’histoire moderne du pays. Le Maroc se rappelle alors feu S.M. Hassan II, vingt-quatre ans après son départ. Ce n’est pas seulement une veillée silencieuse de respect et de piété, c’est un voyage à travers le temps, une immersion dans un passé intense, marqué par le sceau d’un souverain audacieux et avant-gardiste.…
Dès son ascension sur le trône en 1961, feu S.M. Hassan II a suivi l’héritage précieux laissé par son père, tissant une toile d’innovation et de consolidation qui a fait entrer le Maroc dans une ère de renaissance. Le souverain a affronté avec sagesse et prudence, des défis considérables, faisant de l’intégrité territoriale une priorité indéfectible. Son règne n’était pas seulement le chantier d’un État moderne, mais aussi l’incarnation d’un esprit visionnaire et audacieux, naviguant avec perspicacité à travers les tumultes politiques d’un monde en mutation.
L’époque de feu S.M. Hassan II a été marquée par des victoires significatives pour l’intégrité nationale du Maroc, avec le retour des provinces de Sidi Ifni et d’Oued Eddahab sous l’aile du Royaume. La Marche Verte, un chef-d’œuvre de pacifisme et d’harmonie entre le peuple et le trône, reste un testament du génie du Roi, de son courage indéfectible et de son amour pour la paix.
Au-delà de la stratégie politique, Hassan II a compris la nécessité d’une économie forte et autonome. Sa politique des barrages, inaugurée en 1966, est devenue un pilier de son règne, se révélant être une solution ingénieuse face aux sécheresses récurrentes. Avec l’appui d’une politique agricole ambitieuse, le Maroc a affirmé sa vocation agricole, un secteur clé pour le développement du Royaume.
Feu S.M. Hassan II s’est soucié non seulement de la croissance économique, mais aussi du tissu social. Dans ce sens, il a lancé des projets stratégiques visant à promouvoir les droits des femmes, à consolider l’institution familiale, à développer l’habitat social et à respecter les droits de l’Homme et le pluralisme.
À l’international, feu le Roi Hassan II a toujours su maintenir et renforcer le respect pour le Maroc, grâce à son charisme et à sa perspicacité. Son leadership a permis au Royaume de se forger une place de choix sur la scène internationale, jouant un rôle clé dans des dossiers de grande importance, tels que le conflit arabo-israélien, la question d’Al-Qods, les missions de paix de l’ONU en Afrique et la création de l’Union africaine et de l’Union du Maghreb arabe (UMA).
En ces jours de commémoration, nous nous rappelons avec une grande émotion de feu S.M. Hassan II, le réunificateur du Maroc, l’éclaireur averti dans un monde en quête de démocratie. Son image illustre reste gravée dans nos mémoires, symbole d’un Maroc libre et indépendant. Sa perspicacité, ses vastes connaissances et la dimension pluridisciplinaire de sa personnalité ont inscrit son œuvre grandiose en lettres d’or dans le registre de l’Histoire et ont marqué à jamais son époque après quatre décennies de règne.
En ces jours de souvenirs, nous nous rappelons avec gratitude et admiration l’héritage laissé par ce grand homme d’État. Grâce à sa vision perspicace, le Maroc a pu entrer de plain-pied dans l’ère de la modernité. Son héritage continue d’inspirer les générations présentes et futures, symbole d’un Maroc indépendant et libre.
Par Souad Mekkaoui
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Feu SM Hassan II :
L’Artisan de la Marche verte ou le coup de génie d’un Roi
Cher peuple, Demain, tu franchiras la frontière. Demain, tu entameras ta Marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne. Tu palperas des sables qui sont tiens. Demain, tu embrasseras un sol qui fait partie intégrale de ton cher pays. ” Ainsi parlait feu le Roi Hassan II dans son discours du 5 novembre 1975, qui résonne encore dans les oreilles et les cœurs des Marocains. “Effectivement, Cher Peuple, Notre décision est prise, forts de notre bon droit, Nous allons entreprendre notre Marche Verte. Nous aurons à nos côtés nos frères et amis, ne comptant que sur notre ferme détermination et notre foi inébranlable.”
C’était le signal fort et le mot d’ordre que tout un peuple attendait, happé par l’appel royal, à travers le discours prononcé pour annoncer l’organisation de la Marche verte après l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice. Ce fut le discours historique qui annonçait la Marche du siècle. Et c’est ainsi que la “marche” a pris son départ pour fouler le sol du Sahara avant que les marcheurs ne rebroussent chemin à l’appel du défunt Roi, une fois l’objectif atteint. Ce jour-là, l’Histoire retenait un événement grandiose et une leçon sans précédent dans la lutte pacifique pour récupérer une partie du territoire marocain.
Le génie d’un Roi
Après une mission des Nations unies au Sahara, au printemps 1975, le Tribunal international de La Haye publie un rapport, le 15 octobre, confirmant l’existence de liens entre le royaume marocain et certaines tribus sahraouies, avant la conquête de l’Espagne un siècle plus tôt. En effet, une demande avait été formulée le 13 décembre 1974 par le Maroc pour que l’Assemblée générale des Nations Unies puisse saisir la CIJ d’une requête concernant son avis consultatif sur l’aspect juridique de la situation du Sahara du temps de l’occupation étrangère.
Le 16 octobre 1975, de Marrakech, feu Sa Majesté le Roi Hassan II allait donner le coup d’envoi d’un événement phare, début d’une belle épopée, celle de la libération du Sahara. “Le monde entier a reconnu que le Sahara était en notre possession depuis très longtemps. Le monde entier a reconnu qu’il existait des liens entre le Maroc et le Sahara qui n’ont été altérés que par le colonisateur (…). Il ne nous reste qu’à entreprendre une Marche pacifique du nord au Sud (…) pour nous rendre au Sahara et renouer avec nos frères”, annonçait le regretté Roi. Ce fut une première dans l’histoire contemporaine : le Maroc allait récupérer une partie de ses terres colonisées de la façon la plus pacifique, armé du coran et d’un drapeau à la main de chaque marcheur.
Ce caractère pacifique s’était d’ailleurs manifesté dès les premières étapes diplomatiques qui l’ont précédée, particulièrement au niveau de l’organisation des Nations-Unies qui a soumis l’affaire à la Cour internationale de justice, laquelle a rendu son avis que le Sahara n’a jamais été “terra nullius”, reconnaissant l’existence entre le Maroc et le Sahara de liens juridiques et d’allégeance entre les sultans du pays et les tribus sahraouies et aussi la légitimité des revendications du Royaume pour le recouvrement de ses territoires spoliés. Et c’est ce rapport qui allait déclencher la plus grande marche qui a abouti à la libération des provinces du Sud du joug colonial espagnol.
Un événement qui a marqué les esprits
“Cher peuple, Enfin, ainsi que Nous te l’avions dit dans un précédent discours, si tu rencontres un Espagnol, civil ou militaire, échange avec lui le salut et invite-le à partager ton repas sous ta tente. Nous n’avons aucune inimitié à l’égard des Espagnols, ni ne ressentons de rancoeur à leur endroit, car si nous avions voulu faire la guerre à l’Espagne, nous n’aurions pas envoyé des civils désarmés, mais plutôt une armée. Nos intentions ne sont nullement belliqueuses et nous répugnons à toute effusion de sang. Bien au contraire, notre Marche est pacifique.” avait souligné feu le Roi Hassan II dans son discours.
Arborant l’emblème national et le saint coran, 350.000 citoyens, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, ont afflué de toutes les régions du Royaume, répondant spontanément à l’appel de leur Souverain, entamant leur belle aventure, dès le lever du jour, en s’ébranlant dans le désert pour une marche de plusieurs jours, inscrivant en lettres d’or une étape de notre histoire. Gravant au marbre une volonté populaire jamais connue jusque-là, ils sont accompagnés en cela par des délégations d’Arabie Saoudite, de Jordanie, du Qatar, des Emirats Arabes Unis, d’Oman, du Soudan, du Gabon et du Sénégal ainsi que par le Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) ! “Cela correspond au nombre de naissances annuelles au Maroc”, a expliqué feu le Roi Hassan II. “J’ai pensé qu’il m’était permis d’engager la moisson solennelle que Dieu nous donne pour ramener à la Patrie une terre que nous n’avons jamais oubliée.”
La Marche Verte qui a procédé du génie, de la sagesse et de la grande perspicacité d’un Roi, avait ouvert la voie à la libération des provinces du Sud et à la réintégration par nos compatriotes sahraouis de la mère-patrie. Face au flot humain marchant comme un seul homme et convergeant vers Tarfaya, première étape de la marche, dans une parfaite symbiose entre la volonté d’un Roi et le dévouement d’un peuple, les dernières troupes espagnoles présentes sur le terrain battent en retraite. La Marche verte aura ainsi mis fin à une occupation étrangère pour permettre au pays de parache-ver son intégrité territoriale.
Le 14 novembre 1975, Les accords de Madrid statuant sur le partage du Sahara sont signés par l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie. Ils prévoient la partition du territoire entre le Maroc, qui obtient la souveraineté de deux tiers du Sahara (nord), et la Mauritanie, qui obtient le tiers sud restant. Les efforts de la monarchie et du Maroc ont été très vite concluants. C’est ainsi que le 28 février 1976, suite aux efforts des centaines des milliers de Marocains soutenus par des millions d’autres, le drapeau national est hissé dans le ciel de Laâyoune, annonçant ainsi la fin de la présence coloniale dans le Sahara marocain.
L’événement était hautement symbolique puisqu’il devait permettre au Royaume de parachever une autre marche tout aussi glorieuse, celle de l’indépendance de tous ses territoires. De facto, dès la récupération de ses provinces sahariennes, le Maroc a commencé une nouvelle marche dans cette région. La marche du développement de cette partie du territoire national.
Par Souad Mekkaoui