Le 6 novembre 1955, le ministre français des Affaires étrangères, Antoine Pinay, et le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef signent les accords de la Celle-Saint-Cloud, prévoyant le retour sur le Trône du Sultan Mohammed V, et l’indépendance du Maroc. Dix jours plus tard, Mohammed V rentre triomphalement à Rabat. Le 18 novembre 1955, début de l’ère de l’indépendance.
Feu SM Mohammed V a proclamé, le 18 novembre 1955, la libération du Maroc du joug du colonialisme. L’indépendance n’est, certes, officiellement déclarée que le 2 mars 1956, mais le Royaume respirait déjà un air de liberté, la tête tournée vers l’avenir, celui de l’édification de l’État Nation. “Nous nous réjouissons de pouvoir annoncer la fin du régime de tutelle et du protectorat et l’avènement d’une ère de liberté et d’indépendance”.
C’est en ces termes que feu SM Mohammed V avait annoncé la fin de la période coloniale et le recouvrement par le Maroc de son indépendance et de sa souveraineté, ainsi que le lancement de la marche du développement dans tous les secteurs. Le Sultan avait ajouté : “Au terme des négociations, le régime de protectorat prendra fin et le Maroc connaîtra une ère nouvelle, où il examinera sa souveraineté dans le cadre des nouveaux accords et dans un esprit de compréhension et de coopération féconde avec le peuple français”.
Dès cette date, feu SM Mohammed V avait révélé dans le discours du Trône, les éléments d’une réforme constitutionnelle basée sur l’établissement d’un État de droit, en soulignant : “Notre objectif est la constitution d’un gouvernement marocain responsable et représentatif, expression authentique de la volonté du peuple”. Feu SM Mohammed V avait alors tracé des orientations directes, appelant à la démocratisation et au multipartisme.
Aussitôt, le Maroc s’est engagé dans un laborieux processus de modernisation administrative, dans lequel les paramètres de la décentralisation, de la déconcentration et de la régionalisation ont occupé une place majeure.
Conscientes de la gravité de l’héritage légué par le protectorat, les autorités marocaines ont dû rompre avec le passé pour jeter les bases d’une nouvelle organisation administrative de proximité. Ce choix volontariste et déterminé de feu SM Mohammed V a permis au Maroc d’inaugurer, dès 1959, une pratique moderne de la gestion locale, avec la mise en place de 800 collectivités territoriales de base, la mise en œuvre d’un système électif et pluraliste pour la désignation des Conseils communaux et l’adoption du suffrage universel direct.
Le Maroc d’aujourd’hui, toujours indépendant mais plus développé
Dresser un bilan exhaustif et objectif de ces 67 années d’indépendance nécessite des études et des analyses approfondies, car l’accession à l’indépendance signifiait l’engagement d’une bataille rude et sur tous les plans. C’est le Grand Jihad. Un combat qui a été souvent couronné de succès, mais a enregistré aussi des échecs.
En tous cas, le Maroc d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui de 1955. De l’étape de la libération engagée par feu Mohammed V en parfaite symbiose avec le peuple, le Maroc a connu celle de l’édification sous le règne de feu SM Hassan II. Aujourd’hui, c’est un Maroc nouveau qui est en train d’être bâti par SM le Roi Mohammed VI : le Maroc de la liberté, de la démocratie, des Droits de l’Homme, de la justice sociale et de la citoyenneté. La commémoration du 67ème anniversaire de l’Indépendance intervient au moment où notre pays vit une ère nouvelle sous le règne de SM le Roi Mohammed VI. Elle intervient aussi au moment où la question de la réalisation du changement et du redressement constitue l’une des aspirations fondamentales du peuple qui désire voir le gouvernement apporter les solutions qui s’imposent aux problèmes auxquels fait face notre pays.
1955-2022: 67 ans sur la voie du développement
L’indépendance a été acquise au terme d’une longue et âpre lutte, au cours de laquelle des martyrs sont tombés sur le champ d’honneur et de lourds sacrifices ont été consentis par toutes les couches populaires. 67 années après notre accession à l’indépendance, il est de notre devoir de nous demander si les buts visés par la lutte pour l’indépendance ont été réalisés.
En effet, l’indépendance n’était pas une fin en soi, mais avant tout un moyen pour assurer le progrès économique et social du pays et pour donner au peuple l’occasion de s’épanouir et de fixer ses choix politiques, économiques et sociaux, à travers des institutions représentatives élues de façon démocratique et jouissant de la crédibilité et de la confiance populaire.
Discours Royal du 6 novembre 2022 : Une mise au point.
Depuis 1975 et le 6 novembre de chaque année, le Royaume du Maroc commémore l’anniversaire de la Marche verte, un évènement majeur dans l’histoire de l’intégrité territoriale du Royaume chérifien.
C’est dans ce cadre que le roi Mohammed VI a prononcé un discours, le 6 novembre courant, dans lequel il a présenté l’état d’avancement du Programme de développement des provinces du sud, lancé en novembre 2015. Le souverain chérifien a ainsi choisi de répondre aux parties qui contestent la souveraineté du Maroc sur son Sahara en mettant en avant les moyens engagés, mais également les multiples projets déjà réalisés dans les provinces du sud.
Le dossier du Sahara arrive à une étape cruciale
Pour défendre l’intégrité territoriale de son pays, Mohammed VI a sa propre approche : joindre à l’action politique et diplomatique, la promotion du développement socio-économique et humain de la région. C’est dans ce cadre que s’inscrit le Programme de développement des provinces du Sud, dont la vocation est de stimuler la création d’emplois, assurer un climat propice à l’investissement, pourvoir les infrastructures et les équipements nécessaires.
Sept ans après le lancement de ce programme d’envergure qui a nécessité une enveloppe budgétaire de plus de 77 milliards de dirhams (plus de 7 milliards d’euros), le souverain chérifien a exprimé son satisfecit quant aux résultats atteints. Les projets ne manquent pas pour illustrer le développement de cette région, notamment celui des stations d’énergies solaire et éolienne et le projet de la voie express Tiznit-Dakhla, déjà en phase d’achèvement. S’agissant du méga-projet stratégique du port Dakhla Atlantique, le Roi du Maroc a annoncé que “les travaux de construction démarreront prochainement”.
Le souverain chérifien est également revenu sur les avancées réalisées dans le domaine agricole, en rappelant que “plus de 6 000 hectares aménagés à Dakhla et à Boujdour ont été mis à la disposition de jeunes agriculteurs de la région”. Les projets prévus dans les secteurs du phosphate, de l’eau et de l’assainissement affichent, quant à eux, des taux de réalisation bien avancés. Sur le plan culturel, “la promotion de la langue et de la culture hassanies, inscrites au cœur de l’identité nationale unifiée, ont été soutenues”, a indiqué par ailleurs le Roi dans son discours.
Mohammed VI a, néanmoins, exhorté le secteur privé à “maintenir l’engagement qu’il a pris à rehausser le niveau de l’investissement productif dans ces provinces et à mettre plus particulièrement l’accent sur les projets à vocation sociale”.
Alors que le processus de consolidation de la marocanité du Sahara est entré dans une phase cruciale, ce discours royal vient rappeler, encore une fois, que cette question constitue le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international, comme le soulignait Mohammed VI dans son discours du 20 août dernier.
Pour rappel, l’année 2022 a été riche en événements politiques et diplomatiques. En effet, le dossier du Sahara a connu plusieurs développements, dont le ralliement espagnol à la position marocaine. Et à ce jour, 40 % des pays africains ont ouvert des représentations consulaires dans les deux principales villes du Sahara. Cette région compte aujourd’hui 30 consulats généraux, en plus de ceux annoncés et non encore concrétisés, représentant ainsi un appui franc à la marocanité des provinces sahariennes.
Gazoduc Nigeria-Maroc, un pont entre l’Afrique et l’Europe
Mohammed VI a, également, évoqué longuement le gazoduc Nigeria-Maroc, un projet d’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest et de ses 440 millions d’habitants. Et de rappeler les étapes franchies, depuis l’accord signé en décembre 2016, dans la réalisation de ce grand chantier. “Le Mémorandum d’entente signé récemment à Rabat avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et, à Nouakchott avec la Mauritanie et le Sénégal marque un jalon essentiel dans le processus de réalisation du projet”, a-t-il affirmé, en soulignant que 15 pays de la CEDEAO sont concernés par cette infrastructure qui, à terme, leur sera une garantie majeure en matière de sécurité énergétique.
Plus qu’un projet bilatéral, le souverain chérifien y voit “un projet structurant promettant d’arrimer l’Afrique et l’Europe”. Ce gazoduc devrait également apporter des solutions à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui approvisionnait le Maroc depuis l’Algérie.
Alors que plusieurs pays, notamment européens, cherchent aujourd’hui à réduire leur dépendance au gaz russe, ce changement de paradigmes annonce le démarrage d’une nouvelle page de l’histoire : le rôle que l’Afrique de l’Ouest pourrait jouer comme pont liant le continent à l’Europe. Pour l’instant, aucun calendrier n’a été donné, mais le roi du Maroc souhaite que le projet aboutisse dans les meilleurs délais.
El Hadj A.B. HAIDARA, envoyé spécial au Maroc