Face à la crise ivoirienne : La troublante attitude d'ATT vis-à-vis du régime de Laurent Gbagbo

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"Pourquoi moi ? Pourquoi le Mali ? Pourquoi cette malveillance ?". Ainsi s’indignait le président de la République, lors de la présentation des vœux de la presse le lundi 27 décembre dernier, et cela en réaction aux allégations du "Nouveau Réveil" ivoirien qui l’accusait d’avoir assuré le paiement des salaires des fonctionnaires de Côte d’Ivoire ce mois-ci. C’est pratiquement la même question que le citoyen lambda se pose également car n’arrivant toujours pas à comprendre pourquoi ATT, pourquoi le Mali sont l’objet de critiques par rapport à l’attitude de notre pays vis-à-vis de la crise ivoirienne, vis-à-vis du président sortant de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo. De quel côté se trouve-t-il ATT lui-même ? Ne cessent de se demander nos compatriotes

Depuis un mois déjà, le président sortant (et vaincu) de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, essaie de s’accrocher à un pouvoir qu’il vient de perdre…définitivement. Après le verdict de la Cedeao suivi de celui des Nations Unies, c’est Alassane Dramane Ouattara qui est le président élu de Côte d’Ivoire. Cette victoire de l’opposant historique a été unanimement saluée tant par les Maliens vivant au Mali même que ceux résidant au pays de feu Nanan Houphouët Boigny.  Au niveau des autorités maliennes, on ignore toutefois si cette victoire de Ouattara a plu ou pas. D’où cette impression qui tend à supposer que nos autorités rameraient dans leur for intérieur pour le président sortant Laurent Gbagbo.

Si tel n’est pas le cas, pourquoi avoir boudé voire boycotté le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao qui s’est réuni récemment à Abuja, autour de la crise ivoirienne ? Certaines rumeurs laissent croire que l’avion présidentiel manquait de kérosène et que cela aurait empêché ATT de se rendre dans la capitale politique nigériane.

D’autres personnes pensent, au contraire, que c’est à cause de la cérémonie de présentation des vœux que le président de la République s’est fait excuser auprès de ses pairs en envoyant toutefois un émissaire, en la personne du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Moctar Ouane.

C’est dans ce climat d’incompréhension de l’attitude des autorités maliennes que le "Nouveau Réveil" ivoirien s’est fendu d’une grave accusation envers le président ATT en titrant à sa Une : "ATT soutient-il Gbagbo ? Le Mali a payé les salaires des Ivoiriens, hier". Et, avant-hier seulement, devant l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Bamako, certains Ivoiriens venus pour déloger l’Ambassadeur Ahipeaud Noël, nommé par Laurent Gbagbo, avaient également eu à prononcer ces propos malheureux : "Le Mali a investi Gbagbo", "Le Mali soutient Laurent Gbagbo". Et cela devant des journalistes médusés qui avaient eu envie de dire : "Cela n’est pas vrai". Mais qui sait ? Tout comme ces ressortissants étrangers, la majorité des Maliens ignorent, réellement, celui que nos autorités soutiennent dans cette histoire où il est quasi impossible de garder le juste milieu même si l’on est doté d’un don de funambulisme.

Certains de nos compatriotes vont même jusqu’à se demander pourquoi une telle attitude mièvre voire complaisante vis-à-vis de Laurent Gbagbo et de son régime honnis par la communauté africaine et  internationale. Y a-t-il là d’autres intérêts, hormis ceux des Maliens vivant en Côte d’Ivoire, que les autorités maliennes chercheraient à préserver auprès du néo-démocrate ivoirien ?

En tout cas, il est incompréhensible qu’en dépit du soutien massif et unanime de la communauté internationale, notre diplomatie peine à choisir entre un vaincu et un vainqueur de l’élection présidentielle ivoirienne. Le fait qu’il existe une forte communauté de ressortissants maliens dans ce pays ne saurait non plus expliquer l’attitude de nos autorités. D’où ce sentiment de suspicions tendant à faire croire qu’elles roulent pour Laurent Gbagbo, ce néo-démocrate qui s’accroche au fauteuil présidentiel. Et cela malgré le fait qu’il l’ait occupé dix ans durant.

Il est aujourd’hui plus que nécessaire qu’ATT sorte de sa trop grande réserve, source de tous les soupçons,  et d’aller, non pas en va-t-en-guerre mais en soldat de la paix, du côté du verdict réel des urnes tel que proclamé par la CEI, validé par la communauté internationale et approuvé par les Etats de la Cedeao dont le Mali se doit d’être un membre actif et non plus timoré voire peureux.

Mamadou FOFANA

 

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