Le dimanche 20 Mars 2016, les peuples de trois pays africains avaient encore rendez-vous avec l’histoire. Ils étaient aux urnes pour élire leurs présidents de la République. Il s’agit du Benin, du Niger et du Congo Brazza. Si dans les deux premiers pays cités il s’agissait d’un second tour, au Congo c’était le premier et certainement un « Takokelen » au regard de toutes les tractations et tripatouillages dont le camp Sassou a toujours su faire pour se maintenir au pouvoir 30 ans après son coup d’Etat. Dans cette Afrique instable, le Benin semble aujourd’hui être le model de maturité et d’avancées démocratiques sur le continent. Son école de démocratie pourra-t-elle inspirer d’autres pays africains ? Le face à face entre les deux premiers candidats arrivés en tête au premier tour de l’élection présidentielle devrait désormais s’ériger en lois dans nos constitutions.
Le Bénin, l’ancien Dahomey, le pays de la première conférence nationale post-Baule qu’il réussit brillamment et qui a jeté les bases du Benin démocratique, se distingue encore aujourd’hui par sa vitalité et la maturité politique de son peuple. Le soldat de la démocratie que fut le caméléon Mathieu Kérékou, a permis au Bénin de se hisser au rang de chantre de la bonne pratique démocratique. De l’avènement de sa démocratie à aujourd’hui, trois présidents se sont succédés à commencer par Dieudonné Nicéphore Soglo qui a battu Mathieu Kérékou, avant de voir le caméléon de la politique béninoise revenir avec force cinq ans après contre M. Soglo. Après un mandat démocratique bien rempli, Kérékou se retire, ce qui permet au banquier Yayi Boni de se faire élire aux élections présidentielles de 2006. Cet ancien de la BOAD rempila en 2011. C’est aujourd’hui en sa qualité d’arbitre, au terme de son deuxième et dernier mandat, comme le veut la constitution béninoise, que le Dr Yayi Boni jeta son dévolu sur M. Lionel Zinsou, son dernier Premier ministre et fils de l’ancien président du Bénin. Mais Lionel, au parcours académique et professionnel irréprochable ne demeure pas moins un grand néophyte en politique et surtout semble être désavantagé par rapport à sa méconnaissance du Bénin et de son peuple dont il est resté trop longtemps absent et peu connu du citoyen lambda béninois. Et c’est probablement les actions sociales menées hors campagne par la fondation de sa fille plus béninoise que lui qui lui auront certainement valu ce score inattendu de 28%, honorable pour un binational comme lui. Son face-à-face télévisé contre l’homme d’affaires et fils du terroir, M. Patrice Talon ressemble à bien des égards, à celui qui avait opposé au Mali un certain Alpha Oumar Konaré à un Tiéoulé Mamadou Konaté. Et ce n’était pas surprenant que M. Talon, avec 24 %, sortit les mêmes reproches que Alpha fit à son challenger dont l’absence au Mali lui avait valu d’être taxé de vacancier. La partie si elle ne s’annonce pas perdue sera, à n’en pas douter très difficile pour le Premier ministre Zinsou qui avait à faire face à une forte coalition autour de M. Talon qui a vu non seulement le ralliement du 3e avec 23 %, mais aussi et surtout se trouve ragaillardi par le soutien à sa cause de plus d’une trentaine de partis politiques.
L’exercice du face à face télévisé, qui semble avoir scellé la victoire du gagnant doit être exigé dans tous les pays pour que les peuples ne choisissent plus sur la base de la bonne littérature couchée sur papier, faisant office de programme ou de projet de société. Pour rappel au Mali, en 2002 avec ATT et en 2013 avec IBK, tous ces deux candidats avaient refusé d’affronter le téméraire Soumaila Cissé pour un face à face sur l’ORTM. Le Bénin vient de prouver encore une fois sa maturité politique et chapeau au président sortant si les résultats confirmaient la bonne organisation du scrutin.
Youssouf Sissoko
vilaine put
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