Face à face à la présidentielle : Que les Ivoiriens se détrompent !

0

 

Ce n’est pas un pur hasard si le Mali est cité en exemple à travers le monde pour sa démocratie. Acquise dans la douleur après de longues périodes de clandestinité, puis au grand soulèvement avec le vent de la perestroïka soufflé en Europe, la démocratie malienne a dès son instauration pris en compte plusieurs contours pour sa réussite. Parmi lesquels, le débat contradictoire à la présidentielle.

            La roue de l’histoire tourne et rien ne peut l’arrêter. En mars 1991, Moussa Traoré est tombé avec lui son régime. Il y a eu la mise en place du Conseil de Réconciliation Nationale (CRN). Puis le Conseil de Transition pour le Salut du Peuple avec la nomination de Zoumana Sacko comme Premier ministre afin de composer un gouvernement avec les acteurs civils et militaires. Alors, en avril 1992 a eu lieu la présidentielle au Mali. Dès le 1er tour, il a eu le débat. Pour rappel, feu Mamadou Maribatrou Diaby avait classé Me Mountaga Tall alors espoir de toute la jeunesse malienne. Il lui avait dit ceci : «Ton père a fuit, ton grand père également et toi-même. Si nous te donnons notre pouvoir, ne vas tu pas fuir ?».

            Au second tour, comme en Côte d’Ivoire, il y avait un historien Alpha Oumar Konaré contre un économiste Tiéoulé Mamadou Konaté. Le 1er a enduré avec le peuple toutes ses souffrances alors que le second s’en était allé «au paradis terrestre». Lors du débat, Alpha ne l’a d’ailleurs pas raté en disant : «Après des forfaits dans diverses sociétés et entreprises d’Etat, vous vous êtes en allé. Alors, nous n’allons pas confier notre pouvoir à un vacancier». Sous des applaudissements nourris. C’était le dernier débat contradictoire du Mali car depuis les choses ont évolué autrement. D’abord, avec la mise en écart de l’opposition en 1997, puis l’absence d’un interlocuteur à Soumaïla Cissé en 2002. Le mieux que puisse dire les Ivoiriens, c’est qu’ils ont assisté à un débat « civilisé » où les deux candidats se respectaient, surtout parce que Alassane Dramane Ouattara l’a voulu, imposant le respect à un Gbagbo va-t-en guerre, de qui est venu d’ailleurs les mots d’un orgueil mal placé.

 

            Si, aujourd’hui, les Ivoiriens et même des journalistes de RFI se permettent d’affirmer que ce débat contradictoire en Côte d’Ivoire est une première en Afrique, c’est une manière de tronquer l’histoire. Il faut d’ailleurs se rappeler que le RDA est né au bord du Djoliba dans la capitale malienne, tout un symbole.                 

 

B. DABO

Commentaires via Facebook :