«On doit des égards aux vivants; on ne doit aux morts que la vérité», disait Voltaire. Michel Rocard, l’ancien Premier ministre socialiste (mai 1988 – mai 1991) sous la présidence de François Mitterrand, est décédé à Paris le 2 juillet 2016, dans sa quatre vingt cinquième année. Selon le communiqué de l’Elysée, Michel Rocard était un rêveur réaliste, un réformiste radical, animé par le mouvement des idées, le sort de la planète et de la destinée humaine.
Visionnaire, humaniste, homme de convictions, cultivé, et simple, il était animé par une ineffable passion et une abyssale ambition pour le développement de l’Afrique. J’ai eu l’insigne honneur et le redoutable privilège de côtoyer Michel Rocard en ma qualité d’administrateur suppléant (2004 -2008) d’Afrique Initiatives S.A. (AI), la société de capital-risque créée en 1999 et présidée par Michel Rocard avec comme actionnaires les principales entreprises multinationales françaises (Total, Michelin, Bolloré, Areva, Veolia, CFAO, EDF, AGF, Danone, Vivendi, Accor…).
L’objectif principal d’AI était de financer les projets d’entreprises rentables mais non bancables dans les pays africains. La finalité consistant à cibler les petites et moyennes entreprises (PME), petites et moyennes industries (PMI) et très petites entreprises (TPE)». Selon Michel Rocard, «le partenariat avec les structures locales constitue l’un des éléments-clés de notre approche et notre expérience dans le capital-risque nous a confirmé que l’économie africaine se développera d’abord par ses PME, PMI et TPE».
L’une des premières actions d’AI a consisté à créer un portail sur l’Afrique, Africa 21 (21 pour 21ème siècle) afin de répertorier une sélection des ressources informatives, pratiques, et culturelles, en vue de valoriser les initiatives économiques locales. Michel Rocard était un fervent partisan du “parler-vrai” et de la social-démocratie, une doctrine qui concilie le dynamisme du secteur privé avec une répartition équitable des richesses. Il pensait que les communications (transports ferroviaires, routes et technologies de l’information) constituaient un enjeu énorme, quasi-civilisationnel pour les États Africains.
Un proverbe mandingue disait que la vie est un ballet qui ne se danse qu’une fois. Dors en paix cher Michel, ton héritage sera lourd à porter car tu avais misé sur l’Afrique et les Africains à une époque où beaucoup d’incertitudes subsistaient sur l’avenir et le devenir du continent africain. Maintenant, aux Africains de prendre leur destin en main et de saisir les opportunités idoines dans le sillage que tu as tracé avec ton œuvre pionnière pour l’avènement d’une Afrique en paix, unie et prospère.
Modibo Mao MAKALOU
Économiste
Administrateur suppléant d’Afrique Initiatives S.A. (2004-2008).