Exclusif : Comment la holding bancaire nigériane FBN passe ses filiales à la guillotine

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Dans des éditions précédentes, Les Afriques avait démêlé l’écheveau de cette vaste opération commando aux allures anticonformistes menée en trombe depuis le siège à Lagos par le haut establishment de la holding bancaire. A FBN, tout va à l’eau et les directeurs généraux des filiales, ressortissants de la zone Uemoa et de France, jettent l’éponge, la coupe pleine. Dessous d’une “guillotine” révulsive qui intrigue et agace le milieu bancaire.

 

Odeur nauséabonde. La sulfureuse opération d’acquisition par le groupe nigérian FBN des filiales de la mégabanque malaisienne ICB (International Continental Bank) n’a pas été au finish une bonne affaire pour les directeurs généraux francophones à la tête des filiales de la holding nigériane. Un flot de tumultes se cache derrière l’arrivée en force des Nigérians sur le marché subsaharien. Après le départ du Béninois Philippe Kpennou, ex-DG de la filiale sénégalaise, avant la grande tempête et le retard du rebranding, largement révélé par Les Afriques, les déboires s’accumulent. Nous l’annoncions début août 2015, le fringant Lebourgeois Frédéric qui drivait la filiale parisienne avait été suspendu par les hautes autorités du groupe bancaire nigérian. Une sorte d’humiliation que ce pur banquier réputé pour son flegme de baroudeur sur les places financières européennes n’a pu supporter. L’affaire est désormais pliée. Selon des informations exclusives en notre possession, Frédéric Lebourgeois n’a pas attendu de subir le temps du supplice. Il a jeté l’éponge. Une source autorisée a commenté aux Afriques qu’un procès contre les Nigérians “chevillards” est dans le pipe. Une affaire rarissime de détournement et de malversations financières qui portent sur plus de 30 millions d’euros devra faire l’objet d’audition dans les jours qui viennent. Une exclusivité des Afriques, nous y reviendrons.

 

Des documents mis à notre disposition attestent de l’ampleur de ce scandale Yoruba sous la Manche. Les dégâts collatéraux prennent de l’ampleur. Le Sénégalais Cheikh Ahmed Ndiaye, DG de FBN RDC, a aussi quitté le navire depuis le 27 août dernier. Cette filiale que dirigeait le Sénégalais s’appelait BIC (Banque Internationale du Crédit du Congo) et était la propriété de l’homme d’affaires israélien, Benny. Elle a été rachetée en 2010 par la holding nigériane, FBN, qui détient 75% du capital, le reste des 25% est gardé par Benny.

 

L’arrivée du banquier Ndiaye Cheikh Ahmed, un ancien de BOA, intervient juste dans un contexte de flottement, après le départ des cadres belges qui dirigeaient la banque en catimini. Au lieu d’être récompensé et réconforté, les Nigérians le font passer à la guillotine. Pourtant, selon des sources crédibles, le banquier s’est évertué à crédibiliser, restructurer et renforcer la banque. Le haut establishment a choisi la deuxième option en lui infligeant leur anticonformisme ambiant de mauvais aloi. « Quand il débarquait à Kinshasa et prenait l’institution en mains, il savait le défi qui l’attendait. Il a réussi à rétablir l’équilibre des fondamentaux de la banque », commente une source. Lagos n’en a cure de ses prouesses. En quelque sorte, c’est la loi du pagne Yoruba qui attache les francophones…

 

PAR ISMAEL AIDARA, RÉDACTEUR EN CHEF

Les Afriques

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