Evénement : Burkina Faso Les crimes de Compaoré ne peuvent rester impunis

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En direct: le président Compaoré dissout le gouvernement burkinabè
Blaise Compaoré, photographié le 26 juillet 2014 au palais présidentiel burkinabè.
AFP PHOTO/ SIA KAMBOU

C’est avec un grand intérêt que les peuples d’Afrique et d’ailleurs suivent de près les évènements dans le pays des hommes intègres.  Ainsi, depuis la chute de Blaise Compaoré, les spéculations vont bon train sur les crimes odieux commis et perpétrés par son régime et cela pendant vint sept (27) longues années de dictatures sanglante et sanguinaire. Tout  compte fait, Blaise a les mains souillées de boue de sang et de honte parce qu’ayant meurtri son peuple dans sa chair et dans sa conscience.

Les gens au Faso comme partout ailleurs en Afrique et dans le reste du monde affichent un optimisme mesuré dans ce qu’il convient d’appeler la problématique de la gestion de l’après Compaoré. En tout cas, la manière dont Blaise Compaoré a été extirpé du territoire par un avion spécial affrété par l’armée de François Hollande, laisse entrevoir la responsabilité directe ou indirecte de la France dans la gestion sanguinaire du régime totalitariste de Monsieur Afrique-France en la personne de Compaoré.

Hier comme aujourd’hui, la France aurait trempé et tremperait toujours ses mains dans le sang des africains. C’est bien cette vérité que le camarade Thomas Sankara a crachée à la face du Président français François Mitterrand lors de la tournée africaine de celui-ci en juillet 1987. Sankara a dit en substance à Ouagadougou à Mitterrand que la France a taché sa main du sang des africains en recevant sur son sol le sanguinaire chef de guerre de Wambo en la personne du docteur Jonas Maleiro Savimbi. Mitterand, Sankara et Savimbi ne sont plus de ce monde. Les peuples d’Afrique continuent à pleurer la mort de Sankara. Que l’âme de celui-ci repose en paix. C’est bien ce sens de soutenir les sanguinaires africains contre leurs peuples qui a conduit François Hollande à extirper Blaise du Burkina Faso sur les nombreuses victimes du peuple par sa volonté de se maintenir au trône quelque soit le prix à payer. Cet acte criminel s’ajoute à la liste de nombreux fils du Faso tués par Compaoré avec la complicité de la France via Houphouët Boigny, un autre ennemi des peuples d’Afrique. Nul doute aussi que les commandos parachutistes commandés par Gilbert Djendéré ont joué un rôle clé dans les crimes commis par le capitaine Blaise Compaoré.

Face à ce tableau assez sombre, il est tout à fait légitime pour de nombreux observateurs de la scène politique du Burkina  de rester sceptique quant à un règlement judicieux et honorable de la question de l’assassinat de Sankara et compagnons. Comme pour dire qu’il n’est pas juste de s’enfermer dans un optimisme béat à la suite des déclarations de bonnes intentions du Premier ministre Isaac Zida.

Pour rappel, celui-ci a demandé, au lendemain de sa nomination, de ne pas tomber dans les aprioris. Tant que l’on reste dans la théorie, cette déclaration de Zida est acceptable car le meilleur jugement se fait en observant les hommes à la tache. Comme pour dire que la pratique est et reste le seul critère de la vérité. Cette vérité de Zida ne saurait annuler cette autre selon laquelle il est plus judicieux de se fonder sur le passé pour envisager l’avenir : le même homme qui a fidèlement servi le régime sanguinaire de Blaise peut-il faire oublier ce rôle par des déclarations bien arrangées ? Il faut simplement dire à ce niveau  que le temps est galant comme le disait le philosophe allemand Friedrich Nietzche.

D’autre part, en déclarant mercredi le 27 novembre 2014 à la face du monde que le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara sera de nouveau ouvert, Ida ne cherche-t-il pas à calmer les ardeurs du peuple laborieux du Burkina Faso ? En tout cas l’histoire abonde déjà d’exemples en la matière. Par exemple deux questions fallacieuses avaient  conduit à la parodie de procès de Moussa Traoré à savoir :

– Qui a tiré ?

– Qui a donné l’ordre de tirer ?

Visiblement le but inavouable de ces deux interrogations était de camoufler la vérité sur le massacre de plus de 220 citoyens du Mali lors des évènements de mars 1991. Aussi, faut-il le rappeler, Moussa Traoré a été condamné à mort pour vivre une retraite dorée. Il y a eu en son temps beaucoup de tapages, mais le peuple travailleur du Mali est resté sur sa faim. Zida a dit au peuple libre du Burkina Faso que les crimes de Compaoré ne resteront pas impunis. Est-ce pour que le peuple applaudisse ? Là aussi, le temps se chargera de clarifier le rapport entre les promesses et les actes.

Pour l’instant, le peuple travailleur du Faso doit faire sienne la célèbre pensée de Vladimir Illich Oulianov dit Lénine selon laquelle il faut apprendre à lire derrière les déclarations qui est qui, qui a dit quoi, et qui fait quoi. Il disait : «les hommes ont toujours été et toujours seront les victimes stupides de supercheries et d’illusions politiques tant qu’ils n’auront pas appris à découvrir derrière les déclarations et promesses morales, religieuses, politiques les intérêts de telle ou telle classe». Comme pour dire qu’il importe de voir le Premier ministre Isaac Zida à l’œuvre et de le juger à la tâche. La seule certitude aujourd’hui, c’est que Sankara est mort sans que le peuple laborieux du Burkina Faso n’en sache les mobiles véritables. En tout cas, Blaise doit se rendre à l’évidence que les crimes qu’il a commis ne resteront  pas impunis. Parce que sa page est tournée, mais aussi parce que la France qui a toujours soutenu le président sanguinaire aux dépens des peuples d’Afrique a compris que le peuple du Faso a décidé d’agir contre la volonté des gouvernants français.

Aussi et enfin, lorsque le Président de transition en la personne de Michel Kafando a déclaré que le dossier Sankara n’est pas urgent, l’on comprend que les responsables de la transition n’ont pas fini de parler. Comme pour dire qu’il n’est pas temps pour le peuple du Burkina de laisser la garde au risque de voir sa révolution récupérée par la classe politique du président déchu. Une façon d’avertir qu’une parodie de justice (si le dossier Thomas Sankara est rouvert) guette le Faso parce que les complices de la gestion calamiteuse de Blaise ne peuvent œuvrer réellement pour la manifestation de la vérité et pour leur faire payer leurs forfaitures  durant les 27 ans de dictatures rampantes de Compaoré, l’assassin de Thomas Sankara. En tout cas Lincoln disait : «On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais pas tout le peuple tout le temps». Les gouvernants français doivent comprendre que les peuples africains les ont compris.

En attendant l’extradition du sanguinaire ami des régimes français, il n’est pas judicieux pour le peuple travailleur du Faso de s’enfermer dans un optimisme béat. Que Dieu aide le peuple Burkinabè !

Fodé KEITA

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