L’Ethiopie a longtemps été associée à des images négatives : conflits sanglants, dictature, famines extrême pauvreté et réfugiés.es. Mais depuis quelques décennies, ce tableau sombre a laissé place à des projets développementalistes forcés au début de l’an 2000 sous un gouvernement autoritaire, issu d’une rébellion et soutenu par les pays occidentaux. Il a choisi le modèle chinois de l’Etat développementaliste, il est aussi l’un des principaux pays africains endettés auprès du géant asiatique. L’Ethiopie a été l’un des pays du continent africain à avoir un taux de croissance à deux chiffres (1). Son image a changé tout comme la mutation de son système politique. Des grandes œuvres comme le barrage hydroélectrique (2).
Pour la première fois dans l’histoire politique un Premier ministre démissionne en février 2018. Il est remplacé par un jeune homme politique, inconnu du grand public. Mais il n’est pas issu de la société civile, ni de l’opposition. C’est un dirigeant d’un parti de la coalition au pouvoir depuis 1991. Par ses premiers gestes symboliques, il acquiert dans un premier temps une certaine admiration dans le pays, mais aussi dans la région. Comment va-t-il passer sa politique dans une coalition dominée par une minorité ? Comment gagner les élections législatives pour asseoir son pouvoir ? Qu’est-ce organiser et gagner des élections en Ethiopie ont un autre sens dans le jeu politique? Son arrivée au pouvoir soulève autant des questions importantes tant pour les citoyens.es de ce pays comme celles et ceux de la Corne de l’Afrique, mais aussi pour les pays, ayant des intérêts économiques et stratégiques comme la Chine, les Etats-Unis et les pays arabes. A sa prise du pouvoir, on assiste la gestation d’une nouvelle gouvernance. Une telle gouvernance résonne avec l’organisation d’élections libres et transparentes et le respect des droits humains, qui reflèteraient l’action gouvernementale.
Vers une nouvelle gouvernance ?
Chercheurs.es et observateurs.es de la vie politique éthiopienne s’accordent à dire dans un premier temps qu’un nouveau vent souffle dans ce grand pays. Ce n’est qu’une impression. Elle est renforcée par le premier discours de ce jeune homme politique à la Chambre des représentants axé sur la paix, le respect des droits humains et la réconciliation avec l’Erythrée. Les gouvernements précédents ont réprimé toute opposition, les opposants.es avaient choisi l’exil. Beaucoup d’entre elles/eux vivent à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis.
Pour lui, la libération des prisonniers politiques dans le pays n’est qu’une étape. Il fallait s’adresser directement d’autres «prisonniers», parce que l’exil peut-être un statut qui rappelle la prison. Pour montrer sa politique d’ouverture et surtout le dialogue – ce qui a manqué toujours dans la politique éthiopienne -, Abiy Ahmed décide de rencontrer la diaspora éthiopienne, constitués non seulement d’exilés.es politiques, mais aussi des entrepreneurs.es, des intellectuels, nationalistes ethniques, des étudiants.es, chercheurs.es et activistes des droits humains.
Pour comprendre l’enjeu électoral de mai 2020 (10), il faut revenir brièvement sur un type de gouvernance, qui a échoué et un autre qui a commencé en février 2018. Le premier est une gouvernance autoritaire d’affrontements des fronts de libération (contre le gouvernement central) ou des affrontements armés des peuples périphériques entre eux (c’est le cas des afars et somalis) ou contre la politique du gouvernement central (c’est le cas des nationalismes amhara et oromo) alors que le deuxième reposerait sur le consensus et l’ouverture, mais évacuer totalement les tensions intercommunautaires, anciennes ou nouvelles. L’élément commun de ces deux types de gouvernance, c’est la violence ; par le manque de dialogue et le recours à la force pour résoudre des problèmes sociopolitiques.
Comment l’élection peut-être un élément important pour apaiser les tensions politiques et d’instaurer et consolider une nouvelle gouvernance ?
Elections : alternance ou spectacle politique
L’histoire électorale n’est récente en Ethiopie. Les premières élections ont eu lieu au milieu des années 1950, époque de l’empire.
L’organisation des élections depuis plus de 70 ans dans ce pays ne signifie pas qu’elles sont importantes pour la régulation du jeu politique. Ce sont des élections comme les autres dans le continent où le vainqueur est connu d’avance. Mais avait-on une idée positive sur le sens des élections, prévues au départ en mai 2020, mais reportées à plusieurs pour cause de pandémie de Covid-19 et pour permettre à la commission électorale nationale de mieux préparer. Elles ont été l’une des causes de l’opposition entre les élus du Tigré à la Chambre des Représentants, qui se sont opposés à la prolongation du mandat du Premier ministre et le reste des représentants. Finalement elles eu lieu le 21 juin 2021, soit après la fameuse victoire de l’armée fédérale au Tigré.
C’était l’onction populaire qui faisait défaut au Premier ministre pour mener les réformes politiques et économiques en cours. Malgré ce long temps de préparation, le vote n’a pas eu lieu dans environ un cinquième des 547 circonscriptions du pays, en raison des problèmes logistiques et des violences à caractère ethniques. Le vote aura lieu reste des circonscriptions le 6 septembre dans un peu plus de 60 circonscriptions. Mais au Tigré, avec 6 millions d’habitants, aucune date de vote n’a été annoncée. Comment les habitants.es de cette région se sentent-elles/ils citoyens.es de l’Ethiopie ?
Résultat sans surprise, le modèle traditionnel éthiopien a fonctionné ; le nouveau parti le Parti du Progrès (PP), récemment créé, a remporté une majorité écrasante. Selon le Commission Electorale, le PP a obtenu 410 sièges sur les 436 sièges pour lesquels le vote a eu lieu. 547 composent la Chambre des représentants des peuples, élus pour un mandat de 5 ans. Les partis de l’opposition remportent 12 sièges dont un candidat indépendant. La commission électorale a décidé d’un nouveau vote pour 10 circonscriptions et à un recomptage pour 3 d’entre elles. Le parlement éthiopien est bicaméral, l’autre chambre est la Chambre de la Fédération dont les membres sont indirectement élus.es par les parlements régionaux. Et c’est pour cette raison que les élections régionales ont lieu le même jour que les élections législatives générales. Le candidat Abiy Ahmed affirmait que «ces élections seront (…) historiques». Mais quel sens donne-t-il à l’adjectif historique ?
Quelles conclusions peut-on tirer de ces élections ? Elles sont mal organisées ; elles ont eu lieu dans un contexte sociopolitique d’affrontements intercommunautaires. La préoccupation de la majorité des citoyens.es était la sécurité physique et matérielle.
Vu le contexte sociopolitique, ces élections paraissaient plus à un spectacle qu’un enjeu sérieux pour une gouvernance différente. L’organisation et le contexte dans lesquels elles ont été organisées enlèvent une signification différente de la compétition électorale dans ce pays.
Notes
Selon les institutions financières et économiques internationales, l’Ethiopie a connu une croissance économique soutenue, de 2008 à 2018 de 10%. Son PIB a progressé. Mais l’année 2018, la croissance a été de 7%. Cependant l’embellie économique de la dernière décennie n’a pas permis la stabilité sociale dans le pays. Au contraire, la situation sociale s’est beaucoup dégradée. Le gouvernement de Meles Zenawi avait adopté le modèle chinois de développement: investissements par les grandes infrastructures et l’autoritarisme politique. Ce sont des investissements qui n’ont pas créé des emplois pour des milliers des jeunes qui arrivaient sur le marché du travail.
Le barrage entrepris en 2011 n’était pas le premier en Ethiopie. Déjà en 1960, il y avait le barrage Ko. En avril 2011, EEPCo a commencé la construction du projet Grand Renaissance Dam(GRD), connu aussi comme le Grand Millennium Dam, financé principalement par le gouvernement éthiopien par l’émission d’obligation par la National Bank of Ethiopia. Le projet est situé sur le cours inférieur de la rivière Abay (Nil bleu) à environ 30 kmde la frontière soudanaise.
Les régimes, communiste de 1974 et post communiste de 1991, ont arrêté, torturé, emprisonné et tué les intellectuels, journalistes, opposants politiques et syndicalistes. Ces deux régimes ont gouverné par la violence extrême contre la population.
L’Erythrée a été une question difficile à gérer par le pouvoir central éthiopien depuis les années 1950. De l’annexion à l’empire en 1952 (14ème province) à la guerre de libération, elle accède à l’indépendance en 1993 par voie référendaire sous contrôle des Nations Unies. Mais cinq années après son indépendance, une guerre éclate entre les deux régimes autoritaires sur la délimitation de leurs frontières, et surtout sur l’accès à la mer pour l’Ethiopie.
Ella est la première femme à occuper ce poste depuis l’adoption de la constitution de 1994. Le Chef de l’Etat est élu par le Parlement, c’est un poste symbolique dans un régime parlementaire. Le pouvoir exécutif est détenu par le Premier ministre. L’actuelle Présidente, Sahle-Work Zewde est une diplomate de carrière.
Mohamed Badhon
Ça une fois de plus ce sont les trolloccidentaux qui ont mis le souk!
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