Pourquoi les Etats-Unis ont fait du Niger leur tête de pont en Afrique

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Un avion de l’US Air Force atterrit à Diffa, au Niger, lors d’un exercice militaire conjoint, en mars 2014. CRÉDITS : JOE PENNEY/REUTERS

Le pays, au carrefour des menaces djihadistes, abrite 800 des 6 000 soldats américains déployés sur le continent, ainsi qu’une base de drones.

Avec 800 soldats américains et une importante base de drones déployés sur son territoire, le Niger constitue la tête de pont des forces des Etats-Unis pour lutter contre les groupes armés islamistes en Afrique de l’Ouest. L’embuscade qui a coûté la vie à quatre soldats américains, début octobre, a révélé l’ampleur de cette présence militaire et provoqué une polémique aux Etats-Unis, conduisant l’armée à dévoiler des chiffres et à justifier son engagement.

Au total, 6 000 soldats américains sont déployés sur le continent africain – mais une large partie d’entre eux gardent les ambassades. Ce sont surtout les forces spéciales qui sont actives contre les groupes djihadistes. Les effectifs de ces troupes d’élite (qui proviennent de divers corps de l’armée américaine) sont montés à 1 300 hommes en 2017, contre 450 en 2012.

Proche de Boko Haram et d’AQMI

Le chef d’état-major des armées américaines, le général Joe Dunford, a révélé que le Niger abrite actuellement la plus importante force américaine en Afrique. Le choix de ce pays se justifie d’abord sur le plan géostratégique. « Le Niger est proche de deux grandes menaces, Boko Haram et Al-Qaida au Maghreb islamique [AQMI] », explique une source sécuritaire de la région. Les djihadistes nigérians de Boko Haram et Aqmi, dont les cellules opèrent sur toute la zone sahélienne, sont en effet les deux groupes les plus actifs en Afrique de l’Ouest.

De plus, « Washington a des accords politiques avec Niamey », souligne cette source. Le Niger a permis la construction d’une importante base américaine de drones à Agadez, dans le centre du pays, dont le coût est estimé à une centaine de millions de dollars et qui donne aux Etats-Unis une plate-forme de surveillance de premier plan. Les Américains ont de leur côté « formé et équipé » un bataillon de l’armée nigérienne et « ils font beaucoup de missions conjointes », selon la source sécuritaire.

Autre atout : le Niger est perçu comme un pays relativement stable politiquement, comparé à ses voisins. Frontalier de la Libye au nord, du Nigeria au sud et du Mali à l’ouest, le Niger, dont le territoire est pour l’essentiel désertique, est en outre au cœur de nombreux trafics en Afrique de l’Ouest : drogues, armes, migrants clandestins, marchandises de toutes sortes. Or « les réseaux terroristes se financent avec les trafics », relève une source militaire française. Lutter contre ces trafics permet d’assécher les sources de financement des groupes djihadistes.

Davantage d’actions militaires

Le général Dunford a indiqué, lundi 23 octobre, que les Etats-Unis allaient encore renforcer leur présence, car « l’Afrique est l’un des endroits où nous savons que le groupe Etat islamique[EI] espère renforcer sa présence ». Selon l’armée américaine, l’embuscade où les quatre soldats américains sont morts a été perpétrée par un groupe lié à l’EI.

Le déploiement américain au Niger apparaît complémentaire de celui des forces françaises projetées au Sahel pour l’opération anti-djihadistes « Barkhane ». Quelque 4 000 militaires français sont déployés dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, principalement au Tchad et au Mali. L’armée américaine apporte notamment une aide en matière de renseignement à l’armée française.

Les Américains semblent s’engager vers davantage d’actions militaires, selon les propos du général Dunford et ceux tenus par le sénateur républicain Lindsey Graham vendredi. « Nous allons assister à davantage d’actions en Afrique », avait déclaré ce dernier à la presse à la sortie d’un entretien avec le secrétaire américain à la défense, James Mattis.

Le Monde.fr avec AFP Le 25.10.2017 à 16h00

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