Etats-Unis : nouveau débat républicain, d’une violence verbale sans précédent

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La mémoire du juge conservateur Antonin Scalia, dont la mort brutale avait été annoncée quelques heures auparavant, a procuré un très rare instant de consensus lors du débat républicain organisé à Greenville en Caroline du Sud, samedi 13 février. Les six candidats restants à la nomination républicaine pour la présidentielle du 8 novembre débattaient pour la neuvième reprise à la veille de la primaire organisée dans cet Etat sudiste, le 20 février.

Tous ont rendu hommage au disparu avant de s’opposer majoritairement à ce que le président démocrate Barack Obama nomme un remplaçant avant son départ de la Maison Blanche. Ils ont avancé l’argument selon lequel les juges conservateurs perdraient alors leur actuelle majorité au sein de la Cour, même si cette nomination doit de toute façon être validé par le Sénat contrôlé par le Parti républicain.

De violents échanges

La modération a cependant vite disparu. L’examen devenu traditionnel des principaux sujets de la campagne, les menaces extérieures, le casse-tête de l’immigration, et les réformes économiques, a en effet été le prétexte aux plus violents échanges enregistrés depuis le début de la campagne, il y a huit mois.

Au cours des débats précédents, l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush et l’actuel favori républicain, le magnat de l’immobilier Donald Trump, avaient déjà pris l’habitude de s’affronter. Jamais cependant autant que samedi 13 février, ni aussi vite. M. Trump, qui avait manifestement décidé d’être impitoyable s’en est pris également cette fois-ci à l’ancien président George W. Bush, qui a prévu de soutenir son frère lundi au cours d’une réunion publique dans un Etat où il est resté très populaire.

Lorsque M. Bush a jugé que l’analyse de la crise syrienne de M. Trump en faveur d’une coordination avec la Russie venait « d’un homme dont la politique étrangère est inspirée d’émissions de télévision », M. Trump a répliqué en assurant que le frère de M. Bush et ses conseillers avaient « menti », lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003. « Il n’y avait pas d’armes de destruction massive et ils le savaient », a-t-il assuré. « Pendant que Donald Trump faisait des émissions de téléréalité, mon frère construisait un appareil sécuritaire pour nous protéger », a rétorqué l’ancien gouverneur. « Le World Trade Center s’est effondré sous la présidence de votre frère. Souvenez-vous en. Ce n’est pas ce que j’appellerais nous protéger », a riposté M. Trump.

« C’est un menteur ! » « Un sale type ! »

Le ton était donné. Chaque fois que M. Trump a pris la parole, il s’est évertué à attaquer M. Bush qui a répliqué avec une vigueur inhabituelle. Mais le magnat de l’immobilier ne s’est pas limité à l’ancien gouverneur, il a traité avec un mépris encore plus prononcé le sénateur du Texas Ted Cruz, placé à sa droite, et qui est sans doute son concurrent le plus sérieux auprès de la base en révolte du Parti républicain. « C’est un menteur », « Un sale type » : M. Trump a à nouveau multiplié les insultes.

Par effet de contagion, un autre sénateur, Marco Rubio, élu de Floride a également eu un échange violent avec M. Cruz sur la question de l’immigration. Il s’agit d’un sujet sensible pour lui puisqu’il avait soutenu avec les démocrates du Sénat une réforme permettant d’amnistier dans les faits les sans-papiers, avant de se raviser. Le sénateur du Texas a rappelé cet épisode, comme il le fait régulièrement. « C’est un menteur ! Il ment sur plein de choses », a répliqué M. Rubio. Lorsque M. Cruz a assuré que son collègue du Sénat avait bien défendu cette réforme sur les ondes de la chaîne d’information hispanophone Univision, M. Rubio l’a accusé de n’en rien savoir faute de maîtriser la langue de Cervantès. « Ahora mismo, dicelo ahora en español si quieres » (« Réponds moi en espagnol si tu veux »), a aussitôt répliqué M. Cruz.

« Nous sommes en train de faire tout ce qu’il faut pour perdre cette élection face à Hillary Clinton », la favorite démocrate, a constaté à un moment du débat, effaré par la violence des échanges, le gouverneur de l’Ohio John Kasich, avant d’inviter ses adversaires à s’abstenir de telles attaques. Imperturbable, la direction républicaine a publié après le débat un communiqué pour se féliciter « d’un échange d’idées plein d’entrain ».

Le Monde.fr | | Par Gilles Paris (Washington, correspondant)

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1 commentaire

  1. C’est pas d’un très haut niveau…pas rassurant de voir un si important pays et de si faibles candidats…

    Ces candidats là n’aiment pas beaucoup l’Afrique et les Africains …

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