Après avoir délaissé le continent africain depuis cinq ans, Barack Obama tente de rattraper son retard.
Jamais dans l’Histoire des Etats-Unis, un président n’avait reçu autant de chefs d’Etat et de gouvernement africains. Lundi, 4 août, Barack Obama a donné le coup d’envoi d’un sommet “Afrique” à Washington où il est question surtout de relations économiques et de sécurité.
Si la Maison Blanche s’en défend, l’ampleur de l’événement sonne comme une leçon de rattrapage pour une puissance qui a délaissé le continent africain et qui n’a pas vu venir son potentiel économique, se laissant devancer sur ce terrain par de nombreux pays et en premier lieu la Chine. Les Etats-Unis ne pointent désormais qu’à la troisième place au tableau des échanges commerciaux avec l’Afrique, loin derrière l’Union européenne, solidement en tête, et la Chine.
Le constat est d’autant plus surprenant, que l’élection de Barack Obama en 2008 avait fait souffler sur le continent africain un immense sentiment de fierté et avait fait naître beaucoup d’espoir. En 2009, à Accra au Ghana, lors d’un très bref voyage en Afrique, le premier président noir des Etats-Unis, dont le père est d’origine kényane, avait lancé :
Le sang de l’Afrique coule dans mes veines, l’histoire de ma famille comprend à la fois les tragédies et les triomphes de l’histoire plus large de l’Afrique”.
Avant d’ajouter : “Je peux vous promettre ceci : l’Amérique sera à vos côtés, à chaque étape, en tant que partenaire, en tant qu’amie”. Depuis, Barack Obama n’est revenu qu’en juin 2013, où il a enchaîné des étapes très symboliques, de l’île de Gorée au Sénégal jusqu’à l’île de Robben Island où Nelson Mandela a été incarcéré et lors des funérailles de ce dernier. Les clichés ont fait date, mais la politique américaine envers l’Afrique est restée bien modeste. Comment expliquer ce retard à l’allumage ? Ce sommet peut-il ouvrir une nouvelle ère ?
La longue absence d’Obama
Au CV de Barack Obama, nulle réalisation de grand projet pour l’Afrique, à l’inverse de ses prédécesseurs. Paradoxalement, George W. Bush, vilipendé pour ses engagements militaires en Irak et en Afghanistan, est cité en exemple par de nombreux observateurs. C’est lui qui a signé en 2000 les accords de libre-échange, Agoa [African Growth and Opportunity Act, NDLR] et a initié le programme sécuritaire PAN Sahel qui consiste en un programme de surveillance des mouvements islamistes. L’ancien président a aussi été à l’initiative du “Millenium Challenge Corporation”, un programme d’aide au développement dont l’Afrique profite beaucoup, notamment pour la lutte contre le sida. Bill Clinton avant lui, a été l’un des présidents américains qui s’est le plus rendu sur le continent africain, le rendant très populaire. Même après la fin de ses mandats, il est resté très proche des pays africains à travers des fondations et des associations.
Le discours d’Obama à Accra lui, n’a rien accouché de tel. En politique étrangère, Barack Obama s’est résolument tourné vers l’Asie pour contrer la puissance chinoise, délaissant un continent qui, dans l’opinion publique, intéresse moins que le Proche-Orient ou encore l’Amérique latine. La frilosité du président américain s’explique aussi par les offensives agressives de la droite américaine qui, au début de son premier mandat, attendait la première occasion pour lui reprocher des partis pris communautaires. Pour ne pas donner de grain à moudre à ses adversaires, Barack Obama s’est tenu à distance.
C’est aussi de manière distancié qu’il s’est comporté sur le terrain militaire, en Syrie, en Libye, comme au Mali. Soucieux de ne pas s’aventurer de nouveau sur des zones de guerre à risque, il a usé du “leading from behind”, qui consiste à sous-traiter aux pays voisins la responsabilité des risques. Une façon de faire qui a pu être perçue par les Africains comme une forme d’abandon ou au moins comme une forme de désintérêt.
Un retard économique difficile à rattraper
L’inaction de Barack Obama a profité à la Chine, qui a avancé ses pions à très grande vitesse, surtout en Afrique de l’Ouest, région plutôt pro-occidentale. C’est pourquoi le sommet de Washington a une forte connotation économique. Il s’agit pour Barack Obama de tacler son rival asiatique. Et la marge de progression est grande : “l’essentiel des exportations africaines aux Etats-Unis sont des exportations pétrolières. Les Américains sont déjà très présents dans le Golfe de Guinée, du Nigéria à l’Angola. La zone est facile d’accès, ils n’ont pas besoin de passer par le canal de Suez et c’est en face des Etats-Unis. Ils ont toujours dit qu’ils souhaitaient à terme passer l’ensemble de leurs importations pétrolières de 15% à 25%. Ils ont tout intérêt à renforcer cette zone stratégique à moyen et long terme”, expliquait il y a un an, Antoine Glaser, ancien directeur de “La lettre du continent”.
Cependant, l’intérêt américain est à relativiser en raison du développement de l’utilisation du gaz de schiste. Surtout, la Chine a pris tellement d’avance, qu’il est difficile pour l’Afrique de délaisser ses partenariats. Par ailleurs, l’Amérique ne peut pas lever des investissements aussi lourds que les Chinois le font dans les infrastructures.
Une nouvelle ère est-elle possible ?
Cependant, Barack Obama ne veut plus rester en marge. Ses discours se sont teintés peu à peu de thèmes économiques. Une semaine avant l’ouverture du sommet, il affirmait que le monde avait besoin d’une Afrique “forte, prospère et autonome”. “Nous avons besoin de saisir le potentiel extraordinaire de l’Afrique d’aujourd’hui, qui est le continent le plus jeune et qui connaît la croissance la plus forte.” Un revirement qu’il a amorcé lors de sa tournée africaine en 2013. En Tanzanie, il insistait alors : “Je vois l’Afrique comme la prochaine grande ‘success story’ mondiale et les Etats-Unis veulent être un partenaire de succès.”
Lundi, General Electric a annoncé qu’il allait investir 2 milliards de dollars (1,46 milliard d’euros) d’ici à 2018 sur le continent africain en formation professionnelle, construction d’infrastructures et initiatives de développement durable. Une déclaration opportune qui cache mal le maigre bilan de l’administration Obama.
Au programme de ce sommet, la Maison Blanche tente d’attirer l’attention sur deux initiatives : la prolongation de l’Agoa, et le “Power Africa”, initié par Barack Obama, qui vise à doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. Aucune autre grande annonce n’est attendu.
Dans le domaine sécuritaire, après leur échec dans la région – plus de 500 millions de dollars (plus de 370 millions d’euros) investis à perte ces dernières années pour lutter contre les islamistes – et davantage tournés vers les menaces venant d’Afghanistan, du Pakistan et du Yémen, les Etats-Unis recommence à réimprimer leur empreinte, mais discrètement. L’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi a laissé de lourdes traces, et Barack Obama a pris conscience de la nécessité de lutter contre le djihadisme et la piraterie dans le Golfe de Guinée et le Golfe d’Aden. Fin janvier, passant en revue l’ensemble des menaces potentielles pesant sur la sécurité des Etats-Unis, James Clapper, le directeur du renseignement (DNI), a fait un diagnostique inquiétant sur le Sahel. “La menace terroriste contre les intérêts occidentaux et gouvernementaux reste aiguë, surtout dans l’est de la Lybie”. Peu visibles, les Américains sont très présents à travers des instructeurs et des bases de drones
Pour mieux contrôler cette partie de l’Afrique, devenue comme la Somalie “un incubateur” pour les groupes extrémistes, les Etats-Unis ont prévu, selon le “Figaro” d’investir 700 millions de dollars dans la modernisation du siège du commandement unifié des forces américaines en Afrique(Africom). Ils ont en revanche affiché à plusieurs reprises la ligne rouge qu’ils ne dépasseront pas : aucun soldat américain au sol. Pas non plus de frappes aériennes, comme au Yémen, au Pakistan ou en Afghanistan.
Sarah Diffalah – Le Nouvel Observateur
………Nous devons arrêter d’attendre les autres pour faire lez choses en notre place. Nous sommes des adultes qui réfléchissent aussi bien que les occidentaux mais, seulement, nous manquons d’audace et de sérieux. Je suis content que OBAMA soit président des USA mais, je n’attends rien de lui pour l’AFRIQUE. AIDE TOI,DIEU T’AIDERA!
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